Politique

Kyungu veut faire parler de lui après son départ de la MP

Lubumbashi, deuxième ville du pays, sera le théâtre d’une marche initiée par l’ex-président de l’ancienne Assemblée provinciale de l’ex-Katanga, quelques jours après l’exclusion du G7 de la Majorité présidentielle
Affectueusement appelé «Baba wa Katanga», traduisez «le père du Katanga», Antoine Gabriel Kyungu wa Kumwanza, est un récidiviste vis-à-vis du pouvoir de Kinshasa qu’il a pourtant encensé par opportunisme avant de lui tourner le dos juste après le découpage territorial. Opposant sa farouche résistance à ce découpage, Kyungu avait tenté en vain d’en empêcher la réalisation avec la collecte des 100.000 signatures qui n’avait pas abouti. Mécontent, le président de l’Union nationale des fédéralistes du Congo -UNAFEC- a coalisé avec six autres formations politiques pour former le groupe de 7 -G7-, éconduit de la Majorité présidentielle -MP- pour trahison avant de se constituer en plate-forme politique ayant pour ambition de défendre les vertus démocratiques, notamment la non révision de la Constitution et la tenue des élections dans les délais constitutionnels. La grande bataille est ouverte entre le G7 et la majorité restée fidèle à Joseph Kabila.
 
C’est dans ce climat que le bourreau de l’épuration ethnique des Kasaïens en 1993, sous le régime Mobutu appelle à une marche ce samedi 10 octobre 2015, à Lubumbashi pour tester sa popularité face à la Majorité présidentielle. «En initiant cette marche, Kyungu piège le pouvoir en place. Son objectif est de connaitre comment les forces de défense et sécurité vont se comporter afin de lui donner matière à commenter», explique une source contactée par AfricaNews.
Le divorce est consommé entre la Majorité présidentielle et le G7. Pour se faire entendre, ce groupe dissident ne croise pas les bras. L’un de ses membres les plus influents, Antoine-Gabriel Kyungu, a pris le devant et tient à tout prix à marquer de sa présence. Cet ex-président de l’ancienne Assemblée provinciale de l’ex-Katanga et président de l’Union nationale des fédéralistes du Congo -UNAFEC- qui digère très mal le découpage territorial ayant démembré l’ex-Katanga en 4 provinces et qui sent sa popularité émiettée veut faire parler de lui. Tous les moyens lui sont permis. Et il en a choisi qui cadre avec la constitution, à savoir une marche pacifique.
C’est ainsi que Baba wa Katanga appelle les militants et cadres, non seulement de son parti politique, mais également des partis membres du G7 à prendre part à une marche le samedi 10 octobre prochain, dans la ville de Lubumbashi. Selon les informations en notre possession, le message principal qui sera lu à la fin cette marche n’est autre que celui adressé au Chef de l’Etat et Autorité morale de la MP, Joseph Kabila, dans les trois lettres successives par le G7 et qui a entrainé l’exclusion de ce groupe de la MP. Le G7 accuse la MP d’entretenir le flou pour maintenir Joseph Kabila au pouvoir au-delà de 2016. Ce que dément énergiquement le bureau de cette plate-forme. Après l’auto-exclusion du G7 de la MP en septembre dernier, un autre leader Katangais, Moise Katumbi, a annoncé, le mardi 29 du même mois, sa double démission au poste de gouverneur où il assumait les affaires courantes en attendant la mise en place des nouvelles autorités provinciales démembrées et du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie -PPRD, accusant le pouvoir en place de mettre tout en ouvre pour empêcher la tenue des élections comme prévu dans le calendrier électoral et ce, en préparant le glissement des dates des scrutins.
Cette démission a provoqué des commentaires dans tous les sens. Il y a eu trop d’inquiétudes au point que le Chef de l’Etat, Joseph Kabila, a réuni, le dimanche 4 octobre dernier, ses lieutenants de la MP en sa ferme de Kingakati, dans la périphérie Est de la ville de Kinshasa pour donner sa position sur la révision de la Constitution. Et il les a tous surpris. «Je n’ai jamais pris part à une réunion visant le changement de Constitution», a assuré Kabila devant les députés et sénateurs MP qui ont fait le déplacement de la ferme présidentielle. Et Kabila n’a pas voulu parler des démissionnaires.  Pour revenir à la marche projetée à Lubumbashi le 10 octobre, certains analystes pensent que Kyungu piégerait le pouvoir en place.
Il viserait à comprendre comment les forces de sécurité et de défense pourront se comporter. Au lendemain de l’éviction de son groupe, le redoutable Kyungu avait déclaré à la presse: «Nous devons prouver à la face du monde que le G7 est la solution du moment pour sauver la démocratie dans notre pays». Il y a environ une semaine passée, près de 200 policiers avaient encerclé un lieu de culte que fréquente le président de l’UNAFEC, à Lubumbashi, deuxième ville et poumon économique du pays. Réagissant à cette présence des éléments de la Police nationale congolaise, Kyungu était dans tous ses états: «Nous sommes dans un Etat de droit et je ne peux pas accepter d’être intimidé simplement parce que je prêche le respect de la Constitution». Un habitant de Lubumbashi contacté mardi soir par AfricaNews a laissé entendre que le calme apparent règne dans la ville et que le message a été véhiculé de bouche à l’oreille à tous les militants de l’UNADEF et du G7 pour prendre part à cette marche. Les yeux seront braqués sur Lubumbashi ce samedi.
Octave MUKENDI
Sandrine N’TSHIRI
 
 

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