Politique

A Congo Airways, la manipulation des comptes par des personnes extérieures met le feu aux poudres

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Le torchon brûle au sein de la société aérienne d’Etat Congo Airways dont les principaux dirigeants se livreraient une véritable lutte de positionnement. Ses effets collatéraux polluent déjà dangereusement l’atmosphère dans le milieu de travail pendant que l’entreprise se trouve encore au stade des balbutiements. Il faut être dans le sérail pour mieux percevoir  les dégâts causés par ce combat de leadership qui plonge ses racines dans un passé aux racines encore chaudes.
Création du nouveau transporteur sur les cendres de LAC-Sarl
Lorsque le Premier ministre est arrivé aux commandes de l’Organe exécutif, la dissolution de la compagnie aérienne nationale LAC-Sarl a été inscrite sur la fiche des cents premiers jours de l’exercice de son gouvernement, hélas sans étude préalable pour en dégager tous les contours. La création d’un nouveau transporteur aérien sur les cendres du «Léopard volant» a figuré au cœur d’une forte campagne médiatique menée urbi et orbi par le ministre des Transports et Voies de Communication devenu l’espace d’un matin le véritable chantre de la destruction systématique de LAC-Sarl dans l’opinion.
L’élimination physique de tout le patrimoine matériel et immatériel de cette compagnie nationale léguée à la postérité par le président Joseph Kasa-Vubu et son premier ministre Patrice-Emery Lumumba, a été confiée à un fils-maison puisé dans la coterie et qui répond au doigt et à l’œil à toutes les injonctions du géniteur du projet.
Comme il ne maîtrise pas toutes les ficelles en la matière, certains cadres de LAC-Sarl ont été mis à contribution pour donner corps à ce projet suicidaire. Tous les matériaux ont été puisés dans les projets et études tirés des tiroirs de la Direction des Etudes et Planifications de LAC-Sarl. Vive le «copier-coller». En fait, c’est LAC-Sarl qui devrait fournir toutes les infrastructures de base, les équipements, matériels et personnel qualifié pour permettre à la nouvelle unité de production, créée ex nihilo, de se lancer directement au front.
Le «cabinet molili» floué!
Mais, les choses se sont compliquées lorsque les personnes appelées à exécuter ce projet ont préféré se passer de l’expertise des majors de l’avenue du Port pour se focaliser sur le partage des restes du «Léopard volant». Ces gesticulations ont mis la puce à l’oreille des cadres et agents de LAC-Sarl qui sont aussitôt montés au créneau pour défendre bec et ongles leurs droits ainsi que la compagnie pour laquelle ils ont sacrifié toute leur jeunesse et investi énormément. LAC-Sarl, compagnie de référence, n’est pas le fruit du hasard. Aussi les travailleurs n’acceptent pas que des décideurs tapis dans l’ombre, puissent privilégier leurs intérêts égoïstes et bâtir leur fortune sur les cendres du «Léopard volant». Voilà pourquoi ces cracks de l’aviation civile ont-ils préféré utiliser toutes les voies légales pour rentrer dans leurs droits tout en assurant la survie de leur compagnie.
Pour revenir aux études en laboratoire du projet de la nouvelle société de transport aérien, lorsque le coordonnateur du «cabinet molili» a terminé son travail et remis ses conclusions à la hiérarchie, il s’attendait à une rétribution conséquente avec l’occupation d’un poste de premier plan. Hélas, préférence a été accordée à un brave professeur et conseiller de la Primature pour gérer la nouvelle société. Couac. Faisant bon cœur contre mauvaise fortune, tout le monde a fait semblant de cohabiter. En réalité, c’était un cocktail détonant en veilleuse que de mettre ensemble cet attelage.
Sur le terrain, des échanges mouchetés n’ont pas manqué à chaque rencontre autour du tapis vert. De petites phrases lourdes de sous-entendus, provocantes, à l        a limite incendiaires ont été entendues quelquefois, certains responsables faisant valoir leur expertise dans le transport aérien, d’autres refusant de se laisser intimider par ceux qui prétendent avoir la maîtrise des dossiers. Bref, tout pouvait voler en éclats à tout moment. Fort heureusement, l’architecte principal de cet ouvrage en était pleinement conscient et se permettait de les réunir autour de lui afin de colmater les brèches.
Démission spectaculaire d’un cadre de direction étouffée dans l’œuf
Cependant, le week-end dernier, tout le mur lézardé a failli s’écrouler. L’équilibre précaire a été sérieusement malmené et il a fallu une intervention énergique du géniteur du projet pour empêcher que la case ne soit emportée par le feu. Et pour cause? Le directeur commercial et marketing aurait été contraint de claquer la porte et aurait même déposé sa démission auprès de la hiérarchie.
Pourquoi ce clash? Selon certaines sources généralement bien informées, il ressort que la manipulation de certains comptes bancaires de la nouvelle société d’Etat par des personnes extérieures, sans l’aval de ses dirigeants, aurait fait sauter le verrou. Tiens, tiens! Si cela s’avérait exact, cela nous renvoie à la recette utilisée dans la compagnie de transport de surface «Transco» dont les dirigeants expatriés n’ont pas digéré cette manière de mouvementer les comptes de la société à leur insu jusqu’à jeter l’éponge et sauver ainsi leur honneur. Sic!
Selon d’autres sources, par contre, il s’agirait bel et bien d’une lutte interne de positionnement qui empoisonnerait les relations entre certains dirigeants de Congo Airways. Des doutes pèseraient sur certaines personnes dont les expertises vantées ne seraient nullement avérées au regard des résultats récoltés en ce début d’exploitation. Comme il n’y a pas deux crocodiles dans un même marigot, ces caractères forts éprouveraient de sérieuses difficultés d’évoluer ensemble sans qu’il n’y ait des étincelles.
 
Quand le géniteur joue au sapeur-pompier…
Or, ce projet est trop ambitieux aux yeux de son géniteur pour laisser pourrir une telle situation. Voilà pourquoi le week-end dernier, le géniteur a dû revêtir les équipements de sapeur-pompier pour demander à chaque protagoniste de mettre de l’eau dans son vin en privilégiant l’intérêt commun dans cette phase cruciale de l’implantation de la nouvelle société.
Dans les milieux de la profession où cette escarmouche s’est répandue comme une traînée de poudre, recommandation est donnée aux protagonistes de faire fi de leurs états d’âme, de prendre suffisamment de hauteur pour mieux gérer leurs tempéraments et leurs susceptibilités. L’aviation est un travail en commun où chaque maillon de la chaîne a son rôle à jouer. Agir autrement serait suicidaire.
YA KAKESA

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