Quelques semaines seulement après la destitution du gouverneur de la province de l’Ituri, Jean Bamanisa Saidi, par l’Assemblée provinciale, la vérité sur cette affaire va bientôt triompher.
Des révélations troublantes seraient en voie de laver le Chef de l’exécutif provincial, en témoigne une lettre datée du 05 septembre 2019 qu’il avait adressée à l’Inspecteur général des finances. La correspondance de Jean Bamanisa avait pour objet, de diligenter une mission d’enquête pour faire de la lumière sur sa gestion financière et celle de la province de l’Ituri. La demande du Gouverneur a été faite après les spéculations sur le détournement des fonds alloués par le gouvernement central en faveur des déplacés de Djugu. C’est également ce dossier qui est à la base de la motion de défiance dirigée contre Jean Bamanisa par certains députés provinciaux en date du 20 novembre 2019. Certains observateurs et analystes politiques se posent la question de savoir pourquoi l’Assemblée provinciale n’a pas attendu l’aboutissement des enquêtes de l’Inspecteur général des finances qui, pourtant avaient été programmées initialement au 30 novembre 2019 ? La motion de défiance contre le gouverneur ayant été liée à plus de 80 % sur des questions de gestion, qu’est-ce qui explique cette précipitation pendant l’IGF reste jusqu’à preuve du contraire l’instance la mieux placée pour le contrôle des finances ? Jean Bamanisa avait même signifié dans sa lettre envoyée à l’IGF qu’une copie de ladite lettre adressée au ministre des Finances pour solliciter un appui financier en vue de faire face aux urgences sécuritaires dans le cadre de la consolidation de la paix en Ituri avait fuité. Le document renseigne également qu’étrangement, quelques jours après, la copie de ladite lettre et la ventilation des besoins avec accusée de réception du Ministère des Finances, s’est retrouvée entre les mains d’un député national originaire de la province de l’Ituri qui en a fait des dangereuses dénonciations à travers les médias et réseaux sociaux avec affirmations scandaleuses outrées, allant jusqu’à imputer au gouvernement provincial le détournement des fonds, pourtant destinés aux besoins stratégiques et sécuritaires sans qu’un moindre contrôle ait été réalisé, ni par l’Assemblée provinciale, moins encore quelques organes de contrôle légalement établi, pour en savoir les affectations comptables. «Ainsi donc, cette malencontreuse diatribe étant de nature non seulement à ternir l’image des institutions provinciales de l’Ituri et exposé le gouvernement provincial au discrédit et au mépris de l’opinion publique avec des conséquences très fâcheuses sur les stratégies opérationnelles de la zone de défense, nous vous serons gré de bien vouloir diligenter un contrôle de gestion en province de l’Ituri afin d’établir la lumière sur notre gouvernance financière et de juguler les spéculations», a conclu la lettre de Bamanisa. Et c’est en date du 01 octobre 2019 que l’IGF avait donné son accord en programmant cette mission pour le 30 novembre 2019 en l’élargissant sur l’Assemblée provinciale mais aussi sur les régies financières de la province. Le Gouverneur a sollicité le même contrôle pour la DGDA Ituri. C’est ici le lieu de se poser la question de savoir pourquoi les députés provinciaux ont signé cette motion de défiance contre le gouverneur sachant bien qu’une mission de l’IGF était en cours ? Qui a réellement peur de cette mission d’enquête ? Et curieusement dans sa lettre du 22 novembre, l’Inspection générale a même renvoyé cette mission jusqu’au mois de janvier 2020 et ce, sur demande du Gouverneur.
La procédure fait défaut
La motion de défiance votée le 20 novembre dernier par l’Assemblée provinciale de l’Ituri contre le gouverneur de province continue à susciter des réactions. L’auteur de la motion a retenu plusieurs griefs parmi lesquels, la gestion opaque du fond du gouvernement central en faveur des déplacés de Djugu, l’achat de 12 véhicules de la police à un montant exorbitant ou encore la vente des lingots d’or confisqués par la justice militaire au profit de l’Etat congolais. Dans cette affaire, des voix s’élèvent pour dénoncer la procédure qui pose problème aussi bien sur le plan politique. La motion est aussi tombée également au moment, étant donné que la province était en pleine organisation d’une grande rencontre économique sur le développement de l’énergie électrique de cette entité. Des sources sures renseignent que l’auteur de la motion de défiance contre le Gouverneur avait déposé son document lundi 18 novembre 2019 à 9h 44’, heure locale et seulement une heure après, soit 11 heures précises, que le document a été remis au Gouverneur. A en croire ces mêmes sources, le chef de l’exécutif provincial a sollicité en vain, le report de la plénière au jeudi 21 novembre, pour lui permettre de participer à la clôture de la première table ronde sur l’Energie électrique en Ituri. Ces assises étaient organisées du 19 au 20 novembre avec la participation d’au moins 37 entreprises et plus de 60 entrepreneurs venus d’ailleurs. Or, selon le règlement intérieur des Assemblées provinciales, le bureau a 7 jours pour examiner une motion avant de la transmettre au concerné qui lui, a 15 jours pour répondre devant les élus. Il peut même solliciter un report de la plénière tout en restant dans ce délai. A qui profite cette destitution précipitée de Bamanisa ? La vérité va éclater au grand jour.
TINO MABADA