Politique

A Paris, Kin-kiey appelle à la reconnaissance internationale de l’action de Kabila

Tryphon Kin-Kiey face à Christoph Boisbouvier au studio de RFI à Paris
Tryphon Kin-Kiey face à Christoph Boisbouvier au studio de RFI à Paris
Après l’appel de Masimanima, le ministre des Relations avec le Parlement et président de l’ASBL Kabila désir, Tryphon Kin-kiey, est de nouveau au front. Sa nouvelle cible la Communauté internationale, à laquelle il demande une reconnaissance de l’action de Joseph Kabila, l’homme qui a remis le pays sur les rails
On le croyait pourtant en vacances… Mais comment avoir tranquillement ses vacances et se la couler douce quand on est «petit soldat» du Raïs? Et surtout quand les enjeux de l’heure demandent une mobilisation tous azimuts à l’interne et à l’externe? Voilà pourquoi de passage à Paris, Tryphon Kin-kiey n’a pas du tout éviter le face à face avec Christophe Boisbouvier, journaliste à RFI, spécialiste en Interviews… un nom qui fait souvent trembler les politiciens. Même si le journaliste s’appelle Boisbouvier, Kin-kiey ne fait jamais la langue de bois.
Droit dans ses bottes, l’homme soutient haut et fort sa thèse: «la reconnaissance de l’action du Président Kabila». Depuis un temps, tous les efforts entrepris au pays par le Raïs sont incompris à l’extérieur et noyés par une campagne d’intox menée par certains opposants en perte de vitesse et qui recherchent leur légitimité à l’étranger. «Je ne milite pas pour un troisième mandat du président Kabila. Nous militons pour la reconnaissance d’un homme, Kabila, qui a permis à ce pays, le Congo, d’avoir la paix, d’avoir la stabilité et de se trouver dans une position de prospérité», fixe Tryphon Kin-kiey. Et d’ajouter: «La jeunesse a soif de rêves, et le rêve, ce sont des industries qui se mettent en place. Le rêve, c’est de l’emploi. Il y a beaucoup de chômeurs en effet.
Et je pense qu’aujourd’hui, avec une économie qui tourne, effectivement, le rêve du jeune va se réaliser. Le rêve, ce n’est pas forcément de descendre dans la rue. Justement si on descend dans la rue, on brise son rêve. Le rêve, c’est l’emploi!». Il y a des décennies que le Congo de Lumumba n’avait plus connu une croissance économique positive, parce que noyé par une dette extérieure monstre avec une production interne quasi nulle. Aujourd’hui, tous les indicateurs économiques sont au vert. Les prix des biens sur le marché sont stables.
La paie des fonctionnaires et agents de l’Etat n’est plus un mythe. Bref, le Congo de Joseph Kabila est de nouveau debout, fait savoir Kin-kiey. De quoi donner lui donner la force nécessaire pour vanter les mérites de son favori et exprimer cette soif de la population RD-congolaise qui aspire tant à la stabilité, la paix et le développement. Kin-kiey prend date. «Des hommes d’exceptions, ça ne vient pas tous les dix ans», affirme-t-il sans ambages, depuis Paris, l’un des bastions des combattants. Ci-après, l’intégralité de l’interview entre Tryphon Kin-kiey accordée à RFI.
RFI: Pourquoi militez-vous pour un troisième mandat de Joseph Kabila?
Tryphon Kin-Kiey Mulumba: Je ne milite pas pour un troisième mandat du président Kabila. Nous militons pour la reconnaissance d’un homme, Kabila, qui a permis à ce pays, le Congo, d’avoir la paix, d’avoir la stabilité et de se trouver dans une position de prospérité.
Vous militez pour qu’il reste au pouvoir au-delà de novembre 2016?
Nous disons qu’il y a une envie de Kabila.
Ce que vous appelez «Kabila-désir»?
Nous estimons que des hommes d’exceptions, ça ne vient pas tous les dix ans.
Donc vous pensez que c’est l’homme qui peut garantir le maintien de la paix dans le territoire congolais?
Aujourd’hui, très certainement. Nous avons 400 tribus, contrairement à d’autres qui n’en ont que deux ou trois. Nous sommes un pays-continent, donc ce n’est pas le premier quidam qui peut maîtriser un tel pays.
À Kinshasa, ce projet de troisième mandat pour Joseph Kabila est très impopulaire. La preuve, les manifestations qui ont fait reculer le pouvoir en janvier dernier sur l’affaire du recensement électoral. Votre forcing ne risque-t-il pas de faire redescendre les gens dans la rue?
Il faut expliquer aux gens. Il y a eu de la manipulation au niveau de Kinshasa. Oui, il y a des hommes politiques qui sont en pointe. Nous avons 400 journaux, nous avons 200 radios et télévisions. Je pense qu’il faut pouvoir canaliser ces moyens de communication, expliquer aux Congolais qu’ils comprennent que le besoin de paix est important. S’il n’y a pas de stabilité, on ne peut rien construire.
Mais depuis dix mois, depuis la chute de Blaise Compaoré, il y a une soif d’alternance qui s’exprime de plus en plus dans la jeunesse africaine. Ne craignez-vous pas un effet Burkina au Congo Kinshasa?
C’est quoi le Burkina Faso? Ce n’est pas un pays qui a la taille du Congo; c’est un pays qui n’a que deux ethnies. Le Congo en a 400, c’est différent.
Et cette jeunesse qui s’est exprimée à Kinshasa en janvier?
La jeunesse a soif de rêves, et le rêve, ce sont des industries qui se mettent en place. Le rêve, c’est de l’emploi. Il y a beaucoup de chômeurs en effet. Et je pense qu’aujourd’hui, avec une économie qui tourne, effectivement, le rêve du jeune va se réaliser. Le rêve, ce n’est pas forcément de descendre dans la rue. Justement si on descend dans la rue, on brise son rêve. Le rêve, c’est l’emploi!
Au Burundi, le passage en force de Pierre Nkurunziza pour un troisième mandat fait de nombreuses victimes. Ne craignez-vous pas le même scénario dans votre pays?
Ecoutez, le Burundi c’est un peu comme le Rwanda. Ce sont deux ethnies qui se combattent. Nous ne sommes pas dans la situation du Burundi. Je connais très bien l’est du Congo donc les problèmes du Burundi, avec des présidents qui sont morts. C’est le problème de l’Est, ce n’est pas le problème du Congo.
Et quand Barack Obama dit : «au bout de deux mandats, je m’en irai parce que c’est la loi, parce que j’aurai fait ce que j’ai à faire», que répondez-vous?
Ce que j’ai entendu de sa bouche, c’est: «Je suis fils d’un Africain», c’est: «Je n’ai pas de leçons à donner à l’Afrique», c’est: «L’Afrique a son destin en main».
Le démocrate chrétien Diomi Ndongala est en prison depuis deux ans pour une histoire de mœurs très controversée; le bâtonnier Jean-Claude Muyambo et les militants de Filimbi sont en prison depuis huit mois pour des raisons apparemment très politiques. N’est-il pas temps que le pouvoir fasse un geste?
Nous estimons que l’on ne peut pas arrêter indument des gens. Les droits de l’Homme doivent être respectés. Je connais très bien toutes ces personnes dont vous parlez, je connais Muyambo, c’est même un ami personnel. Il a siégé avec moi au sein de la majorité présidentielle et il a rejoint son ami Moïse Katumbi après l’avoir critiqué. Ils étaient opposés. Qu’est-ce qui les a remis ensemble? Je ne sais pas. Je connais très mal ces dossiers, mais j’estime que quand il s’agit des droits de l’Homme, c’est important. Ils doivent être respectés.
 
