Le vieux lumumbiste a-t-il vraiment été aiguillonné par les suites mortelles de la remise-reprise entre Laure-Marie Kawanda et Willy Makiashi, preuves tangibles de la crise qui ronge son parti, au point d’être contraint à des profondes réformes? Et si oui, à quel prix?
«J’ai consacré toute ma vie au combat politique pour rendre le pouvoir au peuple. Ce n’est donc pas aujourd’hui, au soir de ma vie, que je vais abandonner la voie du nationalisme, de l’unité et de la justice, y compris les nominations aux fonctions politiques au sein de notre parti».
Propos tenus par Antoine Gizenga, le leader historique du Parti lumumbiste unifié -PALU-, le 8 décembre à Buma, dans la banlieue Est de Kinshasa, neuf jours après la succession ensanglantée de Laure-Marie Kawanda, l’ancienne Secrétaire Permanent, porte-parole et Représentant du Secrétaire général remplacée par le député de Gungu, Willy Makiashi. Sans nul doute, le patriarche a été aiguillonné par la tournure tragique de cette cérémonie. Sa dernière sortie a non seulement l’air d’un va-tout. Elle a aussi valeur de réponse à quiconque est tenté de croire qu’il se laisse manipuler.
Le vieux ne parait pas prêt à sacrifier le PALU sur l’autel des egos. Il a juré de trouver, à sa manière et selon les pouvoirs discrétionnaires que lui confèrent les statuts et le Règlement intérieur du parti, en abattant ses dernières cartes: des réformes qui touchent certaines structures de sa formation politique. L’heure est grave. Pour sauver le PALU, Gizenga a mis en congé le Comité exécutif national -CENAL- jusqu’à nouvel ordre et mis en place le Collège des conseillers généraux. Une décision surprise bien accueillie à la Base.
Aux grands maux, des grands remèdes. Sans tenir compte de son âge avancé, Gizenga est déterminé à se faire violence. Seize jours après sa sortie de clarification à la faveur de laquelle il a confirmé Willy Makiashi dans ses nouvelles fonctions de Secrétaire permanent, le vieux réussit à prouver qu’il a encore assez des ressources… morales et physiques pour tenir ses troupes. De toutes les façons, la case PALU a failli brûler.
Le feu a pris de l’ampleur avec la succession douloureuse de Laure-Marie Kawanda, sanctionnée par la mort d’un militant, des blessés et la radiation de la révoltée ainsi que des membres de sa clique. Gizenga s’est vu bien contraint de sortir le grand jeu. Et c’est depuis le balcon du 1er étage de son somptueux palais de Buma qui comporte deux étages que le Secrétaire général du PALU s’est adressé aux chefs de base de son parti venus de 24 communes de la ville de Kinshasa, donc à la Base du parti. Ce dimanche 8 décembre 2013, le soleil est au zénith, la chaleur ardente n’empêche pas les représentants de la Base du PALU à se trémousser au milieu de la danse et des chants louant la sagesse de leur leader mythique Antoine Gizenga.
Les drapeaux et drapelets aux couleurs du parti flottent au-dessus de l’esplanade de la résidence du patriarche pendant que les cadres arborent autour de leurs cous les foulards du parti. Les femmes et autres danseuses ne sont pas en reste. Leurs têtes sont également ornées des foulards frappés aux couleurs du PALU. Il s’agit de drapeaux, drapelets et foulards peints en sur un fond bleu avec six étoiles jaunes horizontalement alignées sur la lisière gauche.
En tout, Gizenga a passé 1h10’ avec les chefs de base de son parti. Son intervention redonne de l’espoir aux nombreux militants gizengistes. C’est exactement vers 12h00, comme le décor était déjà planté que Mbuta sort de sa maison, entouré de son épouse Anne Gizenga à droite et de Willy Makiashi à gauche. Il prend place au balcon après avoir salué l’assistance en balançant sa main droite. Il est, bien entendu, tiré à quatre épingles. Avant de commencer son discours, le protocole annonce l’exécution de l’hymne national. Tout le monde reste débout.
L’avenir du PALU
Quand son dieu prend la parole, l’assistance exécute son vœu et observe une minute de silence en hommage à Nelson Mandela, ancien président sud-africain et illustre combattant de la liberté du continent africain, à Tabu Ley Rochereau, un des monuments de la musique RD-congolaise et les militants du PALU tombés dans le passé.
