
La gouverneure ai du Lualaba, Fifi Masuka, paralyse au poste de Mutaka, dans la province du Lualaba, les activités opérationnelles du Programme de contrôle de la production et de la commercialisation des Bois -PCPCB-, un programme du gouvernement central placé sous les tutelles technique du ministère de l’Environnement et administrative du ministère des Finances. Le PCPCB a été créé et mis en service aux termes de l’Arrêté Interministériel n°001/CAB/MIN/ECNT/15/BNME/2012 et n°615/CAB/MIN/FINANCES/2012 du 05 décembre 2012, modifié et complété par l’Arrêté interministériel n°086/CAB/MIN/ECN-DD/CJ/00/RBM2016 et n°322/CAB/MIN/FINANCES/2016.
Selon les informations obtenues des sources crédibles, sa mise en œuvre est confiée à un prestataire privé, la Société AIDEL SARL du Groupe Ledya, chargée d’investir en amont dans l’acquisition des équipements et le déploiement du système de contrôle à travers le pays. AIDEL SARL est aussi autorisée d’encaisser, en contrepartie, pour spécifiquement le contrôle renforcé et non intrusif des véhicules transportant des marchandises, pointant vers l’export, au moyen des scanners mobiles à rayon X, un paiement direct auprès des transporteurs, des frais de passage au scanners au taux de 100 dollars pour tout véhicule de transport des marchandises, bâché et/ou conteneurisé, pointant vers l’exportation.
Compte tenu des missions de contrôle de légalité et de traçabilité dévolues au Programme sur l’ensemble du territoire national de la République Démocratique du Congo, clairement définies aux termes des Arrêtés Interministériels susmentionnés, particulièrement le contrôle non intrusif -scannage- des marchandises à l’export et considérant l’intérêt et la nécessité, pour le Lualaba d’accompagner le Programme dans l’activation et l’opérationnalisation des sites scanners au sein de cette province, aux fins d’être notamment édifiée concernant les données statistiques utiles liées aux exportations des marchandises et produits divers, tant au niveau de la traçabilité qu’à celui de la sécurisation des opérations et des affaires, un Protocole d’Accord de collaboration a été signé en date du 25 mai 2020 entre la Province du Lualaba et le PCPCB, comptant à ce jour deux avenants.
Il est à noter à ce niveau que le PCPCB ne dépend pas de la province du Lualaba. Il n’est pas un non plus un service provincial. Son caractère national a été réaffirmé par la quatre-vingt-dix-huitième réunion du Conseil des ministres du vendredi 12 mai 2023 -Cfr. Compte rendu page 14.
Depuis quelques semaines déjà, les activités du PCPCB au poste de Mutaka, à la frontière avec le Haut-Katanga, sont en panne. À la base: l’intrusion de Mme le gouverneur ai Masuka dans ses activités, caractérisées par des actes frisant le sabotage ou le blocage. À en croire les mêmes sources et les courriers disponibles, la gouverneure ai a d’abord entrepris de suspendre à titre conservatoire, par sa lettre référencée CAB/GOUV/LBA/848/2023 adressée le 23 août 2023, les opérations de contrôle scanner effectuées par le PCPCB au poste de Mutaka. Elle a, pour ce faire, brandi des informations évoquant des plaintes supposées des pays de la SADC sur des prétendues expositions de leurs ressortissants conducteurs des camions à des graves ennuis de santé lors des opérations susmentionnées, sans toutefois appuyer ses accusations par un seul cas avéré. Masuka a évité de copier les deux tutelles du PCPCB, l’Environnement et les Finances. Premier casus belli.
Violation de la réglementation bancaire par Sofibanque SA, paralysie des opérations chez PCPCB
Profitant de cette suspension à titre conservatoire du PCPCB, Masuka est ensuite passée à une deuxième irrégularité. Elle a notamment, par sa correspondance n° CAB/GOUV/LBA/934/2023 adressée à la Sofibanque S.A. en date du 08 septembre 2023, demandé le blocage de l’accès aux comptes bancaires d’exploitation du PCPCB. Sofibanque SA a malheureusement accepté d’exécuter cet ordre illégal en violation de la réglementation bancaire.
«Le gangstérisme de Mme le gouverneur ai et l’indiscipline de la Sofibanque SA ont mis sérieusement en difficulté le PCPCB, au regard de ses engagements vis-à-vis tant de la banque elle-même, de ses différents fournisseurs que de son personnel et différents services partenaires œuvrant sur le site», rapportent ces sources, précisant que cette fois-ci encore les tutelles du Programme ont été superbement ignorées. Deuxième casus belli. «Masuka a donc déclaré la guerre à la ministre d’Etat en charge de l’Environnement, Ève Bazaiba, et au ministre des Finances, Nicolas Kazadi», commente un acteur de la Société civile du Lualaba.
Une guerre inutile, dans laquelle la gouverneure ai part perdente au regard du rapport d’audit radiologique des installations scanner de PCPCB établi par le Commissariat général à l’énergie atomique -CGEA. «Les mesures de débits de dose effectués pendant tout le circuit de passage du camion-remorque test devant le scanner n’ont pas permis d’établir un quelconque excès d’irradiation du personnel à bord», indique le rapport, taillant en pièces les arguments farfelus de Masuka. Par sa lettre N° 012/PCPCB/CG/MZG/10/2023 du 17 octobre 2023, le PCPCB a officiellement transmis le rapport du CGEA à la gouverneure ai du Lualaba, en lui faisant savoir qu’à la lumière de cette réalité, le motif ayant occasionné la mesure conservatoire de suspension des activités est vidé de sa substance, et que la levée pure et simple de cette dernière s’avère dès lors opportune. Le courrier est resté sans suite jusqu’à ce jour.
Le silence de Masuka fait jaser dans l’opinion surtout que, quelques semaines avant la suspension du PCPCB, des d’exploitation illégale des minerais ont été signalées en amont du site du contrôle de Mutaka, dans les mines de Kinsafu et Kisankala. En juillet dernier, des médias ont fait part des troubles dans cette région, menés par des creuseurs artisanaux réclamant une colline de minerais que des Libanais exploitent, affirmant que la mine leur aurait été cédée pour exploitation artisanale par l’entreprise COMIDE. Des manifestations violentes ont également été au village Kisankala le 18 et 19 mai, faisant plusieurs victimes à cause de la répression. Cause: un malaise au sein de la population et principalement de la communauté des artisans creuseurs chassés par des hommes armés de certains sites où ils avaient l’habitude de creuser pour que des opérateurs de nationalité libanaise puissent s’y installer et exploiter les minerais sans titre ni qualité. Voici que Sofibanque est une banque des Libanais.