Vous plaidez pour la libération de Muyambo?
Je plaide pour que justice soit faite.
Et Diomi Ndongala?
La même chose. Diomi Ndongala est un homme que je connais parfaitement. S’est-il rendu coupable de ce pour quoi il est accusé? Je ne sais pas, je ne suis pas magistrat, mais j’estime que justice doit être faite.
Vous êtes pour une révision de la Constitution afin que le président puisse rester au pouvoir au-delà de 2016, mais dans la majorité présidentielle, on a le sentiment que les avis sont très partagés, que beaucoup préfèrent la stratégie du glissement, c’est-à-dire un report de la présidentielle à 2017, ou au-delà à 2018 ou 2019?
Que voulez-vous que je vous dise? Nous estimons que les Congolais doivent se retrouver lors du dialogue dont le président de la République parle et que, au cours de ce dialogue, un consensus doit être dégagé. Si le consensus est pour la révision de la Constitution, nous n’y verrions aucun inconvénient.
Vous préférez le scénario révision de la Constitution à celui du glissement?
Je pense qu’il faut être clair avec les Congolais. Le glissement, ça ne me dit rien, je pense qu’une révision constitutionnelle serait la chose la plus souhaitable.
Dans le calendrier politique, il est prévu sept élections d’ici la présidentielle de novembre 2016, est-ce que l’on arrivera à tenir un calendrier aussi serré?
Je doute fort. Je suis d’accord avec vous, je pense que l’on a mis le couteau à la gorge de la CENI -Commission électorale nationale indépendante, NDLR-, qui a donc craché ce calendrier qui est totalement difficile. Nous le savons, et les moyens ne suivent pas, nous le savons.
Donc vous pensez que c’est irréaliste?
Je pense que ce calendrier sera difficilement réalisable.
Et que les locales prévues en octobre n’auront pas lieu à cette date?
Je vois que l’on est déjà dans le glissement, et je pense que même l’opposition, quant elle demande que les nouveaux majeurs, c’est-à-dire des jeunes aujourd’hui qui ont l’âge de voter, puissent être pris en compte, je pense que l’opposition, sans le dire, est pour le glissement.
Mais si on est dans le glissement, est-ce qu’il n’y a pas risque de vide constitutionnel à partir de décembre 2016?
C’est pour ça qu’un accord doit pouvoir être trouvé avant ce terme.
 
  

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