«Je vous annonce qu’au sujet de la plainte contre l’Etat RD-congolais au nom du MLP et contre les autres dignitaires, le PGR nous a répondu aujourd’hui avoir instruit le commissaire divisionnaire-adjoint en charge des dossiers judiciaires d’ouvrir une enquête quant à ce», a-t-il confié à la presse.
Le député national de l’Opposition Franck Diongo a annoncé à la presse que le Procureur général de la République, Flory Kabange Numbi, a instruit, jeudi 29 septembre 2016, l’affaire sur l’incendie du siège du Mouvement lumumbiste progressiste -MLP.
Le siège du MLP, situé sur l’avenue de l’Enseignement, dans la commune de Kasa-Vubu, comme d’autres de l’Opposition -notamment de ceux de l’UDPS, de l’ECIDE et du FONUS- ont été incendiés dans la nuit du 20 septembre 2016 par des personnes non identifiées alors que la ville de Kinshasa vivait sous les émeutes provoquées par la répression de la marche pacifique de l’Opposition qui réclamait de la part de la Commission électorale nationale indépendante -CENI- la convocation du corps électoral pour la présidentielle 90 jours avant la fin du mandat en cours, soit le 19 septembre dernier.
Sanctions exemplaires contre les autorités civiles et militaires impliquées
«Je vous annonce qu’au sujet de la plainte contre l’Etat congolais au nom du MLP et contre les autres dignitaires, le PGR nous a répondu aujourd’hui avoir instruit le commissaire divisionnaire-adjoint en charge des dossiers judiciaires d’ouvrir une enquête quant à ce», a-t-il souligné.
Saluant cette décision, Diongo nourrit l’espoir de voir être sanctionnées de manière exemplaire les autorités civiles et militaires du régime impliquées dans le dossier relatif aux décès et atrocités enregistrés les 19 et 20 septembre 2016, dans la capitale RD-congolaise. Le Parquet général de la République avait annoncé, trois jours après ces atrocités, l’ouverture d’une enquête pour sanctionner tous les auteurs de ces violences meurtrières.
Responsabilité directe ou morale
Vendredi 23 septembre 2016, le président du Mouvement lumumbiste progressiste, dont le siège a été incendié mardi 20 septembre 2016 à Kinshasa, a porté plainte contre «le gouvernement RD-congolais et ses complices» qu’il accuse de crimes contre l’humanité, violation de domicile, destruction méchante, incendie volontaire, tentative d’assassinat, meurtre et viol. Il a également accusé certains cadres de la Majorité présidentielle -MP- d’être responsables de ce préjudice pour avoir proféré des menaces contre les opposants dans les médias audiovisuels de Kinshasa.
«Est-ce qu’ils sont responsables directs ou moraux? Ils sont tout à la fois. Auteurs moraux parce qu’ils sont des chefs politiques, mais également responsables directs, auteurs directs, dont exécutants. Parce qu’en fait, dans la journée du 19 septembre 2016, entre 15h00’ à 16h30’, beaucoup de jeeps sont venues stationner devant mon bureau, accompagnées de deux bus TRANSCO où des gens en civil et en tenue militaire sont venus explorer le lieu et proférer des menaces. Des indices graves, ils ont tiré à balle réelle sur les vitres du bureau du secrétaire général qui donne sur la façade principale. Ils ont promis qu’ils vont brûler la nuit et ils ont accompli leur forfait. Donc, ils sont à la fois auteur moral et exécutant direct», a accusé Diongo.
Les sources proches de l’Opposition et de la Majorité avancent un bilan divergeant des personnes décédées les 19 et 20 septembre 2016. Selon le gouvernement RD-congolais, 32 personnes sont décédées pendant que l’Opposition, réunie au sein du Rassemblement, parle de plus de 100 morts.
La CPI attend en embuscade
Plusieurs bâtiments et commerces ont été pillés et incendiés au cours de ces manifestations qui ont dégénéré en affrontements entre les manifestants et les services de défense et sécurité.
138 personnes arrêtées pendant ces émeutes ont déjà été jugées en procédure de flagrance. 38 personnes ont été acquittées mercredi 28 septembre 2016 tandis que 100 autres ont été condamnées à des peines allant de 45 jours à 25 ans de prison. Le Haut-commissariat des Nations unies aux Droits de l’homme accuse le gouvernement RD-congolais d’avoir utilisé des balles létales en tuant les manifestants pacifiques.
Ce que contredit le ministre de la Justice, Alexis Thambwe Mwamba, qui a déclaré à Genève que cette manifestation n’avait rien de pacifique, les forces de défense et sécurité ayant accompli leur travail pour stopper les pillages. Pour sa part, la Procureure de la CPI, Bensouda, a dit suivre à la loupe la situation des violences à Kinshasa dont certains crimes commis pendant les deux jours relèvent de sa compétence.
Octave MUKENDI
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