«Je voudrais, devant toute l’opinion nationale et internationale, confirmer, des sources ougandaises, que Makenga et tous les éléments des ex-M23 ont fui des milieux où ils étaient hébergés à destination de la RD-Congo pour vouloir attaquer encore une fois la RD-Congo», a alerté le gouverneur du Nord-Kivu lors d’un point de presse tenu à Goma, dimanche 15 janvier 2017
Plusieurs fois amnistiés et intégrés dans les institutions de la République au niveau des forces de défense et sécurité ainsi que dans l’exécutif, les rebelles de l’ex-Mouvement du 23 mars 2009 -M23- ont pris le goût de lancer des attaques à répétition contre la RD-Congo. Alors que ce mouvement était vaincu et plusieurs de ses combattants arrêtés, amnistiés et libérés des geôles de la RD-Congo, voilà que ceux qui s’étaient exilés en Ouganda après la défaite de leur mouvement en 2013 sous la puissante contre-attaque de l’armée RD-congolaise déclenchée par le colonel Mamadou Ndala, viennent de se déployer dans la partie orientale de la RD-Congo pour l’attaquer de nouveau. L’alerte est donnée par Julien Paluku, gouverneur du Nord-Kivu. C’est à prendre au sérieux. Le plan de la déstabilisation de la RD-Congo est toujours à l’ordre du jour de ses ennemis.
C’est une mauvaise nouvelle pour la RD-Congo en général et les habitants du Nord-Kivu en particulier. «Une nouvelle guerre contre la République démocratique du Congo se prépare à partir de l’Ouganda», a alerté Julien Paluku, lors d’un point de presse tenu dimanche 15 janvier 2017 en sa résidence à Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu. A en croire le gouverneur, l’ancien colonel de l’ex-M23, Sultani Makenga avec d’autres officiers de cette rébellion viennent de s’échapper pour la deuxième fois de leur résidence surveillée en Ouganda et se dirigent vers Bunagana, localité frontalière entre la RD-Congo et l’Ouganda, à 70 km au Nord-est de Goma.
Fuite de Makenga et des éléments ex-M23 de leur lieu d’hébergement
Julien Paluku n’a pas mâché ses mots pour dénoncer ce plan de déstabilisation de la RD-Congo à partir d’un pays voisin. «Je voudrais, devant toute l’opinion nationale et internationale, confirmer, des sources ougandaises, que Makenga et tous les éléments ex-M23 ont fui des milieux où ils étaient hébergés à destination de la RD-Congo pour vouloir attaquer encore une fois la RD-Congo», a-t-il alerté en condamnant l’Ouganda qui, selon lui, formate cette entreprise meurtrière. Et d’ajouter: «c’est ici l’occasion de dénoncer les autorités ougandaises qui laissent faire ce genre d’activités. Le 11 novembre 2016, j’avais fait la même sonnette d’alarme et il avait intercepté pour taire cette aventure». Le gouverneur du Nord-Kivu a affirmé qu’une trentaine parmi ces assaillants armés tentent «de rassembler les mécontents du M23» pour attaquer de nouveau la RD-Congo et déstabiliser le pays. Lambert Mende Omalanga, porte-parole du gouvernement RD-congolais a confirmé les informations données par Julien Paluku à l’Agence France Presse -AFP, évoquant même de combats avec l’armée sur le territoire RD-congolais. Même son de cloche du côté de son homologue de la Défense, Crispin Atama Tabe, qui a aussitôt demandé par courrier au Mécanisme de vérification de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs de procéder «de toute urgence» à la vérification de ces informations. Mais jusqu’ici, la haute hiérarchie des Forces armées de la République démocratique du Congo -FARDC- n’a pas encore parlé d’un quelconque combat sur le territoire national.
Accusations régulières de Kinshasa contre le Rwanda et l’Ouganda
Selon RFI, du côté de la frontière, en Ouganda, on restait prudent. Le capitaine Timbaganya, porte-parole de larmée dans la région, a déclaré qu’il ne confirmait ni n’infirmait les propos des autorités RD-congolaises. «Une enquête est en cours, a-t-il déclaré. Notre armée sécurise la frontière». Le M23 est le dernier mouvement des rébellions à dominance tutsi soutenues par le Rwanda et l’Ouganda dans l’Est de la RD-Congo qui avait été vaincu en novembre 2013 par l’armée RD-congolaise avec l’appui de la Mission de l’ONU en RD-Congo -MONUSCO après dix-huit mois de guérilla au Nord-Kivu. Déjà en décembre 2013 à Nairobi, le M23 et Kinshasa avaient signé des engagements pour, notamment ouvrir la voie au rapatriement de la plupart des combattants de l’ex-rébellion en vue de leur réinsertion dans la vie civile. Selon le gouvernement RD-congolais, seuls 193 miliciens sur 1.500 ont été rapatriés d’Ouganda et 13 sont volontairement rentrés du Rwanda sur les quelques centaines qui y étaient hébergés. Kinshasa accuse régulièrement le Rwanda et l’Ouganda d’avoir laissé «ces criminels circuler librement» sur leurs territoires respectifs alors qu’ils devraient être jugés. Ces nouvelles menaces sont à prendre au sérieux.
Octave MUKENDI
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