Politique

Burkina-Faso: l’alerte d’Olengankoy

Joseph Olengakoy
«Il n’y aura pas de Burkina-Faso en RD-Congo car nous n’avons pas les mêmes réalités sociopolitiques et culturelles, moins encore les mêmes intérêts. Cautionner les troubles dans notre pays c’est donner l’occasion à nos ennemis de le balkaniser», a déclaré Joseph Olenghankoy Mukundji, président de la plateforme Débout Congolais -DECO- lors de sa réunion politique de ce mardi à Kinshasa
Le printemps arabe a balayé des régimes dictatoriaux en Afrique du Nord et la révolte populaire burkinabé a chassé le président Blaise Compaore du pouvoir juste quand il tentait d’obtenir la révision constitutionnelle pour se taper un nouveau mandat, après 27 aux commandes du pays.
Depuis plusieurs avis s’enchainent pour voir se mouvement se propager sur les autres pays d’Afrique noire, où des chefs d’Etat seraient tentés de modifier la Constitution via le Parlement ou le référendum populaire pour se maintenir au pouvoir. Sur la toile et dans les médias, plusieurs leaders de l’Opposition RD-congolaise ont mis en garde la Majorité présidentielle contre toute tentative de révision au risque de voir le virus burkinabé infecter le pays.
Joseph Olenghankoy n’est pas de cet avis. Porté à la tête d’une plateforme politique de l’Opposition dénommée Débout Congolais -DECO-, le leader des FONUS a, dans une analyse faite devant ses troupes, indiqué que la RD-Congo n’est nullement à comparer au Burkina-Faso au motif que ce pays au cœur d’Afrique, regorgeant des richesses incommensurables, fait l’objet de convoitise du monde entier.
Olenghankoy prend date avec l’Histoire. Mardi 11 novembre 2014, à Kinshasa, lors de la réunion politique de cette plateforme politique regroupant plusieurs partis politiques de l’Opposition et quelques associations, Olenhankoy a appelé à l’apaisement, à la protection du peuple et de l’unité nationale en vue d’éviter d’ouvrir la brèche aux ennemis de la RD-Congo.
«Il n’y aura pas de Burkina-Faso en RD-Congo car nous n’avons pas les mêmes réalités sociopolitiques et culturelles encore moins les mêmes intérêts. Cautionner les troubles dans notre pays c’est donner l’occasion à nos ennemis de le balkaniser», a-t-il analysé. Selon Olenghankoy, la RD-Congo étant menacée de balkanisation, les troubles pourraient prêter les flans aux expansionnistes étrangers l’avoisinant de passer à l’acte.
Avec son franc parlé légendaire, l’homme qui côtoie les chancelleries occidentales et est au courant de plusieurs faits, a entrepris d’alerter, sensibilisant ses pairs à agir tout en tenant compte des particularités et de menaces qui pèsent sur la RD-Congo. C’est limpide comme de l’eau à boire pour lui. «Il y a eu la révolution au Burkina-Faso et cela a pris deux jours seulement, tout est revenu en l’ordre si bien que le président Compaore a été contraint à la démission.
Mais les pays voisins du Burkina, comme la Côte d’Ivoire, n’ont pas cherché à envahir ce pays pour s’en accaparer.  Mais si un tel mouvement se produit en RD-Congo, nous ne sommes pas sûrs qu’il pourrait prendre fin dans deux jours. On pourrait risquer des invasions de partout. Les Ougandais pourraient prendre la ville de Beni et les Rwandais celle de Goma. Ils ont manifesté cette ambition à plusieurs reprises et nous n’allons pas commettre l’erreur de leur ouvrir un boulevard», a-t-il souligné.
Et d’ajouter que la MONUSCO a déjà fait plus de 10 ans en RD-Congo alors que les tensions entretenues par l’Ouganda et le Rwanda persistent à l’Est du pays. Pour donner la garantie à ses pairs de continuer leur lutte non violente, Olengankoy leur propose de mener la lutte autrement. Selon lui, en politique il y a des dits et de non-dits. «Notre souci est de faire la politique autrement en privilégiant le dialogue par rapport à la fragilité de notre pays. Si ceux qui dirigent ne comprennent pas qu’il faut négocier, en ce moment nous allons leur dire que trop c’est trop.
Mais pour le moment ne cherchons pas à provoquer de mouvements susceptibles d’échapper à notre contrôle et plonger notre pays dans le chaos», a-t-il plaidé. Pour lui, l’objectif d’un homme politique n’est pas d’être nommé mais plutôt d’être élu car l’élection constitue un thermomètre par rapport au soutien populaire. Et d’insister : «Un homme politique qui n’est pas élu n’est pas un homme politique».
Il sied de noter qu’au cours de cette rencontre, tous les points qui touchent à la vie nationale ont été passés en revue y compris les troubles intervenus lundi 10 novembre 2014 à l’Assemblée nationale où les députés se sont battus suite au rejet d’une motion de défiance. DECO se réunit deux fois la semaine pour réfléchir sur la vie du pays et la conquête du pouvoir aux futures élections.
Octave MUKENDI
Mymye MANDA

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