Politique

Kananga: une journée d’audiences pour Joseph Kabila

Tâter le pouls de la population du Kasaï Central, c’est ce à quoi s’adonne le Président Joseph Kabila Kabange, ce jeudi 1er juin 2017. Arrivé depuis le mardi 30 mai 2017 à Kananga, chef-lieu de la Province du Kasaï Central, en provenance de Kinshasa, la capitale, il est venu pour écouter. Le programme du Protocole d’Etat prévoit des audiences, dans la salle de conférences du gouvernorat, tour à tour avec des députés provinciaux, 7 membres de la Fédération des entreprises du Congo -FEC-, 10 de la Société civile, 10 représentants des Confessions religieuses, 12 notabilités du Kasaï Central, des chefs coutumiers par territoire, 20 représentants de la jeunesse et des députés nationaux.
 
Avant tous ces entretiens, le Chef de l’Etat a présidé une réunion du Conseil de sécurité élargi mais dont rien n’a été filtré. Au sortir de la première audience, le Président de l’Assemblée provinciale, Augustin Kamuitu Lubadi, s’est exprimé à la presse en des termes on ne peut plus pathétiques: «Vous connaissez la plus grande préoccupation pour nous, c’est la paix. Depuis le 8 août 2016, nous avons détruit notre province nous-mêmes, mais le Chef de l’Etat s’est totalement impliqué. Il a commencé par les forces de l’ordre qui sont ici. Lorsque cela s’est avéré insuffisant, il a pris la décision d’amener des forces de Kinshasa pour renforcer l’effectif et reconquérir le territoire provincial.
Le Chef de l’Etat a insisté sur le retour de la paix. Son cœur saigne. C’est ce qu’il nous a dit. Il n’est pas d’accord; il est mécontent. Il nous a dit que l’année passée il est arrivé au mois de juillet, il a partagé avec nous; il a promis beaucoup de choses. Il a relevé même les projets qu’il avait promis de continuer, mais hélas! Un mois après, l’insurrection a commencé. Tout est paralysé; il est malade. Et nous, nous avons partagé les mêmes soucis avec lui. Nous sommes allés lui dire que nous allons l’accompagner à la consolidation de la paix qui a commencé. Il a insisté sur l’enrôlement. Il faut que nous allions vite. Il a promis qu’il va venir faire une nouvelle évaluation».
 
