Politique

5 leaders de l’Opposition au front pour le dialogue

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Quatre d’entre eux ont fait la guerre. L’un d’entre eux a même perdu son père dans des crises politiques, égorgé vif par les Mulelistes. A les en croire, aucune arme ne vaut la vertu «dialogue». Ils ont estimé qu’il faut se parler avant le chaos et non après. Pour eux, accepter le dialogue n’est pas un signe de faiblesse
Il n’est pas contre-indiqué de les nommer G5. Un groupe de cinq leaders de l’Opposition, et non de moindre, sont sortis du bois, vendredi 4 décembre 2015 au Royal Hôtel, pour soutenir le dialogue politique national inclusif convoqué par le Chef de l’Etat Joseph Kabila Kabange. Deux vice-présidents de la République honoraires, Azarias Ruberwa et Arthur Zhaïdi Ngoma, Steve Mbikayi, président du Parti travailliste -PT-, Justin Bitakwira de l’Opposition citoyenne ainsi que Mushi Bonane, président national et porte-parole de l’Opposition patriotique et républicaine -OPR- ont exhorté les RD-Congolais et autres politiciens hésitant de comprendre les vertus démocratiques du dialogue.
Dans une déclaration commune, lue par Hubert Efole, SG du RCD, le G5 a estimé que le caractère irréaliste du calendrier électoral publié par la Commission électorale nationale indépendante -CENI-, le climat politique préélectoral tendu et la nécessité d’avoir un processus électoral transparent et crédible dans le strict respect de la Constitution exigent un dialogue.
Quatre de ces leaders de l’Opposition sur cinq ont fait la guerre. A en croire leurs propos, ils ont fini par comprendre que les belligérances ne résolvent rien. Raison pour laquelle ils ont affirmé: «L’histoire politique de notre pays renseigne que toutes les crises majeures qui l’ont secoué, ont été résolues par voies du dialogue qui constitue une opportunité d’échanges entre partenaires politiques dans le respect de la Constitution. La convocation du dialogue politique par le Président de la République est un pas décisif vers la tenue du dialogue inclusif consacré par l’Accord-cadre d’Addis-Abeba et réclamé au départ par les membres de l’Opposition. Ce dialogue devrait avoir pour but essentiel de fixer les échéances électorales en vue de la tenue des élections dans le délai constitutionnel et de garantir un processus électoral sécurisé, transparent, crédible dans un climat apaisé». Et de poursuivre: «les membres de l’Opposition qui expriment encore des doutes sont invités à rejoindre la dynamique du dialogue pour prévenir des crises politiques et assurer un avenir meilleur au peuple RD-congolais».
Azarias Ruberwa, ancien vice-président de la République, a également estimé que le moment est critique et il est important de sauver la nation. Ex-belligérant, il ne voit aucune recette meilleure pouvant prévenir cette crise que la valeur dialogue. «Rien comme arme ne peut valoir le dialogue. Le Rassemblement congolais pour la démocratie -RCD- en est convaincu et en a compris la portée. Que ceux qui hésitent encore, rejoignent ceux qui ont cru aux vertus du dialogue pour produire des résolutions dans le strict respect de notre Constitution. Il ne faut pas attendre le moment de crise alors que nous avons la possibilité d’éviter à la nation de crises majeures», a-t-il exhorté.
Aucune alternative responsable en dehors du dialogue
Abondant dans le même sens, Arthur Zhaïdi Ngoma a invité la classe à conjurer ses divergences dans un dialogue non sans rappeler, connaissant l’histoire de la RD-Congo, d’où le pays est venu. Le président des Forces du futur s’est demandé s’il faut d’abord faire la guerre avant de dialoguer tout en estimant qu’aujourd’hui la RD-Congo, à quelques exceptions près, connait les mêmes problèmes qu’au moment du dialogue inter-congolais de Sun City. «Il ne faut pas oublier que le dialogue en Afrique n’est pas une valeur d’emprunt. Nous parlons de la palabre africaine c’est-à-dire un cadre où l’on peut se dire des vérités en face et trouver les raisons de continuer. Voilà pourquoi contre vents et marrées, nous nous battons pour le dialogue», a-t-il assuré. Pour lui, en dehors du dialogue, personne n’a suggéré une proposition ou alternative responsable donc il ne faut pas aller aux élections si on va reproduire tout ce que nous avons vu en 2006 et 2011.
Mushi Bonane, quant à lui, est pour le dialogue parce qu’il a analysé la situation socio-économique et politique du pays et a compris qu’il est important de consolider les valeurs démocratiques chèrement acquises. «Ne prêtons pas d’intentions à celui qui a convoqué le dialogue. Il faut y aller et comprendre si c’est pour l’intérêt du peuple. Au cas contraire, nous allons claquer la porte. Mais je pense que le Président Kabila a convoqué ce dialogue pour ne pas faire comme le Maréchal Mobutu qui avait dit qu’après lui c’est le déluge. Ce dialogue est pour nous conduire dans une alternance apaisée», a-t-il déclaré.
Steve Mbikayi, lui, a plaidé pour l’unité et la cohésion de l’Opposition. Il a invité tous les membres de l’Opposition de se mettre ensemble, de chercher des sages et des politiciens de très hautes factures pour aller au dialogue pour qu’il ne soit pas une occasion pour déchirer l’Opposition. «En étant divisés, c’est comme si on jouait le jeu du camp d’en face. Sur les cinq, il n’y a que moi qui n’ai pas fait la guerre. Tous les quatre ont fait la guerre et ont compris qu’il faut chercher la paix en dialoguant. Nous lançons donc un appel pathétique à tous nos frères qui souhaitent passer dans l’insurrection de refaire leurs calculs. On sait quand ça commence mais on ne sait pas comment ça se termine», a-t-il indiqué.
Victime des atrocités qu’a connues le pays depuis 1960, Justin Bitakwira s’est souvenu des conséquences politiques causées par des guerres. «En 1967, mon père a été égorgé vif par les Mulelistes alors que je n’avais que 7 ans. Donc, nous ne sommes pas ici pour blaguer plutôt comme des annonceurs à l’instar d’Abraham avant que Sodome et Gomorrhe ne brûlent ou encore Noé avant que le déluge n’arrive. Il n’y a que ceux qui n’ont jamais fait la guerre et ceux qui n’ont jamais vécu le chaos qui hésitent. Je pense qu’il est mieux de dialoguer avant le chaos au lieu de dialoguer après le chaos», a-t-il insisté.
Barick BUEMA

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