Outre des créances impayées de la RVA en millions de dollars, la précarité de la trésorerie vient d’amener les membres du Conseil d’administration de cette compagnie aérienne à arrêter des mesures drastiques relatives à la réduction de 17% des salaires de tous les agents et cadres à partir de fin janvier 2017
José Makila Sumanda, Modeste Bahati Lukwebo et Wivine Mumba, respectivement vice-Premier ministre et ministre des Transports et communication, ministre d’Etat en charge de l’Economie nationale et ministre du Portefeuille, se trouvent au chevet de la compagnie aérienne d’économie mixte Congo Airways. A la demande de la hiérarchie, ces membres de l’Exécutif ainsi que les dirigeants de l’Autorité de l’aviation civile -AAC/RD-Congo- sont appelés à trouver des solutions idoines et durables aux difficultés récurrentes qui plombent l’exploitation de ce transporteur aérien dont le bulletin de santé ne semble guère reluisant.
Série de mauvaises nouvelles pour Congo Airways. Cette société portée sur les fonts baptismaux il y a à peine un an et demi à grand battage médiatique, a du plomb dans les ailes. Lorsqu’«AfricaNews» a tiré la sonnette d’alarme sur le non-respect des procédures relatives à l’achat et l’importation des aéronefs de Congo Airways en conformité avec la règlementation en vigueur en RD-Congo, les membres de «Maniema Union» ont tous crié à un acharnement, voire au scandale. Or, l’aviation est l’un des rares secteurs où la transparence dans la production, l’exploitation, l’entretien, la maintenance et la cession des aéronefs sont soumis à une très grande publicité. En clair, le secret n’existe pas dans ce domaine. Maintenant que les deux Airbus A320-216 de Congo Airways viennent d’épuiser la période de tolérance par rapport à la butée calendaire, ils doivent impérativement subir les travaux de grande visite technique. Ce qui est le cas pour l’un de ces moyens courriers qui se trouve déjà en check général dans des ateliers spécialisés d’un pays du continent. Ces travaux peuvent prendre beaucoup de temps, le tout étant aussi fonction des liquidités disponibles pour le paiement diligent de tous les frais liés à ce check.
Multitude des plaintes incessantes de la population
Et pourtant, l’AAC aurait dû exiger que ces aéronefs subissent au préalable le check de 8 ans, l’application des AD’s sur les moteurs et que tous les ensembles puissent disposer des potentiels résiduels importants pour se conformer à la loi et dans l’intérêt aussi bien de cet opérateur aérien que de la population. Enfin, mieux vaut tard que jamais. La flotte de Congo Airways se trouve maintenant amputée du Q400 Bombardier Dash 8 Kimpa Vita cloué au sol pour des raisons techniques depuis plusieurs mois. Ceci relance la problématique des dispositions à prendre en amont avant l’acquisition de tout aéronef qui impose l’acquisition de toute la documentation technique, l’achat des pièces de rechange et leur consignation dans le magasin technique, la formation et la qualification du personnel technique appelé à intervenir pour la réparation des éventuelles pannes ou l’exécution des checks mineurs exigés par le constructeur et les autorités aéronautiques, etc. Cette réduction de la flotte a des conséquences sur le respect de l’horaire publié. D’où la multitude des plaintes incessantes de la population épinglée par le ministre Bahati sur la qualité des services rendus.
Créances impayées de la RVA en millions de dollars US
Sur le plan de l’exploitation, des voix s’élèvent dans les rangs des gestionnaires des aéroports pour fustiger la dette sans croissante contractée par Congo Airways vis-à-vis de la Régie des voies aériennes -RVA. A en croire certains cadres qui ont requis l’anonymat, le nouveau transporteur aérien ne s’est jamais acquitté de ses obligations depuis le début de son exploitation et la facture liée aux redevances aéronautiques et taxes aéroportuaires aurait dépassé le million et demi de dollars américains. Cette situation serait à la base des velléités de soulèvement de la part de certains agents de la RVA. Pour contourner cette patate chaude léguée par le gouvernement Matata et rentrer dans les fonds dont leur entreprise a grandement besoin pour tant de services rendus, ces mêmes sources indiquent que les dirigeants de la RVA envisageraient sérieusement de faire porter ce lourd fardeau sur les épaules des passagers en procédant à l’augmentation de la taxe «go pass». Dans la foulée de ces dettes contraignantes, les pétroliers seraient aussi sur la liste des mécontents dont les créances risquent de se retrouver dans la rubrique des pertes et profits.
