Jean Berkmans Nkongolo est analyste politique, libre penseur, PCA de Grand Kasaï Fondation et Directeur de cabinet de Christian Tshisekedi. Dans un entretien accordé aux médias nationaux dont «AfricaNews», il a évoqué la question du coup d’Etat manqué, théâtre ou réalité ainsi que de la sortie du gouvernement Suminwa. Entretien.
Doit-on faire un coup d’Etat en s’attaquant au Premier ministre, vice-Premier ministre ou bien on vise directement le Chef de l’Etat à considérer l’action menée par Christian Malanga et son équipe le dimanche de la Pentecôte à Kinshasa?
Vous me donner là l’occasion d’aborder la question de cette actualité, notamment l’aspect organisationnel et l’aspect procédural. Au niveau organisationnel, nous avons vu feu Christian Malanga sillonnait à travers les pays de l’OTAN à la recherche des soutiens qui se recrutent aux USA, en Grande-Bretagne, en Allemagne et au Vatican, dans l’Eglise catholique et ici au pays en RD-Congo. Concernant l’Eglise catholique, elle a joué le rôle de conseil stratégique de Christian Malanga tel que lui-même le dit. Au niveau de cette organisation, plusieurs anciens généraux de la deuxième République ont coalisé avec lui projetant de venir reprendre la commande de l’armée. Christian Malanga a possédé plusieurs armes. Les a-t-il achetées, est-ce un cadeau qu’on lui a offert, les a-t-il louées?
Du moins, il avait à sa possession plusieurs armes. Certains compatriotes pensent que l’action de Malanga est un coup de théâtre, estimant que, comment voulez-vous que dans une ville de plus de 12 millions d’habitants, on vienne s’y aventurer avec à peine 350 personnes. Tout ressemble à un théâtre. Pourquoi a-t-il commencé par attaquer la résidence du VPM de l’Economie, Vital Kamerhe, du VPM de la Défense nationale, Jean-Pierre Bemba, et la Première ministre, Judith Suminwa, au lieu d’aller s’attaquer directement au Chef de l’Etat. C’est pourquoi je dois faire le distinguo entre l’aspect organisationnel et procédural. A voir son organisation, Christian Malanga ne s’est pas doté seulement des armes à feu, mais également des armes prétendument spirituelles.
Comment s’est-il procuré également des armes spirituelles?
Nous avons tous vu les images qui circulent sur les réseaux et les médias. Il était mis en confiance et invité avec pompe par Mgr Akuma au Vatican.
Mais Mgr Akuma est un électron libre au Vatican et à ce titre il ne peut pas engager l’Eglise?
On ne se réveille pas de chez soi et on devient Monseigneur. On ne peut pas s’appeler Mgr à l’Eglise et quand ça barde, on décline la responsabilité.
Son diocèse ne l’a pas mandaté pour ça?
C’est irresponsable. Il a un diocèse. Ce n’est pas la première fois que nous voyons un tel coup de théâtre. Souvenez-vous de l’abbé Apollinaire Malumalu. Il était tantôt fils de l’église, tantôt électron libre. Mais il jouissait de la protection de son évêque. Ça ne faisait pas de lui moins prêtre que les autres. Il y en a qui ont élevé la voix contre l’exercice de l’abbé Malumalu à la CENI.
Le chien aboie et la caravane passe. Nous y sommes allés jusqu’aux élections. N’en déplaise qu’à ceux qui veulent donner le point de vue contradictoire. Je suis en train de vous montrer qu’au niveau organisationnel, l’Eglise catholique est pleinement impliquée. Elle a reçu Christian Malanga et a prié pour lui dans une église. Si Malanga était un électron libre, qui a cédé la paroisse.
Quand plusieurs structures de l’Eglise ne le reconnaissent plus ce qu’il ne peut pas engager l’Egllise catholique?
Je vais aller à votre vitesse. A quel moment l’Eglise ne le reconnait-elle pas? Après Genval, la CENCO est allée dans l’Opposition, elle a refusé que le Président de la République actuel ait retiré sa signature de l’Accord de Genval. Quand il fallait organiser la CENI, la CENCO s’est opposée allant jusqu’à demander aux Confessions religieuses de ne pas jeter le dévolu sur quelqu’un de l’espace Grand Kasaï. Toute la CENCO était unanime: «pas question du fils du Grand Kasaï à la tête de la CENI». La CENCO est passée à la vitesse supérieure nous menaçant de mettre le pays à feu et à sang si on maintenait Denis Kadima à la tête de la CENI. Il y a eu des tentatives des marches ici approuvées par la CENI avec des structures fantoches comme CALCC qui n’existent qu’en cas de manifestations.