A 12h05’, quand le patriarche de Gungu débute son speech, le calme est total. Il trouve des mots justes pour la circonstance. «C’est avec beaucoup d’espoir pour l’avenir du PALU que je m’adresse ce jour à l’ensemble de nos militantes et militants, à travers les responsables des organes de base que vous représentez», lance-t-il en précisant que les aspects qu’il aborde touchent essentiellement à l’avenir du PALU.
C’est son va-tout. Du coup, il rappelle le combat qu’il a mené pour la démocratie et au nom duquel il ne saurait se compromettre. Notamment: «J’ai consacré toute ma vie au combat politique pour rendre le pouvoir au peuple. Ce n’est donc pas aujourd’hui, au soir de ma vie, que je vais abandonner la voie du nationalisme, de l’unité et de la justice, y compris les nominations aux fonctions politiques au sein de notre parti».
Il confirme aux chefs de base qu’il a pris la décision de nommé Willy Makiashi, député national, comme secrétaire permanent et porte-parole du Parti. Mais il condamne les attitudes qui ont accompagné la cérémonie du 30 novembre au siège du parti: «La remise et reprise vient de se passer dans des conditions inacceptables, avec un mort et plusieurs blessés au siège du parti». Selon lui, devant la gravité des faits, il a pris des mesures nécessaires pour faire régner l’ordre au sein du parti, notamment «la décision d’exclure de manière définitive les rangs du PALU les personnes coupables de fautes graves par des actes de déviationnisme, de tribalisme et de division».
Il persiste et signe: «La famille PALU ne sera pas divisée pour des calculs personnels et calculs politiciens. Tous ceux qui ont tenté de le faire ont été rattrapés par l’histoire. L’unité de notre parti repose sur le sang de nos martyrs et nul ne réussira à nous diviser». Pour ce faire, Gizenga a demandé aux chefs de base du parti d’apporter à l’ensemble des militants et à leurs familles respectives, ce message de solidarité, de camaraderie et de cohésion interne à tous les niveaux du parti.
Pour rétablir les équilibres nécessaires, l’ancien second de Lumumba et ancien Premier ministre de Kabila décide de modifier les structures de la direction politique du PALU. «Sans préjudice de Cinq documents de base du parti», il annonce en primeur trois dispositions en ce qui concerne la direction politique et une concernant les chefs de base.
D’abord, Gizenga congédie le Comité exécutif national -CENAL- dans son format initial. Puis, il met en place un Collège des conseillers généraux. Ce collège sera composé d’au moins 20 membres. Question de garantir la représentation nationale au niveau de chaque province et la représentativité selon le genre. Enfin, il confie à ce Collège les missions d’effectuer des visites à la base en vue de consolider les activités du parti.
Climat rasséréné
Concernant les structures à la base, Gizenga joue à la sagesse pour garder la cohésion au sein du parti et éviter toute scission. «Les structures de base du parti, de la Province aux stations orbitales en passant par les sections, les cercles et les cellules restent inchangées dans leur fonctionnement», décide-t-il.
Lorsque Gizenga débute son discours, on pouvait lire la peur et la timidité sur les visages des chefs de base. Mais au fur et à mesure qu’il parle et surtout quand il annonce que tous les chefs de base gardent leurs postes, les visages se décrispent. Tous sautent en se serrant la main pour les uns et en s’embrassant pour les autres en exhibant les pas de danse estimant que Gizenga a gardé le cordon ombilical avec sa Base. L’harmonie règne.
Dans la foule, les chants partent: «Gizenga akangi barrage, mambu masobele» en kikongo qui se traduit par: «Gizenga a décidé, c’en est fini». Le patriarche, lui, fonce. Il engage les responsables à la base à rester vigilants et à ne pas baisser les bras car la lutte n’est pas donc finie. Il réitère son engagement de veiller aux intérêts du PALU et du peuple RD-congolais.
A cette même occasion, son nouveau chouchou, Willy Makasi s’adresse aux délégués de la base en interprétant le discours du boss en lingala. Au prix de sa santé et pour la survie de son parti, Gizenga passe en tout 1h10’ avec ces chefs de base. Soit de 12h00’ à 13h10’ pendant que son discours, plusieurs fois arrêté par les applaudissements, a duré 30 minutes. La base est repartie contente. Du coup, le climat se rassérène.
