Président de la Ligue des jeunes de la Convention des congolais unis -CCU- et délégué de la Majorité présidentielle au dialogue national, Jean Thierry Monsenepwo rassure du bon déroulement des travaux de ce forum qui se tient à la Cité de l’Union africaine -UA. Il est d’avis que les discussions entre différents délégués à ces assises se font dans un esprit démocratique et républicain en vue de dégager des options politiques consensuelles. Monsenepwo confie que sa famille politique est pour la refonte totale du fichier électoral qui prendrait en compte non seulement les nouveaux majeurs, mais également toute la population par la délivrance des cartes d’électeurs certifiées. «La Constitution qui est la loi fondamentale en RD-Congo, dans son article 5, est on ne peut plus claire concernant les droits de participation au processus électoral de tout RD-Congolais ayant atteint la majorité. De ce fait, nous ne pouvons pas accepté que l’on mette de côté 8.500.000 majeurs qui ont droit au processus électoral», soutient-il. Interview.
Vous êtes un des délégués MP au dialogue qui se tient à la Cité de l’Union africaine. Dans quel climat se tient ce forum?
C’est dans un climat de sérénité que se déroule le dialogue entre filles et fils de ce pays épris de paix et d’un esprit de consensus. Ils ont décidé de se rencontrer afin de lever des options politiques qui permettraient à la Centrale électorale de donner au peuple RD-congolais des élections modernes, classiques, ouvertes à tout le monde et qui ne seraient pas imbibé des stigmates des contestations. Depuis le début des travaux, les débats se passent en toute démocratie, les paroles sont très bien reparties par le bureau, composé du facilitateur et de deux co-modérateurs dont Alexis Tambwe Mwamba pour le compte de la Majorité présidentielle et Vital Kamhere pour le compte de l’Opposition. D’entrée de jeu, il y a eu des options des responsables de la CENI dont le président a eu à brosser le tableau du processus électoral RD-congolais jusqu’à ce qui se passe aujourd’hui. C’est-à-dire, l’enrôlement des électeurs, surtout des nouveaux majeurs au niveau du Nord-Ubangi.
Les experts électoraux invités à ce forum, dont la CENI, l’OIF et l’ONU, ont dégagé trois options concernant le fichier électoral avant d’aller aux élections. La première, aller aux élections avec l’ancien fichier de 2011. La deuxième, réviser partiellement ce fichier et, troisièmement, procéder à la refonte totale de ce fichier.
Quelle serait à votre appréciation la meilleure option à prendre?
Avec le fichier électoral existant, il y a 1.600.000 RD-Congolais décédés, plus de 450 mille doublons, sans compter des cartes d’électeurs dupliquées et même des fausses cartes imprimées dans des cybercafés. Au-delà de ces lacunes, il y a le fait qu’une partie de notre population serait mise en dehors de ce processus, notamment les nouveaux majeurs. Quant à la deuxième où il s’agit d’un aménagement de ce fichier, en clair c’est l’enrôlement de tous ceux qui n’ont pas pu s’enrôler en 2011. Cette option présente aussi des faiblesses de n’avoir pas une situation assez unie de l’ensemble des populations capables de participer aux élections. Et la troisième possibilité, c’est la refonte totale du fichier électoral. Un départ à zéro où on prendrait en compte non seulement des nouveaux majeurs, mais aussi de toute la population et par la délivrance des cartes d’électeurs certifiées. L’avantage, cette fois-ci, est que les cartes d’électeurs prendront les empreintes des dix doigts de tous ceux qui viendront s’enrôler. Cela offre une sécurisation totale du fichier électoral. Il n’y aura pas question de doublons, des décédés et des jeunes majeurs mis à l’écart du processus électoral. Pour le cas de la Majorité présidentielle, notre position était explicitée clairement par le Directeur de cabinet du Chef de l’Etat, Néhémie Mwilanya, chef de notre délégation. Il a expliqué qu’étant nationaliste, nous avons le devoir de pratiquer une démocratie réelle basée sur le respect de la Constitution. La loi fondamentale, dans son article 5, est un peu plus claire concernant les droits à l’élection ou de participation au processus électoral de tout RD-Congolais ayant atteint la majorité. De ce fait, nous ne pouvons pas accepté que l’on mette de côté 8.500.000 majeurs qui ont droit au processus électoral. Deuxièmement, nous ne pouvons pas aller aux élections avec un fichier qui porte déjà de germes de contestations, notamment avec des décédés, des doublons et des cartes d’électeurs dont certaines ont été imprimées dans des zones occupées jadis par le M23. Notre position est claire et elle est plus réaliste. Elle garantit la paix et permet le respect de la Constitution.
Quelle est la position de la MP quant à la séquence des élections?