Réduction de 17% de tous les salaires des agents et cadres
Sur le plan interne, la précarité de la trésorerie vient d’amener les membres du Conseil d’administration de Congo Airways à arrêter des mesures drastiques relatives à la réduction de 17% des salaires de tous les agents et cadres à partir de fin janvier 2017 de manière à protéger l’emploi et la société. L’opinion se souviendra que dans ce registre la jeune société a déjà commencé à procéder à la réduction des effectifs. En principe, cette tendance devrait se poursuivre pour le redimensionnement du transporteur et le maintien des seuls effectifs répondant aux critères rigoureux du fonctionnement d’une compagnie aérienne. Le gouvernement n’est pas au bout de ses peines. L’ancienne équipe de l’Exécutif, consciente des faiblesses du transporteur aérien créé ex nihilo et qui ne dispose pas d’infrastructures techniques ni d’équipements appropriés, comptait sur la dissolution et liquidation illégales de Lignes aériennes congolaises -LAC SARL-, seule compagnie dans la sous-région à en disposer autant, pour donner du muscle à Congo Airways. C’est ce qui ressort des indiscrétions de certains membres des cabinets ministériels sortants. Contrairement aux agitations observées ces derniers temps dans un combat d’arrière-garde déclenché par les liquidateurs à travers les médias autour de l’aliénation de l’important patrimoine immobilier de la première compagnie aérienne nationale, les travailleurs réunis au sein de DAC-ONG, Collectif de défense des droits des agents et cadres de LAC, dénoncent avec la plus grande énergie cette supercherie visant à tromper l’opinion publique sur une hypothétique autorisation de vente des biens de leur société décidée par la Cour suprême de justice le 14 septembre 2016.
Dégâts incommensurables liés à l’ivresse du lait
Les pionniers de l’aviation civile en Afrique subsaharienne regrettent malheureusement que l’ivresse du lait ait plombé à ce point la démarche des liquidateurs qui sortent de la torpeur cinq mois après pour se morfondre dans un dangereux amalgame à travers une lecture biaisée de la décision de cette cour de cassation saisie en renvoi de juridiction. Ceci dans le simple but d’induire en erreur la nouvelle équipe gouvernementale. Sur le plan financier, l’Exécutif a du pain sur la planche. Depuis l’aube de sa création, le gouvernement des surdoués a toujours accordé chaque mois un appui financier consistant évalué en millions de dollars US à Congo Airways pour lui permettre de fonctionner normalement. Force est de noter que d’autres entreprises de l’Etat ne bénéficient nullement de cette manne. Le gouvernement Badibanga est tenu de maintenir cette bouffée d’oxygène au risque d’envoyer ce transporteur aérien à la trappe. D’où son obligation d’organiser l’exploitation aérienne en RD-Congo qui a grandement besoin de plusieurs opérateurs crédibles avec des aéronefs performants pour une desserte maximale de toutes les 26 provinces dans le strict respect des normes de sûreté et de sécurité et des directives de l’Organisation de l’aviation civile internationale -OACI.
Favoriser les alliances entre les exploitants aériens RD-congolais
Comme cela est de mise dans les pays à grande vocation d’exploitation aérienne tant en Afrique que sur d’autres continents, l’Exécutif gouvernement a le devoir de favoriser les alliances entre les exploitants aériens RD-congolais qui remplissent les conditions requises dans ce domaine de haute technologie où l’aventure n’est nullement permise. Ceci passe par une meilleure coordination des horaires, des tarifs rémunérateurs et à la portée de toutes les catégories sociales, le soutien institutionnel à tous les opérateurs, l’amélioration de la qualité des services offerts à la clientèle, etc. Partout ailleurs, les compagnies aériennes s’associent pour former de grands groupes en vue de faire face à la rude concurrence qui sévit dans ce secteur. La RD-Congo a tout à gagner en regroupant Congo Airways, Compagnie aérienne africaine -CAA- et Lignes aériennes congolaises -LAC- qui détient encore tous les atouts pour sa relance immédiate, en vue d’une une meilleure couverture de toutes les provinces du pays.*
Veiller à la présence de l’emblème national dans l’espace aérien international
De plus, l’Exécutif a l’obligation de refuser de placer la RD-Congo sous la coupe dominante des compagnies aériennes étrangères dans ce domaine de réciprocité, comme c’est le cas présentement où le pays se contente d’une portion congrue. Ce secteur sensible ne peut pas non plus être laissé entre les mains des prédateurs étrangers remettant en cause la souveraineté nationale tout en cautionnant la disparition de l’emblème national des espaces aériens continental et intercontinental. Au demeurant, tenant compte de la faiblesse des autres modes de transport, notamment fluvial, maritime, lacustre, ferroviaire et routier, l’aviation aura toujours un rôle prépondérant à jouer en RD-Congo pour faciliter les mouvements des personnes et de leurs biens sur de longues distances par des exploitants crédibles dans ce pays aux dimensions continentales.
Tino MABADA
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