Octave MUKENDI
«J’ai consacré toute ma vie au combat politique pour rendre le pouvoir au peuple. Ce n’est donc pas aujourd’hui, au soir de ma vie, que je vais abandonner la voie du nationalisme, de l’unité et de la justice, y compris les nominations aux fonctions politiques au sein de notre parti».
Propos tenus par Antoine Gizenga, le leader historique du Parti lumumbiste unifié -PALU-, le 8 décembre à Buma, dans la banlieue Est de Kinshasa, neuf jours après la succession ensanglantée de Laure-Marie Kawanda, l’ancienne Secrétaire Permanent, porte-parole et Représentant du Secrétaire général remplacée par le député de Gungu, Willy Makiashi. Sans nul doute, le patriarche a été aiguillonné par la tournure tragique de cette cérémonie. Sa dernière sortie a non seulement l’air d’un va-tout. Elle a aussi valeur de réponse à quiconque est tenté de croire qu’il se laisse manipuler.
Le vieux ne parait pas prêt à sacrifier le PALU sur l’autel des egos. Il a juré de trouver, à sa manière et selon les pouvoirs discrétionnaires que lui confèrent les statuts et le Règlement intérieur du parti, en abattant ses dernières cartes: des réformes qui touchent certaines structures de sa formation politique. L’heure est grave. Pour sauver le PALU, Gizenga a mis en congé le Comité exécutif national -CENAL- jusqu’à nouvel ordre et mis en place le Collège des conseillers généraux. Une décision surprise bien accueillie à la Base.
Aux grands maux, des grands remèdes. Sans tenir compte de son âge avancé, Gizenga est déterminé à se faire violence. Seize jours après sa sortie de clarification à la faveur de laquelle il a confirmé Willy Makiashi dans ses nouvelles fonctions de Secrétaire permanent, le vieux réussit à prouver qu’il a encore assez des ressources… morales et physiques pour tenir ses troupes. De toutes les façons, la case PALU a failli brûler.
Le feu a pris de l’ampleur avec la succession douloureuse de Laure-Marie Kawanda, sanctionnée par la mort d’un militant, des blessés et la radiation de la révoltée ainsi que des membres de sa clique. Gizenga s’est vu bien contraint de sortir le grand jeu. Et c’est depuis le balcon du 1er étage de son somptueux palais de Buma qui comporte deux étages que le Secrétaire général du PALU s’est adressé aux chefs de base de son parti venus de 24 communes de la ville de Kinshasa, donc à la Base du parti. Ce dimanche 8 décembre 2013, le soleil est au zénith, la chaleur ardente n’empêche pas les représentants de la Base du PALU à se trémousser au milieu de la danse et des chants louant la sagesse de leur leader mythique Antoine Gizenga.
Les drapeaux et drapelets aux couleurs du parti flottent au-dessus de l’esplanade de la résidence du patriarche pendant que les cadres arborent autour de leurs cous les foulards du parti. Les femmes et autres danseuses ne sont pas en reste. Leurs têtes sont également ornées des foulards frappés aux couleurs du PALU. Il s’agit de drapeaux, drapelets et foulards peints en sur un fond bleu avec six étoiles jaunes horizontalement alignées sur la lisière gauche.
En tout, Gizenga a passé 1h10’ avec les chefs de base de son parti. Son intervention redonne de l’espoir aux nombreux militants gizengistes. C’est exactement vers 12h00, comme le décor était déjà planté que Mbuta sort de sa maison, entouré de son épouse Anne Gizenga à droite et de Willy Makiashi à gauche. Il prend place au balcon après avoir salué l’assistance en balançant sa main droite. Il est, bien entendu, tiré à quatre épingles. Avant de commencer son discours, le protocole annonce l’exécution de l’hymne national. Tout le monde reste débout.
L’avenir du PALU
Quand son dieu prend la parole, l’assistance exécute son vœu et observe une minute de silence en hommage à Nelson Mandela, ancien président sud-africain et illustre combattant de la liberté du continent africain, à Tabu Ley Rochereau, un des monuments de la musique RD-congolaise et les militants du PALU tombés dans le passé.
