Le Président de la République Félix Tshisekedi a, comme prévu, décrété lundi soir l’état de siège au Nord-Kivu et en Ituri. «J’invite chaque Congolaise et chaque Congolais à une mobilisation totale pour faire front avec nos forces armées déployées pour sécuriser notre territoire. Nos vaillants militaires doivent être appuyés par une prise de conscience collective de tous leurs compatriotes», a exhorté le Chef de l’État.
La République Démocratique du Congo se préparait depuis quelques semaines à vivre cet état d’exception. Sa partie orientale a été secouée, endeuillée pendant trois décennies par les forces négatives. Joseph Désiré Mobutu et Laurent Désiré Kabila ont connu cette insécurité. Joseph Kabila l’a aussi combattue. Félix Tshisekedi l’affronte depuis deux ans et veut en finir. Le début d’une lutte armée est toujours comparable à l’entrée d’un long tunnel dont l’issue n’est pas évidente. La seule lumière qui y pénètre est le calendrier: les mesures contenues dans l’ordonnance lue lundi 3 mai, annonçant la nomination des autorités militaires et policières dans les provinces du Nord-Kivu et Ituri, qui ont au moins 30 jours à dater de ce jeudi 6 mai. Rendez-vous donc le 6 juin pour les premières évaluations, pour constater si les forces négatives ont déposé les armes après cette sommation du Président Tshisekedi.
«L’objectif de l’état de siège est de contraindre toutes les forces négatives à la reddition», a rappelé le ministre de la Communication et Médias, Porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, mardi 4 mai, à la faveur d’un point de presse conjoint avec le porte-parole des FARDC, le Général Léon Richard Kasonga, et spokesperson de la Police nationale, le colonel Muanamputu. «Nous avons et les capacités et la logistique pour contraindre les forces négatives à se rendre. À la limite de les contraindre, nous allons les neutraliser», a rassuré le Général Kasonga.
Comme Félix Tshisekedi, Muyaya et Kasonga connaissent la portée des promesses faites à la communauté nationale. D’où le souci d’apporter, cette fois-ci, un large consensus. Outre les soldats et policiers envoyés au front, les nouvelles autorités sécuritaires et le gouvernement, le soldat Tshisekedi a fait appel à la classe politique, aux médias et à toutes les couches sociales, invités à jouer leurs partitions. Pas étonnant qu’il ait pris un ton martial, en invitant la classe politique, particulièrement, à ne mener aucune action susceptible de saboter l’action des forces combattantes et de sécurité. Tout en se plaçant à la dimension d’un Général en chef, le Président de la République a sonné la mobilisation générale et lancé l’assaut final sur les ennemis tapis au Nord-Kivu et en Ituri avant d’inviter tous et chacun à être solidaires pour enfin chanter, le moment venu, la victoire commune.
AKM