Aux compatriotes du Kasaï, le n°1 de l’organe législatif a adressé ces mots, en fait ce sont des conseils qui leur a prodigués: «Que les jeunes gens qui étaient encore dans la brousse sortent! Que la population accepte de rejeter ce mouvement sadique qui l’a appauvri, qui l’a tué, brûler les maisons.
Que nos frères reviennent à la raison! Qu’ils abandonnent ce mouvement qui n’a pas d’objectif, qui n’a pas de nom !». Sous la conduite de son président, Jean Assaka Tshumbé, la FEC a aussi exposé ses préoccupations au Président de la République: «Nous lui avons briefé la situation économique de la province… La situation s’est dégradée davantage. Il nous a répondus que la pauvreté ne peut pas justifier cette barbarie parce que la pauvreté est partout, dans le monde entier, même en Chine, en Inde, aux Etats-Unis. Mais, cette pauvreté ici chez nous ne peut pas justifier la décapitation des gens. A notre niveau, nous les opérateurs économiques, nous sommes en train de sensibiliser la population pour refuser ce mouvement qui ne fait que détériorer la situation de la province. Sans la paix, on ne peut rien faire.
Nous voulons reconstruire notre pays». Le Chef de l’Etat a prêté aussi une oreille attentive aux problèmes présentés par la Société civile par la bouche de son président, Jean René Tshimanga: «Nous lui avons présenté la situation sécuritaire qui avait autrefois plongé la population dans la désolation. Présentement, nous avons constaté que la paix est revenue à plus ou moins 90% et lui-même a salué cela en nous demandant davantage de sensibiliser la population pour qu’elle puisse également contribuer à cette paix qui constitue son cheval de bataille.
Aussi, les problèmes liés au trafic sur la voie ferrée. Il nous a rassurés que la semaine prochaine le premier train va circuler et surtout la partie où se situe la voie ferrée une fois la sécurité intervenue dans son ensemble. Concernant les érosions qui détruisent la ville de Kananga, en particulier, et la province du Kasaï Central, en général, le n°1 de la République nous a rassurés que les moyens seront disponibilisés pour qu’on puisse lutter contre elles. Elles progressent petit à petit risquant de couper la voie ferrée et même certaines artères de la voirie publique. En dehors de cela, il lui été soumis la question de chercher le financement pour pouvoir exploiter le nickel-chrome qui se trouve à Konko, dans la commune de Kananga et à Lutshastsha, dans le territoire de Kazumba.
Cela est lié à l’électrification de la ville. Il nous a dit comme les travaux de construction du Barrage Katende sont aux arrêts, à leur reprise, au même moment ces travaux d’exploitation vont débuter. Il a également informé que l’exploitation du nickel dépend de la MIBA. Mais, si c’est la MIBA, il sera difficile que lui puisse nous donner des financements. Mais, il nous a rassurés qu’au sein du ministère des Mines on est en train de faire une réforme de sorte que l’exploitation du nickel ne puisse pas dépendre de la MIBA, mais que ça soit indépendant pour permettre aux actionnaires de venir exploiter et cela on aura généré au moins 10 000 emplois. On a évoqué les problèmes liés à l’ouverture de la route sur la République populaire d’Angola. Nous avons demandé que ça se fasse officiellement. Il a reconnu que n’eût été cette insécurité, notre province serait déjà désenclavée grâce à cette ouverture. Il nous a invités à la paix et à sensibiliser nos paisibles concitoyens pour que d’autres projets intégrateurs puissent être mis en œuvre».
Le Président de la République a échangé ensuite avec les représentants des Confessions religieuses sous la conduite de l’Evêque Boniface Mbulu du Renouveau charismatique du Congo qui s’est livré à la presse après cette rencontre: «Le Chef de l’Etat nous a bien accueilli. Il nous a répondus favorablement… Sa présence ici a apporté un plus. C’était pour booster la paix et il a déclaré lui-même qu’il est prêt à s’impliquer pour que cette paix ne soit pas de deux, trois jours, mais pour que cette paix perdure. S’il s’agit d’une paix précaire, les investisseurs ne viendront pas. Nous lui avons demandé de s’impliquer pour la continuité de la Nationale n°1 qui est déjà près de Tshikapa. Et là, il s’est impliqué. Il a même parlé au ministre de l’Intérieur en lui rappelant ce qui doit se faire.
Il a dit qu’incessamment les travaux vont continuer jusqu’ici à Kananga et pas seulement jusqu’ici à Kananga. Les financements sont déjà là pour que ça puisse continuer vers le Kasaï Oriental et au Katanga. Sans oublier le grand projet d’électrification de la Province du Kasaï Central à la Chute Katende. Et là aussi le Chef de l’Etat a dit qu’à cause de cette situation ça provoque un frein. Les Indiens ont déjà signé avec notre gouvernement et le Chef de l’Etat, c’est lui-même qui a choisi. Les Indiens lui ont demandé de choisir deux lieux de construction pour des barrages. C’est pas nous ici au Kasaï qui avons choisi. Lui avec l’amour qu’il a pour le pays, pour la province, c’est lui qui a choisi Katende et Makobola.
C’est malheureux que ce qui est arrivé soit arrivé et les Indiens sont freinés un peu. Mais, il a déjà déployé tout ce qu’il faut. Il y a même les financements; il y a même les matériels qui traînent à Lubumbashi, ça fait sept mois. Les travaux de la Chute Katende vont continuer et cela nous réjouit beaucoup. Sans oublier notre souci par rapport à la jeunesse. Vous savez avec le phénomène qui n’est pas seulement ici chez nous, Kamuena Nsapu, les Maï-Maï et les autres, nous avons demandé au Chef de l’Etat qu’il puisse s’impliquer pour que la jeunesse désœuvrée puisse trouver du travail. Qu’on puisse occuper les enfants! Et là le Chef de l’Etat a été pragmatique. Ce n’est pas seulement l’affaire du seul Chef de l’Etat, des parents, nous les Eglises nous sommes là, nous les enseignants, nous sommes là. Donc là il nous a donné une grande charge que Dieu nous a déjà donnée de pouvoir préparer moralement les enfants.
 
De Kananga, Dieudonné ISSA SIMBA
 

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