La signature de l’accord sur le rapatriement du corps d’Etienne scelle en réalité le début d’un mariage entre la MP et le fils Tshisekedi. En janvier, renseigne une source proche de la rue Pétunias, Félix Tshisekedi avait repoussé les contacts avec l’envoyé spécial du président Kabila, exigeant d’abord un signal fort allant dans le sens d’enterrer son père. Dans la foulée, les ponts ont été jetés entre l’envoyé du Chef de l’Etat et le chef de la famille Tshisekedi, Mgr Gérard Mulumba. Sur la table: le dossier de l’enterrement du lider maximo et la Primature pour Félix Tshisekedi. Le deuxième dossier dépend de l’exécution du premier. Sur ce, le Chef de l’Etat n’a pas hésité à démontrer sa bonne foi. Selon un membre de la famille, la partie kabiliste a jusqu’ici fait preuve d’une très bonne foi: «même les arriérés de la morgue ont été payés sans problème». Et jamais un sans deux, le 21 avril, un accord a été signé entre les deux parties auxquelles s’est ajoutée l’UDPS.
On le sait, tout ça n’est pas gratuit. L’objectif final est connu. Il s’agit d’avoir le fils Tshisekedi à la Primature afin d’apaiser l’opinion et surtout couper court à toutes les revendications autour de la mise en application de l’Accord de la CENCO. Et sur ce, confie un proche du président RD-congolais, le Raïs joue correctement sa partition. Au fils Tshikas de jouer la tienne. Se confiant aux confrères de Jeune Afrique et de RFI il y a peu, Félix Tshisekedi a fini par reconnaître l’existence de ces contacts, affirmant n’être pas directement impliqué. Côté MP, la question a été gérée loin de tous les regards indiscrets.
Contenu du protocole d’accord
Une étape a été franchie dans le processus du rapatriement de la dépouille d’Etienne Tshisekedi en RD-Congo, le leader de l’opposition décédé le 1er février 2017 à Bruxelles. Plus d’un an après sa mort, les autorités RD-congolaises, la famille de l’ancien leader et l’UDPS se sont enfin réunis pour cette cause. A tour de rôle, les quatre personnalités ont signé le protocole d’accord en présence de Jean Mbuyu Luyongola, Conseiller spécial du Chef de l’Etat en matière de sécurité qui apparait comme le principal artisan de l’avancée constatée dans ce dossier. Côté gouvernement, il y avait Henri Mova Sakanyi, vice-Premier ministre en charge de l’Intérieur, et André Kimbuta Yango, Gouverneur de la ville de Kinshasa. Pour la famille biologique, Mgr Gérard Mulumba, jeune frère du défunt et pour l’UDPS, le secrétaire général Jean-Marc Kabund. «L’Etat RD-congolais prendra en charge tous les frais. Le Palais du peuple a été retenu pour les recueillements ainsi que les hommages officiels et populaires. La durée de ces hommages est fixée à environ 48 heures», a signifié Mgr Gérard Mulumba qui a lu le communiqué conjoint convenu entre les trois parties. Et de poursuivre: «Une commission spéciale de 9 personnes chargée de l’organisation des funérailles est mise en place. Elle est présidée par le ministre de l’Intérieur, assisté d’un représentant de la famille et celui de l’UDPS». Quant au lieu d’enterrement, il a été convenu que le Sphinx repose pour l’éternité dans la concession familiale située dans la commune de la N’sele, à 50 km du centre-ville.
Content du fait que les entraves pour le rapatriement du corps de l’opposant historique, Etienne Tshisekedi ait été levées, le VPM Henri Mova Sakanyi s’est exprimé en ces termes: «Nous allons finalement nous exécuter pour que tout se passe dans la paix, dans l’honneur que nous devons rendre à l’illustre disparu».
La date pour le rapatriement du corps de l’ancien Premier ministre devra être fixée par la commission spéciale instituée à cet effet. Mais au niveau de la famille biologique, le souhait est que cela puisse avoir lieu d’ici avant la fin du mois de mai 2018.
Olitho KAHUNGU