Quand l’Eglise catholique évoque que le sang de RD-Congolais peut encore couler au cas où certaines attentes liées au processus électoral n’arrivaient pas comme voulu, et quand certains opposants faisant leurs soupçons pour la réalité menacent d’organiser une série de marches dans la rue sous prétexte de sauver la démocratie, les chefs des confessions religieuses réunis au sein de la Commission d’intégrité et médiation électorales -CIME- calment le jeu. Convaincus que le dialogue est la contrepartie paisible de tout règlement des différends ou des contradictions, dans une déclaration faite lundi 30 novembre dernier, ils se sont montrés très ouverts et favorables à l’appel du Chef de l’Etat Joseph Kabila pour la tenue d’un dialogue politique national inclusif qui va essentiellement tourné autour du processus électoral.
Pour eux, point n’est question de voir à nouveau le pays plonger dans des violences sanglantes au lendemain des élections comme ce fut le cas en 2006 et 2011. Le peuple RD-congolais garde encore jusqu’à ce jour les blessures de ces événements de triste mémoire qui ont endeuillé plusieurs familles. «Nous appelons ceux qui hésitent encore à bien vouloir rejoindre l’ensemble de la nation en vue d’échanger avec les autres leurs préoccupations dans le plus haut intérêt de la République. C’est à ce prix seulement qu’ils feront œuvre utile pour le bien de notre population longtemps meurtrie, paupérisée et qui a besoin d’être prise en charge pour son mieux être dans un pays potentiellement et scandaleusement riche», a déclaré le Révérend Delphin Elebe, président de la CIME.
«Je vous invite à œuvrer sans relâche à l’instauration d’une paix durable et juste par une pastorale du dialogue et de réconciliation entre divers secteurs de la société, soutenant le processus de désarmement et en promouvant une efficace collaboration avec les autres confessions religieuses …». Le pape François a adressé ce message aux évêques de la RD-Congo il y a de cela plus d’une année, soit le 12 septembre 2014 à l’occasion de leur visite ad Linina à Rome. Mais il est fort regrettable de constater que cet excellent appel du Pape à la modération et à la conciliation n’est presque pas observé par les prélats catholiques RD-congolais.
Dans une déclaration lue lundi 30 novembre dernier, toutes les confessions religieuses, regroupées au sein de la CIME, ont soutenu la convocation du dialogue par le Chef de l’Etat Joseph Kabila. Ces confessions religieuses ont encouragé la tenue de cette rencontre en vue de permettre aux RD-Congolais d’harmoniser leurs différends sur divers sujets. Réunis au sein de la Commission d’intégrité et médiation électorales -CIME-, l’Eglise du Christ au Congo -ECC-, la Communauté islamique en RD-Congo -COMICO-, l’Eglise Kimbangiste, l’Eglise de réveil du Congo -ERC-, l’Union des Eglises indépendantes du Congo, l’Eglise Orthodoxe, l’Armée du salut, ont toutes donné leur feu vert.
«Nous saluons ardemment le message du Président de la République, convoquant un dialogue politique national inclusif axé sur la problématique des élections apaisées dont ni la préparation, ni le déroulement, et encore moins les résultats, ne doivent sacrifier le principe fondamental de la cohésion nationale dans le pays. Par conséquent, prenons acte des questionnements soulevés pour l’orientation des travaux dudit dialogue», a confié le Révérend Delphin Elebe, président de la CIME. Estimant que le dialogue est la contrepartie paisible de tout règlement des différends ou des contradictions, la CIME a appelé à la responsabilité des uns et des autres ainsi qu’à la maitrise de la jeunesse dans toutes ses tendances et sensibilités afin de s’abstenir de tout acte susceptible de jeter la désolation dans la nation.
«Nous invitons les imams, pasteurs, prophètes, évangélistes, évêques et autres serviteurs et servantes de Dieu à lutter efficacement et dans la vérité, contre toute tendance à la manipulation, à l’intoxication, à l’incitation à la violence ou encore à la désinformation de la communauté nationale afin d’empêcher toute idée de nature à semer le trouble pour faire couler le sang des RD-Congolais. Nous disons non à la violence et oui à la préservation des conditions de paix et de quiétude en RD-Congo», ont lancé les chefs de confessions religieuses regroupés au sein de la CIME. Par ailleurs, ils ont invité tous ceux qui se montrent encore réticents quant à cette rencontre, à bien vouloir rejoindre l’ensemble de la nation en vue d’échanger avec les autres leurs préoccupations dans le plus haut intérêt de la République.
Un programme commun de prière quotidienne
Pour un franc succès de ce grand forum national qui sera conduit sous l’égide de la Communauté internationale, ces chefs religieux ont vivement invité les hommes politiques et tous les délégués au dialogue à bien prendre la mesure de la responsabilité qui leur incombe et de la grande confiance que la nation toute entière fait reposer sur eux. Dans cette optique, ils ont pris l’engagement de mettre en œuvre un programme commun de prière quotidienne dans les paroisses, les églises et leurs succursales, dans les mosquées et dans les lieux de culte afin d’implorer la miséricorde et la faveur de Dieu Tout Puissant pour la nation et les résultats de ce dialogue.
«Nous appelons tous les RD-Congolais et toutes les RD-Congolaises de partout où ils se trouvent à offrir des contributions de toute sorte, par la prière, par des conseils et par tout autre moyen nécessaire en vue du bon déroulement de ces assises», ont-ils prié, tout en rappelant que la mission de l’Eglise et de l’Islam est de sauver des âmes. Les chefs des confessions religieuses condamnent fermement tout appel évoquant le sang et la violence comme mode d’expression en lieu et place de la promotion de la paix, de la concorde et de la fraternité prônée par la Bible et le Coran.
Guylain LUZAMBA
4 minutes de lecture