Nous sommes convaincus que la démocratie étymologiquement parlant, c’est le pouvoir du peuple par le peuple. C’est la possibilité que la cité soit gérée par des représentants choisis par le peuple. Cette démocratie comme toute chose dans le monde, doit commencer de la base vers le haut. Nous ne sommes pas d’avis que la démocratie ne doit s’appliquer qu’au sommet de l’Etat. Pour permettre à ce que la démocratie voulue par le législateur RD-congolais devienne effectif, nous devons passer par le vote de nos entités de base. Il est important que dans la première sphère de notre jeune démocratie, ceux qui vont diriger doivent être choisi par la population et non une personne qui serait recommandée ou politiquement indiqué à cet endroit. La population a besoin de s’imprégner de la démocratie en l’appliquant. Hors la première application, c’est cette démocratie à la base. D’où le choix de la MP de commencer par les locales. Nous devons apprendre aux jeunes à gérer les petites entités, c’est-à-dire à être conseillers communaux, responsable de communes et ainsi de suite.
Parlant du respect de la Constitution, pensez-vous que le dialogue se tient dans l’esprit de la résolution 2277 des Nations unies et dans le strict respect de la Constitution comme promis par le facilitateur Edem Kodjo pour éviter des contestations après?
Je pense que la lanterne de tout le monde à ce dialogue, c’est la Constitution. Et le rapporteur pour le compte de la MP, le sénateur Léonard She Okitundu a martelé le fait que nous ne devons que respecter la Constitution. Si aujourd’hui nous avons accusé du retard avec le processus électoral, il a été démontré que c’est en grande partie à cause d’une posture négativiste portée par l’Opposition RD-congolaise. A trois reprises, il y a eu rejet du calendrier électoral de la CENI par l’Opposition. D’abord en 2011 pour les arriérés électoraux. L’Opposition tant parlementaire qu’extraparlementaire a sollicité qu’on puisse revenir dans la réorganisation de la CENI et cela a pris près de 9 à 12 mois. Ensuite, il y a eu le calendrier publié en juin 2013 qui comptait les élections locales, municipales, provinciales et sénatoriales. Celui-là a été également rejeté par la même Opposition pour la simple raison qu’il n’était pas global. En février 2015, un calendrier prenant en charge tout le cycle électoral a été publié par la CENI et il a encore été rejeté par les opposants qui l’ont jugé trop global et irréaliste. Nous savons tous que depuis Sun City, le processus électoral RD-congolais est éminemment consensuel. Cela veut dire que lorsqu’une composante rejette un calendrier, cela impact sur tout le processus. Il n’y a pas question de se voiler la face. Etant donné que les responsabilités sont établies, étant donné que nous avons le souci d’avancer, il est important d’opérer des choix consensuels et unanimes qui permettront à la CENI d’avancer. Certes nous avons la Constitution qui nous guide mais nous avons aussi le réalisme comme élément qui nous permet d’avancer réellement. On ne peut pas écarter le fait que nous avons un nombre important des nouveaux majeurs qui sont en dehors du processus électoral.
Quelle alternative ou schéma proposez-vous pour éviter le chaos?
La Constitution est claire. 90 jours avant la fin du mandat du Président de la République, la CENI est censée convoquer le corps électoral. Mais il faut avoir ce corps électoral qui se trouve dans le fichier. La réalité est que nous n’en avons pas. Je pense que nous devons d’abord permettre à la CENI de confectionner ce corps électoral. Il n’est pas ici question d’une éventuelle transition parce qu’il n’y a pas vacance au sommet de l’Etat. Le Président de la République va rester en fonction jusqu’à ce qu’il y aura un nouveau président élu. Les RD-Congolais, dans un esprit républicain, ont établi que la seule manière d’accéder au pouvoir en RD-Congo est par la voie des urnes. On ne peut pas passer outre. Nous devons tous avoir de la bonne foi afin de permettre à la Centrale électorale de réviser le fichier et de pouvoir organiser le plus vite possible des élections.
Un courant de l’Opposition affirme qu’après le 19 décembre, le Président Kabila n’aura plus le droit d’exercer les fonctions de Chef de l’Etat…
Il n’est pas question de fétichisation des dates. On raconte que le 19 septembre tout va tomber, le 19 décembre tout sera fini mais pourquoi est-ce qu’on serait animé d’autant de mauvaise foi alors qu’on est conscient que la CENI n’est pas en mesure de convoquer le corps électoral RD-congolais.
Quelle est la part de la population au dialogue?
Je peux vous rassurer que les discussions qui se tiennent à la cité de l’UA ne sont pas d’ordre individuel ou personnel. Les débats tournent autour du processus électoral. Je crois qu’avoir un processus électoral stable en RD-Congo, c’est le peuple qui en sera le premier bénéficiaire. Depuis 2001, le Chef de l’Etat Joseph Kabila se bat pour relever le niveau de vie de la population et favoriser la paix. Et les discussions qui sont faites, vont dans le sens de consolider la paix par des élections stables. Nous devons éviter qu’il se passe chez nous ce qui se passe dans d’autres pays où les élections sont toujours suivies des troubles et des morts. C’est le cas actuellement au Gabon. Derrière la sagesse bantou qui coule dans nos veines, nous nous sommes dits que nous ne voulons pas de ça chez nous. Au lieu d’attendre qu’il y ait des troubles après, nous avons jugé de dialoguer avant pour nous mettre à l’abri.
Propos recueillis par Guylain LUZAMBA
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