«On a quand même beaucoup blagué dans ce pays. On blague trop dans ce pays. C’est tout le monde qui se permet de rêver la nuit: élections à telle date. Et on commence à prendre ça comme une référence. Vous violez la loi! Respectons la loi! Nous tenons à l’indépendance de la CENI et cette indépendance envers tout le monde…», a largué le président de la Centrale électorale
Il a la niaque ce Corneille Nangaa Yobeluo, président de la Commission électorale nationale indépendante -CENI. En tout cas, ses propos tenus lors de la conférence de presse sur le lancement officiel de l’opération de révision du fichier électoral dans les provinces du Haut-Katanga, Haut-Lomani, Lualaba, Sud-Ubangi, Mongala, Equateur et Ituri, poussent à le croire. Alors que les travaux du Centre interdiocésain d’où pourraient sortir, comme le soutien le Rassemblement en particulier, un calendrier fixant l’élection présidentielle en 2017 et même un nouveau bureau de la CENI, Nangaa, lui, reste visiblement imperturbable. Son seul objectif: relever le défi de la réussite du processus électoral. Lors des échanges avec les journalistes, l’homme s’est montré particulièrement intraitable sur la question du calendrier électoral qui, conformément à la loi, est une prérogative exclusive de la CENI.
«Ceux qui s’évertuent à annoncer des dates des élections en dehors de la commission, violent la loi et ils tentent même de violer l’indépendance de la CENI. C’est bien beau de dire qu’on veut la CENI indépendante. L’indépendance de la CENI doit être garantie. Et cette indépendance se fait aussi bien aux partis de la Majorité que de l’Opposition, à la Communauté internationale que à toutes les parties prenantes», a largué le président de la Centrale électorale le lundi 12 décembre à la Maison des élections. Puis: «on a quand même beaucoup blagué dans ce pays. On blague trop dans ce pays. C’est tout le monde qui se permet de rêver la nuit: élections à telle date. Et on commence à prendre ça comme une référence. Vous violez la loi! Respectons la loi! Nous tenons à l’indépendance de la CENI et cette indépendance envers tout le monde…». Puis encore: «élections en 2017, élections en 2018, élections en… je ne sais pas quelle date, seule la CENI doit vous donner le calendrier. Cependant, parce que nous gérons les élections comme arbitre, nous consultons les parties prenantes. Nous tenons compte de leurs avis et considérations pour dégager un calendrier».
Loin de s’arrêter là, Corneille Nangaa a également tenu à éclairer les RD-Congolais, particulièrement ceux qui sont tentés de confectionner des calendriers. «Pour ceux qui espèrent avoir les élections en 2017, je dirai même, pour ceux qui espéreraient en avoir un peu plus tôt, ce que la CENI ne choisit pas des dates en fonction de rien. La CENI élabore un calendrier en fonction de ce qu’on appelle contraintes techniques et opérationnelles», a-t-il expliqué. Et d’expliciter: «ça veut dire que lorsqu’on doit organiser un scrutin, en ce qui concerne le déploiement, par exemple, je dois m’assurer que tout le matériel est arrivé aux bureaux de tous les villages où se tiendront les scrutins, dans la mesure où l’élection ne se tient qu’un jour sur tout le territoire national. Ceci m’amène à dire que la date du scrutin doit être la dernière date nécessaire qui me permette de voir que le dernier centre ou le dernier site de vote est équipé en personnel et en équipement. Ce n’est donc pas par hasard».
Le calendrier ne sera ni un calendrier de la Majorité, ni de l’Opposition, ni de la CENCO, ni de la Communauté internationale
En bon technicien des élections, le président de la CENI a pris le temps d’expliquer de façon succincte mais claire comment son institution travaille afin de produire un calendrier. «C’est ainsi que nous avons présenté aux acteurs. Nous disons: en fonction des options choisies, si vous me dites: organisez seulement un seul scrutin, la CENI vous dira qu’en fonction de ce seul scrutin, voici le temps requis pour y arriver. Et si on nous demande d’organiser deux scrutins, nous donnons aussi les prérequis en termes préparatoires pour arriver à ces deux scrutins. Mais quand on nous donne trois ou quatre scrutins, nous donnons aussi des indications. C’est ce que nous avons fait», a-t-il conclu avant de poursuivre: «allons-nous nous contredire avec ce que nous avons dit à la Cité de l’Union africaine? Jamais. Parce que les calculs que nous avons faits, nous les avons faits sur base de nos contraintes et nous nous en tiendrons à ça. Est-ce que dans cette nouvelle discussion, ils vont changer l’option qui a été prise à la Cité de l’UA? C’est possible.
Dans ce cas, nous leur donnerons aussi les contraintes y afférentes». Pour fermer la parenthèse, Corneille Nangaa a rappelé une fois de plus, l’indépendance de la CENI: «Donc 2017, 2018, ou telle date, ne violez pas la loi. Nous allons publier le calendrier. Et le calendrier de la CENI sera le calendrier de la CENI. Ça ne sera pas un calendrier de la Majorité, ça ne sera pas un calendrier de l’Opposition, ça ne sera pas un calendrier de la CENCO, ça ne sera pas un calendrier de la Communauté internationale. Nous le disons à qui veut nous entendre».
Hugo Robert MABIALA
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