«Les hommes armés ont tiré à balles réelles sur une affiche. Il est clair que, s’ils en avaient l’occasion, ils ne manqueront pas de tirer sur la personne qui incarne cette effigie», a asséné Olivier Kamitatu
Le G7 craint pour la sécurité de son candidat Président de la République, Moïse Katumbi. Cette plate-forme de sept partis politiques transfuges de la Majorité présidentielle déplore ce qui s’est passé au siège de l’UNAFEC à Lubumbashi, chef-lieu de la province du Haut-Katanga. Pour le G7, mardi 19 avril dernier, trois jeeps des militaires armés se sont présentées devant le siège de l’UNAFEC et ont tenté d’arracher les portraits de Moïse Katumbi Chapwe, candidat choisi pour la prochaine élection présidentielle. Ces tentatives étant vouées à l’échec, ces hommes armés, selon le G7, sont revenus à la charge pendant la nuit et la journée du 20 avril 2016. Ils ont, après des affrontements avec la population civile, réussi à arracher ces affiches et à commettre les actes de vandalisme avant que le siège de l’UNAFEC ne soit mis sous scellé. «Dans l’histoire politique de l’humanité et celle de notre République, c’est la première fois qu’une effigie fasse trembler autant les tenants du pouvoir. Moïse Katumbi étant devenu la cible des attaques des hommes armés, le G7 met en garde tous ceux qui veulent attenter à son intégrité physique et ternir son image. Il tiendra le gouvernement de la République responsable de tout malheur qui arriverait à Moïse Katumbi Chapwe et demande à la MONUSCO de garantir sa sécurité», a indiqué Olivier Kamitatu au cours d’une conférence de presse animée conjointement avec Christophe Lutundula, vendredi 22 avril dernier au siège du G7. Puis de préciser que ces échauffourées se sont soldées par une vingtaine de blessés par balle et par plusieurs dizaines d’arrestations.
Le G7 monte au créneau. La situation sécuritaire au pays, le dialogue politique et la saisine de la Cour constitutionnelle par les députés de la Majorité présidentielle ont fait objet de la conférence de presse organisée par cette plate-forme. Concernant la sécurité, le G7 déplore la mise en sac du siège de l’Union nationale des fédéralistes du Congo -UNAFEC- à Lubumbashi et l’incendie de sa représentation à Kinshasa, les incidents meurtriers à Kolwezi entre les forces de l’ordre et la population civile ainsi que la recrudescence de l’insécurité dans la ville de Kinshasa. «Le G7 dénonce la riposte disproportionnée des forces de l’ordre au cours des incidents de Kolwezi au cours desquels huit compatriotes sont tombés sous les balles des forces de l’ordre à la gâchette au seul motif qu’ils scandaient des chansons hostiles au pouvoir», a regretté Olivier Kamitatu avant d’évoquer les incursions des FDLR et de l’armée rwandaise aux frontières de la RD-Congo et du Rwanda ainsi que l’instrumentalisation des conflits intercommunautaires. «Ceci rappelle les moments sombres et de triste mémoire que le peuple RD-congolais a récemment connu. C’est à croire que le décor d’une déstabilisation de l’Est est en train d’être planté pour ramener notre pays à la situation d’avant le Dialogue inter-congolais de Sun City et servir d’alibi au report sine die des élections tant attendues par notre peuple», a-t-il constaté.
Quant au dialogue politique, convoqué le 28 novembre 2015 par Joseph Kabila, cette plate-forme campe sur sa position: elle ne participera pas à ces assises et réitère son soutien à la Résolution 2277. Par contre, le G7 plaide pour une mise en place d’un panel de facilitation composé de représentants de l’Union africaine, des Nations unies, de l’Union européenne et de l’Organisation internationale de la Francophonie à raison d’un délégué par organisation internationale qui sera appuyé par les représentants spéciaux habituels de ces organisations.
Concernant la saisine de la Cour constitutionnelle par les députés de la Majorité présidentielle, le G7 rappelle que la Constitution a fixé des termes de référence clairs, précis et contraignants relatifs au mandat et à l’élection présidentielle. «Pour le G7, l’initiative des députés nationaux de la Majorité présidentielle vise deux objectifs dont éviter que la question soit débattue au cours du dialogue et obtenir de la Cour constitutionnelle la prorogation du mandat de Joseph Kabila et ouvrir à la CENI la voie de l’organisation de l’élection du nouveau Président de la République en dehors du délai constitutionnel», a révélé Olivier Kamitatu. Et de recommander: «si d’aventure, la Cour constitutionnelle décide malgré tout d’examiner la requête quant au fond, elle ne pourra pas se limiter à affirmer que le Président Kabila demeurera en fonction après le 19 décembre 2016 comme l’y invitent les députés de la Majorité. Elle devra en plus donner un contenu à ce nouveau mandat présidentiel non-issu des élections et de la légalité contestable».
De l’avis de G7, l’histoire sanctionne toujours, tôt au tard, ceux qui l’offensent et trahissent les peuples.
Barick BUEMA
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