A 12h05’, quand le patriarche de Gungu débute son speech, le calme est total. Il trouve des mots justes pour la circonstance. «C’est avec beaucoup d’espoir pour l’avenir du PALU que je m’adresse ce jour à l’ensemble de nos militantes et militants, à travers les responsables des organes de base que vous représentez», lance-t-il en précisant que les aspects qu’il aborde touchent essentiellement à l’avenir du PALU.
C’est son va-tout. Du coup, il rappelle le combat qu’il a mené pour la démocratie et au nom duquel il ne saurait se compromettre. Notamment: «J’ai consacré toute ma vie au combat politique pour rendre le pouvoir au peuple. Ce n’est donc pas aujourd’hui, au soir de ma vie, que je vais abandonner la voie du nationalisme, de l’unité et de la justice, y compris les nominations aux fonctions politiques au sein de notre parti».
Il confirme aux chefs de base qu’il a pris la décision de nommé Willy Makiashi, député national, comme secrétaire permanent et porte-parole du Parti. Mais il condamne les attitudes qui ont accompagné la cérémonie du 30 novembre au siège du parti: «La remise et reprise vient de se passer dans des conditions inacceptables, avec un mort et plusieurs blessés au siège du parti». Selon lui, devant la gravité des faits, il a pris des mesures nécessaires pour faire régner l’ordre au sein du parti, notamment «la décision d’exclure de manière définitive les rangs du PALU les personnes coupables de fautes graves par des actes de déviationnisme, de tribalisme et de division».
Il persiste et signe: «La famille PALU ne sera pas divisée pour des calculs personnels et calculs politiciens. Tous ceux qui ont tenté de le faire ont été rattrapés par l’histoire. L’unité de notre parti repose sur le sang de nos martyrs et nul ne réussira à nous diviser». Pour ce faire, Gizenga a demandé aux chefs de base du parti d’apporter à l’ensemble des militants et à leurs familles respectives, ce message de solidarité, de camaraderie et de cohésion interne à tous les niveaux du parti.
Pour rétablir les équilibres nécessaires, l’ancien second de Lumumba et ancien Premier ministre de Kabila décide de modifier les structures de la direction politique du PALU. «Sans préjudice de Cinq documents de base du parti», il annonce en primeur trois dispositions en ce qui concerne la direction politique et une concernant les chefs de base.
D’abord, Gizenga congédie le Comité exécutif national -CENAL- dans son format initial. Puis, il met en place un Collège des conseillers généraux. Ce collège sera composé d’au moins 20 membres. Question de garantir la représentation nationale au niveau de chaque province et la représentativité selon le genre. Enfin, il confie à ce Collège les missions d’effectuer des visites à la base en vue de consolider les activités du parti.
Climat rasséréné
Concernant les structures à la base, Gizenga joue à la sagesse pour garder la cohésion au sein du parti et éviter toute scission. «Les structures de base du parti, de la Province aux stations orbitales en passant par les sections, les cercles et les cellules restent inchangées dans leur fonctionnement», décide-t-il.
Lorsque Gizenga débute son discours, on pouvait lire la peur et la timidité sur les visages des chefs de base. Mais au fur et à mesure qu’il parle et surtout quand il annonce que tous les chefs de base gardent leurs postes, les visages se décrispent. Tous sautent en se serrant la main pour les uns et en s’embrassant pour les autres en exhibant les pas de danse estimant que Gizenga a gardé le cordon ombilical avec sa Base. L’harmonie règne.
Dans la foule, les chants partent: «Gizenga akangi barrage, mambu masobele» en kikongo qui se traduit par: «Gizenga a décidé, c’en est fini». Le patriarche, lui, fonce. Il engage les responsables à la base à rester vigilants et à ne pas baisser les bras car la lutte n’est pas donc finie. Il réitère son engagement de veiller aux intérêts du PALU et du peuple RD-congolais.
A cette même occasion, son nouveau chouchou, Willy Makasi s’adresse aux délégués de la base en interprétant le discours du boss en lingala. Au prix de sa santé et pour la survie de son parti, Gizenga passe en tout 1h10’ avec ces chefs de base. Soit de 12h00’ à 13h10’ pendant que son discours, plusieurs fois arrêté par les applaudissements, a duré 30 minutes. La base est repartie contente. Du coup, le climat se rassérène.
Octave MUKENDI