Interview

Stanis Luabeya: «Nous soutenons l’état de siège et prônons le respect des droits humains»

L’état de siège décrété dans l’Est de la RD-Congo par le Président de la République est entré en vigueur le jeudi 06 mai pour une durée de 30 jours renouvelable. L’appel à la mobilisation populaire lancé par le Chef de l’Etat pour soutenir les Forces armées en vue de pacifier l’Est du pays rencontre l’assentiment de plusieurs acteurs politique. C’est le cas du secrétaire général adjoint et porte-parole de l’Alliance des démocrates congolais -ADECO-, parti cher au patriarche Jonas Mukamba Kadiata Nzemba, Stanis Luabeya Kamanji. Dans une entrevue avec «AfricaNews», ce jeune juriste formé à l’Université protestante au Congo -UPC- a salué cet état de siège et appelle au respect des droit humains. Il invite le peuple à soutenir les actions des FARDC. Entretien.

Comment votre parti a-t-il accueilli l’état de siège décrété par le Chef de l’Etat qui entre en vigueur dès jeudi 06 mai et les mesures d’applications y relatives?

Lorsque nous avons appris que le Président de la République a décrété l’état de siège dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu, nous avons accueilli cette nouvelle avec joie. A une situation exceptionnelle, il faut prendre des mesures exceptionnelles. La situation d’insécurité généralisée gangrénant cette partie du pays et menaçant l’intégrité territoriale a poussé le Chef de l’Etat à décréter cet état de siège. Il s’agit d’une mesure consistant à éradiquer l’activisme des groupes armés -ADF et consorts- dans cette région. Nous ne pouvons qu’applaudir et espérer dans le délai de 30 jours avoir des résultats attendus afin que ceux qui pensaient que l’Est est abandonné, comprennent que le Chef de l’Etat est de cœur avec sa population. A travers le levier constitutionnel, il y a eu lieu de répondre à la sécurisation et pacification de l’Est du pays via les actions des FARDC.

Que répondez-vous aux médias occidentaux qui pensent que les nouveaux gouverneurs nommés étant des anciens rebelles, rien ne pourrait changer dans l’Est du pays?

Nous avons l’obligation de soutenir nos forces armées. Lorsque le Président de la République a pris le pouvoir, il n’a pas créé sa propre armée. Il a trouvé une armée républicaine en place au nom de la continuité de l’Etat, les FARDC. C’est avec cette armée qu’il travaille. Dire aujourd’hui que tel est chef de guerre, c’est remettre en cause l’Accord global et inclusif de Sun City et tout ce qui a été fait sous la transition 1+4. Ne l’oublions pas, lorsqu’il y a eu mixage et brassage, tous les belligérants ont déversé leurs troupes au sein de notre armée.

Maintenant que le Chef de l’Etat les a trouvés, on ne peut lui faire un procès d’intention au motif que pourquoi a-t-il nommé un tel et pas un tel autre par rapport à la préférence. Le Chef de l’Etat est suffisamment informé et sait ce qu’il fait. Ce qui importe pour nous, c’est le résultat. Nous n’avons pas besoin de pointer du doigt les gens par rapport à leur passé dans les rébellions. Il y a une armée qu’il a trouvée, il fait avec. C’est l’essentiel. 

Des nouveaux gouverneurs nommés pendant les anciens, en suspension, continuent à jouir de leurs avantages sociaux. N’est-ce pas double dépense quand on sait que le pays n’a pas de moyens conséquents?

Je vous ai dit au début que nous sommes dans une situation exceptionnelle. Il y a lieu que nous puissions accepter des mesures exceptionnelles prises par notre Chef de l’Etat pour sauver le pays. Les gouverneurs et leurs vices sont élus par les Assemblées provinciales. Et si le Président les a nommés, au nom de l’état de siège, c’est constitutionnel. Cela pour une courte durée d’un mois renouvelable. L’objectif ici est d’arrêter les tueries, il y a eu beaucoup de morts en RD-Congo.

L’Est du pays bat le record. Et ce sont les mêmes médias internationaux-là, évoquant des anciens rebelles nommés, qui ne cessent de dénoncer ces tueries dans l’Est. L’état de siège fait que les gouverneurs et leurs vices soient des militaires et policiers, aucun pays ne peut déroger à cela quand il se trouve dans la situation de cet état. Qu’on cesse de nous distraire par des considérations inutiles. Nous devons applaudir ces mesures car les résultats attendus consistent à arrêter l’hémorragie des massacres à répétition. Le Président a bien agi.

