Même si c’était ça la monnaie de change, les experts sont scandalisés qu’on ait enfreint le nouveau statut qui veut que le directeur général ne soit plus un politique mais un cadre dans la Fonction publique.
Des intérêts privés sont passés avant la bonne gouvernance. On apprend qu’avant sa démission le 14 novembre 2016, le désormais ancien Premier ministre Matata Ponyo a sollicité et obtenu la nomination de quelques proches à des postes clés: son ex-dircab José Sele Yalaguli à la Direction générale des impôts -DGI-, l’ancien ministre délégué aux Finances Patrice Kitebi au Fonds de promotion de l’industrie -FPI- et six autres encore à la Direction générale des recettes administratives, domaniales et de participation -DGRAD-, à la Direction général des douanes et accises -DGDA-, à l’Office congolais de contrôle -OCC-, à l’Office de gestion de fret multimodal -OGEFREM-, au Guichet unique…
Des sources concordantes on apprend également que, faute de publier ces ordonnances dans la foulée du départ de Matata Ponyo, le directeur de cabinet du chef de l’Etat s’est chargé de notifier les promus, signant de ce fait des nouvelles mises en place dans ses services et entreprises publics.
Matata s’en est allé mais il a réussi à s’emparer du secteur des recettes, celui via sur lequel son successeur doit bâtir toute sa politique au moment où le Président de la République, Joseph Kabila, a donné au prochain gouvernement les missions de booster les secteurs économique et social.
Ces notifications opérées dans la plus grande discrétion font scandale dans le gotha politique, où plusieurs acteurs sont d’avis qu’elles plantent le décor d’un conflit permanent entre le prochain Premier ministre et les hommes à la solde de Matata.
En ce qui concerne la DGI, le scandale prend une autre ampleur. On explique que le nouveau statut prévoit uniquement la promotion au poste de directeur général à un fonctionnaire de carrière. «Pour être Directeur général des impôts, il faut être directeur au sein de l’administration publique, notamment au ministère des Finances. Voici que le nouveau Directeur général n’a jamais été fonctionnaire ni cadre de l’administration publique», note un agent de l’Etat.
Et d’ajouter: «Même si c’était ça la monnaie de change, on devait se garder de violer les textes qui régissent l’administration publique dans le but de satisfaire des intérêts égoïstes».
Nul ne sait comment la nouvelle sera accueillie tant à la Majorité présidentielle qu’à l’Opposition signataire de l’Accord. Si les sociétaires de la MP vont naturellement bouder cette sorte de prime accordée à un Premier ministre dont le bilan est contesté, les nouveaux alliés se verront certainement empêchés d’avoir les moyens de leur politique parce que sans main mise sur les finances. Tous les deux camps ne comprendront pas pourquoi on s’est précipité de faire des nominations dans les entreprises destinées au partage conformément à l’Accord signé le 18 octobre 2016. C’est un piège sans nom.
Natine K.
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