Politique

Eduard Kabukapua: «Nangaa est allé vite en besogne»

Les élections promises par la Commission électorale nationale indépendante -CENI- sont reportées sine die. Son président Corneille Naanga l’a annoncé unilatéralement le 7 juillet 2017 lors d’une importante réunion organisée au siège de l’Organisation internationale de la Francophonie -OIF- à Paris en France. Du coup, la polémique est née dans l’opinion tant nationale qu’internationale. Pour Eduard Kabukapua, ancien ministre des Affaires foncières, avocat et cadre de la Majorité présidentielle -MP- ainsi que notable de l’espace kasaïen, le n°1 de la CENI est allé vite en besogne. Il a également évoqué le forum du Kasaï sur la paix voulu par le Chef de l’Etat qui, à l’en croire, pourra baliser la voie pour des élections apaisées. «Il est sans doute vrai que toute vérité n’est pas bonne à dire. Encore faudra-t-il choisir l’opportunité pour s’exprimer d’une manière ou d’une autre? Corneille Nangaa, comme on le sait, gère un organe technique ayant pour mission essentielle d’organiser les élections», a fait observer Eduard Kabukapua. A l’en croire, les élections sont le thermomètre de la démocratie, dans la mesure où toute la population ne peut pas se retrouver et décider elle-même sur son avenir.
Voilà pourquoi, a-t-il poursuivi, par voie de mandat accordé aux élus, cette population peut s’exprimer d’une manière ou d’une autre concernant la gestion de la chose publique. Selon Edouard Kabukapua, il n’appartient à personne de pouvoir refuser ce droit à qui que ce soit. Dans le cas qui concerne la RD-Congo, le notable kasaïen a affirmé qu’il est vrai qu’il y a des problèmes dans le grand Kasaï. Un problème criant d’insécurité. «Nous étions avisés, nous avions déjà aperçu cela. C’est-à-dire, la situation sécuritaire qui règne dans cette partie de la République n’était pas favorable non seulement à l’identification des électeurs mais aussi et surtout à l’organisation des élections», a souligné Kabukapua. L’interlocuteur d’AfricaNews s’est par ailleurs interrogé sur le moment choisi par le président de la CENI pour annoncer la non tenue des élections en décembre 2017. «Nangaa l’a précipitamment dit. Est-ce important de le dire? Je crois que non. Parce que la question des élections relève ou remonte de différents accords signés par les acteurs politiques tant à l’Union Africaine qu’au Centre interdiocésain. En plus, l’organe de suivi n’est pas mis sur pied, alors que c’est à ce niveau-là qu’on devrait évaluer le processus tel qu’il a été déclenché», a-til expliqué.
L’ancien ministre des Affaires foncières a laissé entendre que Nangaa a coupé l’herbe sur le pied de la CENI. Pour lui, il est presqu’impossible voire incertain d’enrôler, à l’heure actuelle, toute la population du grand Kasaï. Kabukapua a évoqué l’insécurité criante qui ne va pas permettre la tenue des opérations d’enrôlement dans cette partie du pays. «Il m’est arrivé de faire le mouvement vers le grand Kasaï, plus particulièrement à Kananga et il m’a été difficile de pouvoir circuler comme je le faisais auparavant. C’est chez moi, mais il y a de ces frères à qui je n’ai pas rendu visite, parce que j’étais dans des coins où l’insécurité était au zénith», a-t-il renseigné. Forum sur la paix Par ailleurs, Edouard Kabukapua a salué l’initiative du Chef de l’Etat Joseph Kabila d’organiser un grand forum sur la paix, très attendu par la population du grand Kasaï. Selon lui, à ce grand rendez-vous, les participants doivent bénéficier de la confiance de la population, parce qu’il y a de ces noms-là que l’on ne peut pas citer sur place.
«Il s’agit de ceux qui ont créé et entretenu la confusion. Aujourd’hui, on devra établir des responsabilités à charge de ceux-là qui ont mal géré la province jusqu’à conduire au phénomène Kamuina Nsapu. C’est ce phénomène-là qui éloigne, aujourd’hui, des élections. Aujourd’hui, je n’ai pas peur de le dire bien que membre de la MP, j’ai difficile à avoir un discours lorsque je descends chez moi…», a fait savoir ce notable du grand Kasaï, soutenant à ce qu’on invite, à ces assises voulues par le Chef de l’Etat, des gens épris de paix, soucieux du développement de la province. «On ne peut gouverner que les hommes vivants, et non les morts. J’ai peur que le sang coulé puisse crier vengeance un jour. Ce n’est pas notre souhait.
Voilà pourquoi je souhaite que l’on se retrouve, fils et filles de ce grand Kasaï, pour donner l’unité et enfin la paix et le développement à la province», a-t-invité. Edouard Kabukapua reste convaincu que ce forum tant attendu par la population du Kasaï pourra baliser la voie pour des élections paisibles. Cela parce qu’l y a un prix à payer. «Il faut y aller dans la sincérité et se regarder en face. Il ne faudra pas qu’on y aille pour laver les gens, c’està-dire déculpabiliser des forfaits qu’ils ont perpétrés dans cette province. Ce ne seront pas des assises pour blanchir qui que ce soit», a-il suggéré.
 
Bijou KULOSO

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