
Une marche de protestation et de colère organisée simultanément par les agents de la Direction générale des migrations -DGM- à Uvira, au Sud-Kivu, et à Beni, au Nord-Kivu, a été stoppée net il y a un dizaine de jours. Les sources qui rapportent cette information à AfricaNews indiquent que les agents de la DGM dans ces deux directions provinciales stratégiques tenaient ainsi à manifester leur mécontentement contre une décision prise par le Directeur Général de ce service de l’Etat et portant permutation de près de 300 agents. Le climat morose a contraint le DG à faire une honteuse courbe rentrante.
Le 22 février 2014, le Directeur général de la Dgm, François Beya avait signé, à partir de Kinshasa, une décision portant mutation des agents dans les deux Directions provinciales du Nord et du Sud Kivu. Par cette décision, près de 180 agents devaient quitter Uvira pour Goma et près de 120 autres devraient faire le mouvement inverse. Selon les sources du journal dans les deux provinces, aucune raison valable ne justifiait cette décision «si ce n’est pas le souci de chercher à caser les proches».
Avant de poursuivre: «beaucoup de cadres de ces deux provinces ont été sacrifiés au profit de la coterie. En plus du fait que d’autres encore qui exerçaient les fonctions importantes de chef de division ou chef de poste, par exemple, ont été rabattus au rang des simples officiers des migrations». Ce qui est tout dit. Mis au parfum de ces faits et gestes, les analystes avertis rapportent pour leur part que ce service stratégique de l’Etat est dirigé, à ce jour, comme une propriété privée. Ici, indique-t-on, seul le Directeur Général a droit sur tout. A titre d’exemple, on raconte, dans les milieux proches du ministère de l’Intérieur, que toutes les restructurations opérées le sont pour le bonheur du tout puissant DG.
On rapporte, à cet effet que tous les postes juteux sont occupés par les proches de François Beya comme l’attestent les dernières affectations à l’Aéroport international de N’Djili, au beach Ngobila à Kinshasa, dans les postes de Doko, Aru en Province Orientale et Kasindi et Grande-barrière dans le Nord-Kivu. Le cas qui fait scandale ces jours à la DGM est celui d’un certain Mubengayi, ancien chef de poste de Kasindi, que la DGRAD a accusé de détournement des fonds -on parle d’environ USD 50.000- générés par la vente des Laisser-passer mais que le DG François Beya a permuté pour le poste du port de Goma, laissant ainsi le forfait impuni.
Courbe rentrante
Des cas analogues sont légion. Et sentant le danger venir du fait des frustrations qu’il vient délibérément de créer dans le chef des agents de la DGM, François Beya, apprend-on de sources crédibles, a fait une courbe rentrante en ordonnant la surséance de ce mouvement du personnel dans les deux Kivu jusqu’à nouvel ordre. Mais pour combien temps encore? Pas plus tard que fin janvier 2014, François Beya avait, dans les conditions que celles décriées ci-haut, procédé au commissionnement en grades de 3.500 agents.
Les experts du ministère de la Fonction publique qui ont eu accès à ces documents sont restés perplexes quant à la manière dont ce commissionnement a été opéré. Il y a sur ces listes, explique-t-on à la Fonction publique, des agents qui ont bénéficié de 3 voire 4 grades d’un coup alors que les plus méritants n’ont bénéficié d’aucune promotion. Des recrues se sont vues commissionnées au grade d’inspecteur! «Dans quelle société les choses se passent-elles ainsi?», s’interroge un cadre au ministère de la Fonction publique. Avant d’asséner: «Plus grave, dans ce commissionnement, le DG a conféré des grades d’Administrateurs principaux, le grade le plus élevé, à quelques agents de son obédience».
Aux ministères des Finances et du Budget, aucune indication sur les commissionnements opérés à la DGM n’est signalée. Ce qui pousse à croire que Beya a engagé tout seul les autres institutions dans cette démarche. La conséquence directe de ce mépris reste que les agents promus se contentent des grades sans retombées financières. C’est amuser la galerie. Rien d’autre.
Ceci est un cri d’alarme qui vaut toute son importance. La DGM évolue de scandale en scandale. Il y a eu un temps que l’opinion a été mise au parfum de l’existence d’un réseau de trafic d’enfants congolais et dont les indices de collaboration remontaient jusque à cette Direction, mais cela n’a ému aucune conscience. Aujourd’hui plus qu’hier, la DGM mérite bien l’attention des dirigeants du pays et éviter qu’elle ne soit gérée par défi.
KISUNGU KAS