Cependant, nous rappelons aux uns et aux autres que les droits humains doivent être respectés durant toute la période d’état de siège et éviter d’amplifier la crise et le comportement inhumain. Nous demandons aux gouverneurs et leurs vices qui ont été nommés en Ituri et au Nord-Kivu de veiller à ce que, durant cette période, les droits humains soient respectés par ceux qui ont la charge d’appliquer cet état de siège en dépit de restrictions édictées. C’est pourquoi, nous demandons aux groupes armés de déposer les armes et de se rendre aux FARDC. Il en va de leur protection.

Cet état de siège continue à susciter des réactions. Certains pensent qu’il pouvait aussi être élargi à la province du Sud-Kivu. Quel est votre point de vue?

A tous ceux qui pensent que le Président de la République, en décrétant l’état de siège en Ituri et au Nord-Kivu, a oublié la province voisine du Sud-Kivu, je leur demande d’être calmes. Le Chef de l’Etat n’a rien oublié. Tout est question de la gravité de l’insécurité qu’il a constatée dans ces deux provinces. Il veut de toute urgence y mettre fin. Concernant d’autres provinces, souvenez-vous qu’il y en environ 7 en proie à l’insécurité, personne n’est dans le secret du Chef de l’Etat puisqu’il est suffisamment informé et sait quelles stratégies adoptées pour éradiquer l’insécurité dans telle ou telle autre province.

En sa qualité de commandant suprême des forces armées et de la police nationale, il sait ce qu’il fait. Nous devons tous le soutenir afin qu’ensemble nous puissions relever ce défi sécuritaire. Comme il est le symbole de l’unité nationale, nous devons tous, à l’unisson, soutenir ses actions visant le rétablissement de l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire national et soutenir également nos forces armées.      

Comment réagissez-vous à l’attitude de quelques anciens présidents de deux Chambres du Parlement réunis à Kinshasa demandant qu’on mette fin aux tueries dans l’Est du pays profitant de l’état de siège?

Nous sommes très contents de constater que les anciens présidents de deux Chambres parlementaires se sont réunis pour soutenir les mesures prises par le Chef de l’Etat et réclament la fin des tueries dans l’Est du pays. Le sentiment de grande joie nous anime lorsque nous voyons nos leaders parler le même langage concernant la paix dans ce pays. Nous disons que l’état de siège décrété par le Président de la République est salvateur.

Il reste à ce que chacun de nous puisse jouer sa partition en appuyant nos forces armées à travers nos interventions dans les médias et la mobilisation sur le terrain. Nous devons les motiver par notre façon d’agir. Aujourd’hui, ne peuvent s’opposer à l’état de siège que ceux qui seraient de mèche avec les ADF et autres groupes armés opérant dans l’Est du pays qui tireraient profit de l’insécurité qui gangrène cette partie du territoire national.

Avez-vous également saisi la portée de l’appel lancé à la presse par le Chef de l’Etat pour soutenir l’action des FARDC?

Lorsque le Chef de l’Etat appelle aussi la presse à cette mobilisation générale, c’est une décision sage et pertinente parce que la presse rapporte tout ce qui se déroule au sein de la société et même à la ligne du front. Elle met au parfum nos compatriotes sur ce qui se passe dans les zones de théâtre de combat.

A ce titre, si la presse communique mal, elle va, non seulement rendre la tâche difficile à nos forces armées, mais aussi toute la population. C’est la raison pour laquelle la presse doit quand même accompagner ces mesures d’état de siège par un soutien indéfectible pour qu’ensemble nous puissions vaincre l’insécurité à l’Est du pays. Pas seulement elle, mais tout le monde. Ce que je fais maintenant entant qu’ADECO rentre dans cet objectif de mobilisation et d’appui aux FARDC. La presse reste l’alliée de taille par rapport à cette mobilisation générale. S’il y a des gens qui tenteraient de désorienter l’opinion, la presse devrait les recadrer. Le Congo est un et indivisible, ce qui se passe en Ituri et Nord-Kivu nous concerne tous.

Propos recueillis par Octave MUKENDI

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