«A défaut d’une enquête internationale, l’UDA-Originelle exige que soit mise en place une commission d’enquête mixte Gouvernement-MONUSCO-ONG des Droits de l’homme pour rassurer l’opinion de la crédibilité des conclussions de l’enquête», peut-on lire dans un communiqué publié jeudi 23 février 2017
Suite à la vidéo qui circule sur la toile évoquant les massacres des femmes et enfants sans sommation dans le grand Kasaï, le gouvernement de la RD-Congo, qui dénonce un montage grossier, vient de déployer une mission d’enquête composée de hauts magistrats militaires pour faire toute la lumière sur ses allégations. Du coup, des réactions ne tardent pas. Claudel-André Lubaya, député national élu du Kasaï Central et président national de l’Union démocratique africaine originelle -UDA-Originelle- rejette cette mission gouvernementale au motif que son parti ne croit pas en la sincérité du gouvernent de Kinshasa. Il propose le déploiement d’une mission d’enquête internationale et, à défaut, une mission d’enquête mixte Gouvernement-MONUSCO-ONG des Droits de l’homme.
Les voix se lèvent pour contester le déploiement de la commission d’enquête composée de hauts magistrats militaires appelés à faire la lumière sur les présumés massacres des femmes et enfants dans le grand Kasaï. Selon les éléments contenus dans une vidéo circulant sur la toile, ces actes seraient perpétrés par les militaires RD-congolais en mission dans cette partie du pays pour restaurer l’ordre public et mettre fin aux affrontements entre les forces de l’ordre et les partisans du feu chef coutumier Kanuina Nsapu. La diffusion de cette vidéo mettant en cause les éléments des FARDC, le gouvernement de la République, qui dénonce un montage grossier, vient de déployer une mission d’enquête composée de hauts magistrats militaires pour faire toute la lumière sur ces allégations. Le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende Omalanga, a fait cette annonce mercredi 22 février 2017 à Kinshasa en lançant un appel à témoignage.
L’UDA-Originelle ne croit pas en la sincérité du gouvernement
Pour sa part, dans un communiqué publié jeudi 23 février 2017, Claudel-André Lubaya, président national de l’UDA-Originelle, député national et ancien gouverneur de l’ex Kasaï Occidental, a affirmé que son parti a pris connaissance du communiqué du gouvernement annonçant une enquête sur les images vidéo des massacres perpétrés dans le Kasaï et fait une mise au point. «L’UDA ne croit pas en la sincérité du gouvernement à ce sujet et par conséquent continue à exiger une enquête internationale indépendante pour vérifier les faits et établir les responsabilités.
A défaut d’une enquête internationale, ce parti exige que soit mise en place une commission d’enquête mixte Gouvernement-MONUSCO-ONG des Droits de l’homme pour rassurer l’opinion de la crédibilité des conclussions de l’enquête», peut-on lire dans un communiqué publié jeudi 23 février 2017. Et de poursuivre: «l’UDA-Originelle fonde sa position sur le fait que suite aux événements malheureux de la semaine du 19 au 25 janvier 2015 ayant conduit à la disparition de plusieurs personnes, le gouvernement avait annoncé la mise en place d’une commission de hauts magistrats pour enquêter sur le charnier de Maluku. Deux ans après, force est de relever que le gouvernement n’a jamais communiqué ni la composition de ladite commission ni l’état d’avancement de la prétendue enquête, encore moins l’audition d’un quelconque témoin».
Crimes d’Etat, crimes de guerre et crimes contre l’Humanité
Pour l’UDA-Originelle, de pareilles et nombreuses annonces ont été faites dans le passé sans qu’elles n’aient abouti. Ce parti note que les massacres commis en plein jour au Kasaï sont constitutifs de crimes d’Etat, crimes de guerre et crimes contre l’Humanité du reste imprescriptibles commis par des agents publics en pleine opération. «Le gouvernement devra s’expliquer devant les instances indépendantes et impartiales pour établir toutes les responsabilités. Dans cette optique, l’UDA-Originelle exige la démission de tous les responsables concernés dans la chaine de commandement, en commençant par le ministre de la Défense dont le silence sinon l’indifférence s’apparente à du mépris pour les victimes, leurs familles et pour la nation tout entière.
Ce ministre ainsi que ses collègues des Affaires étrangères et de la Communication devraient être entendus par les enquêteurs pour leurs opinions officielles contradictoires en rapport avec ces odieux massacres par eux banalisés», a précisé le communiqué. Enfin, le parti de Lubaya condamne la profanation des paroisses catholiques à Kananga, à Kinshasa et à Lubumbashi et demande au gouvernement de prendre les mesures nécessaires pour sécuriser ces hauts lieux sacrés du culte catholique et de créer les conditions d’apaisement sur l’ensemble du territoire national. A cette fin, l’UDA-Originelle exige que les auteurs moraux et matériels de ces actes soient publiquement jugés en toute diligence afin de rétablir les victimes dans leurs droits. Au moment de boucler ce journal, nous apprenons que l’école catholique Saint Kizito vient encore d’être prise pour cible à Kinshasa, au quartier Kingabwa, dans la commune de Limete.
Octave MUKENDI
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