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RDC : SEP Congo appelle à la vérité du prix du carburant

La Société congolaise d’entreposage des produits du pétrole -SEP Congo- est asphyxiée. Le cri d’alarme a été lancé, samedi 6 juillet, par une des autorités de cette entreprise à économie mixte, détenue à 44,4% par l’État RD-congolais, profitant du passage du ministre des Hydrocarbures, Aimé Sakombi Molendo, au terminal d’Ango-Ango à Matadi.

Plus que centenaire, SEP Congo gère 358 kilomètres de pipeline pour le complexe Ouest, de Matadi à Kinshasa, avec un débit de 2.500 mètres cubes pour une capacité de stockage globale de 136.250 mètres cubes. Pourtant, la société, malgré ses 90% des parts du marché des logisticiens, n’est rémunérée qu’à 46% dans la structure des prix. «C’est une inadéquation. C’est le travail de SEP Congo qui rémunère tous autres logisticiens», a regretté un des responsables de la société, appelant le ministre à réparer cette injustice.

Chez SEP Congo, cette disparité est à la base des «difficultés de trésorerie» alors que l’entreprise présente des créances globales de 122 millions de dollars dont 28 millions de l’État, 78 millions pour les sociétés commerciales majors et 15 millions pour les sociétés de logistique. Fonctionnant en négatif depuis plusieurs années, cet «expert en logistique pétrolière» présente des «engagements urgents» évalués à au moins 43 millions de dollars. Ces difficultés sont la cause de nombreuses pénuries de carburant constatées récemment dans le pays quand les camions de SEP Congo sont immobilisés chez le concessionnaire, impliquant un défaut de livraison. Pour y remédier, SEP Congo a sollicité du gouvernement le paiement des «manques à gagner» évalués à 28 millions de dollars mais aussi la majoration de sa rémunération dans la structure des prix Ouest, de 6,43 à 7,4 millions de dollars.

Aussi, SEP Congo a plaidé en faveur du paiement des manques à gagner dus aux sociétés commerciales et logisticiens. Toutefois, ces solutions ne seraient, selon SEP Congo, que des palliatives car, a expliqué le responsable du terminal pétrolier d’Ango-Ango, le remède «idéal, durable et stable» reste «l’application de la vérité des prix» pour «supprimer le manque à gagner». «Vous êtes notre ministre et nous allons frapper à votre porte plusieurs fois car nous sommes votre bras droit. On a beau continuer à faire la politique de l’autruche avec ce qu’on fait aujourd’hui, ça ne marchera pas. Les limites de cette politique ont été prouvées avec le dysfonctionnement et nous sommes presqu’en cessation de paiement», a-t-il expliqué.

En février dernier, le gouvernement avait conclu avec quatre banques commerciales un accord de financement d’une partie significative des arriérés de subvention dus aux entreprises pétrolières, à hauteur de 123,5 millions. Un mois plus tard, toujours dans le cadre d’une politique d’anticipation, l’Exécutif national avait modifié la structure des prix des produits pétroliers, tout en rationnalisant la subvention pétrolière de l’État, après des «ajustements courageux des prix opérés à la pompe en 2022 et 2023» pour réduire le rythme de formation de nouvelles créances et de conforter la parafiscalité. Cela avait permis «d’éponger une partie des arriérés des manques à gagner dus à la profession pétrolière».

En 2023, une baisse drastique des manques à gagner générés a été enregistrée de l’ordre de 400%. Pour pérenniser cette embellie, un Arrêté interministériel a été pris afin de «consacrer une approche plus rigoureuse dans la détermination des critères d’éligibilité et des modalités de calculs des manques à gagner».

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