Doutez-vous de la capacité de la mobilisation et de l’existence de CALCC?
Je suis catholique et je vous dis que cette structure n’existe que sur papier. Vous ne la trouverez dans aucune paroisse catholique. C’est une structure qui n’existe qu’au centre interdiocésain et chez les membres de la CENCO. Mais sur terrain dans nos paroisses respectives, elle n’existe pas. Quand les autres Confessions religieuses ont désigné Denis Kadima, la CENCO a dit qu’elle va mettre des témoins partout et va publier les vrais résultats qui refléteraient les urnes. Les élections ont eu lieu. Et quand elle avait vu que les choses marchaient normalement, la CENCO avait augmenté le niveau de menace.
Elle n’a pas voulu de la CENI de Kadima mais plutôt travaillait pour avoir une CENI qui va faciliter l’alternance au sommet de l’Etat en 2023. Par la bouche de Mgr Nshole, la CENCO avait dit qu’elle veut d’une CENI qui permet l’alternance en 2023. Et la CENCO a dit: «Si les résultats qui seront annoncés par la CENI ne reflètent ou ne soutiennent pas la thèse de l’alternance, ces résultats qui contredisent notre volonté de changer la direction du pays auraient préparé le lit de la contestation, de la révolution, du soulèvement populaire. Il suffirait qu’un leader courageux en prenne la direction pour mettre le pays sens dessous sens dessus».
Du coup, la CENCO avait deux cartes. La première était la carte réelle qui était Christian Malanga et la deuxième qui était apparente c’était Corneille Nangaa. Comme Dieu n’est pas pris en otage par une soutane, une toque ou une canne, il est plus grand et il reste Souverain, il aime tout le monde et personne ne peut prétendre avoir le monopole de parler avec Dieu. Ces gens ont induit Christian Malanga en erreur. Ils l’ont appelé tambours battant disant que nous allons faire des prières avec des bouges rouges au Vatican, tu vas voir tous les milieux influents et une balle ne pourra pas de percer.
Avez-vous des preuves de tout ce que vous dites là Mr Nkongolo?
Il avait des assurances après les prières dites sur lui. C’est ainsi ses équipes sont allées chez la Première ministre, JP Bemba, Vital Kamerhe avec comme point de convergence, le Palais de la Nation, bureau officiel du Chef de l’Etat pour que la Première ministre puisse annoncer le changement du pouvoir disant que le pouvoir a changé des mains et le nouveau Président de la République s’appelle Christian Malanga. Mais pour que la fête soit totale, la CENCO a pris les spins d’aller laver les mains comme Ponce Pilate le vendredi 17 mai.
Le Cardinal Ambongo a arraché le rendez-vous avec le Chef de l’Etat pour dire à la face du monde que nous allons fêter le dimanche de la Pentecôte ; c’est la volonté de Dieu. Oui nous avons fêté la volonté de Dieu ce dimanche. Si un membre de la CENCO dit que viens et nous allons prier pour toi afin que les balles ne puissent pas te pénétrer, tu vas finir comme Christian Malanga. On a beau dire que la CENCO a reçu Malanga comme tout fidèle, nous n’allons pas accepter car ce n’est pas facile d’arracher un rendez-vous avec le Cardinal. Allez-y et vous vous en rendrez compte à cause de son agenda surchargé.
Où étaient nos forces de défense et sécurité quand la bande à Malanga est entrée au pays pour opérer?
Nous n’allons pas dire que nous avons le niveau de sécurité maximale. La Grande puissance du monde, les Etats-Unis d’Amérique ont été attaqués par les hommes d’Oussama Ben Laden, c’est après qu’ils ont eu à le neutraliser L’essentiel est que Malanga est venu et au finish, il a été neutralisé.
Mais le gouvernement traine à cause de la gloutonnerie des politiciens alors que le peuple souffre?
Effectivement, nous ne voulons pas que les politiciens prennent le pays en otage et surtout les chefs des partis et regroupements politiques. Ils sont élus députés et sénateurs. Ils doivent siéger et laisser les autres membres de leurs partis et surtout les jeunes être nommés ministres.