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Le Dr Alain Kabakele prévient: «Le cancer du sein tue»

Médecin directeur et coordonnateur du Centre hospitalier mère et enfant de Bumbu, Dr Alain Kabakele Tshibwabwa a lancé un message fort aux femmes et jeunes filles en rapport avec le risque que présentent les cancers de seins et du col de l’utérus. «Cette maladie est très dangereuse dans la mesure elle tue terriblement», a-t-il prévenu dans une interview accordée lundi 4 octobre 2021 à «AfricaNews». Gynécologue de son état, il a fait savoir que cette maladie est devenue chronique chez les femmes. Au nombre des stratégies évoquées pour lutter contre le cancer de seins, Dr Alain Kabakele a, par exemple, invité les femmes et les jeunes filles à se faire dépister volontairement et à contacter les médecins à chaque fois qu’elles constatent une masse au niveau de leurs seins. Il les a également invitées à faire l’autopalpation chaque fois qu’elles sont dans la douche. Découvrez l’interview.

Pouvez-vous vous présenter à nos nombreux lecteurs?

Oui! Je suis Dr Alain Kabakele Tshibwabwa, médecin du gouvernement RD-congolais oeuvrant au sein du Centre mère et enfant de Bumbu. Je suis spécialiste en santé publique, précisément en santé communautaire. J’ai effectué plusieurs formations tant au niveau national qu’international dans les soins de santé primaire, le management sur l’éradication du paludisme. Avant d’arriver au Centre mère et enfant de Bumbu, j’ai travaillé dans beaucoup de services privés de gynéco-obstétrique où j’ai soigné plusieurs femmes dans diverses maladies. Voilà ce que je peux dire en peu de mots parce que comme vous le savez bien, on dit souvent qu’il est plus aisé qu’une autre personne fasse votre présentation que de le faire soi-même.

Vous êtes médecin directeur. Quelles sont les difficultés que vous rencontrez au sein de votre centre hospitalier?

 Les difficultés ne manquent pas. Il y a d’abord la non maitrise des effectifs, c’est-à-dire beaucoup de médecins directeurs des autres hôpitaux publics ne vont pas me contredire que les hôpitaux sont pléthoriques. Mais, nous pensons qu’avec l’expérience de l’administration, de la santé publique et en collaboration avec la volonté politique de nos ministres -puisque nous en avons deux, le ministre provincial et le ministre national- qui peuvent procéder à la redistribution ou à la réaffectation c’est-à-dire voire les coins où il n’y a pas de médecins et réaffecter ceux qui sont en surnombre dans des hôpitaux du secteur public de l’Etat. Ensuite, parmi les agents en surnombre, là où il y a déjà un effectif non maitrisé, il est clairement établi qu’il y a du désordre. Un autre problème est que la grande partie des agents a vieilli et cela pose un souci quant à leur rotation pour le service de la garde des malades par exemple. Surtout que beaucoup d’entre eux sont éligibles à la retraite. Sur un autre aspect, c’est la mauvaise qualité de l’enseignement qui est témoigné par le mauvais rendement par une portion du corps médical qui vient s’ajouter au vieillissement de certains agents qui doivent être renvoyés sans trop de bruit à la retraite. Et sur le dernier point, la difficulté réside aussi au niveau de l’approvisionnement des médicaments qui manquent parfois dans notre centre hospitalier.

Quelles stratégies mettez-vous en place pour aider les femmes à lutter contre les cancers de seins et du col de l’utérus?

Ah voilà! Qu’on ne se voile pas la face, la lutte contre les cancers de seins et du col de l’utérus est très primordiale pour sauver la vie de nos mamans, nos femmes, nos sœurs et nos enfants. Bref, de toutes les femmes. Les cancers de seins et de l’utérus sont devenus monnaie courante dans nos sociétés et tuent beaucoup de femmes. Mais, si on le découvre un peu plus tôt, on peut réussir à sauver des vies. De ce fait, parmi les stratégies qu’il faudra mettre en place, la première reste le dépistage volontaire de masse. C’est juste pour contrôler le fonctionnement des organismes des femmes sur les cancers de seins et du col de l’utérus. Le message passe à travers notamment des campagnes de sensibilisation dans différentes communes et quartiers de la capitale. Comme conseil à donner, il faut que chaque femme puisse palper ses seins au moins une fois à deux fois le mois pour savoir s’il y a une masse ou un changement au niveau de ses seins. Et si tel est le cas, elles peuvent rapidement recourir à un spécialiste de santé afin d’exposer leurs préoccupations. Le message que je peux lancer aux femmes et celui de savoir que les deux sortes de cancers sont bien réelles et tuent. Au moment de soins intimes, si vous remarquez l’écoulement du sang en dehors la période de menstruation, il faut vite aller se faire consulter auprès d’un spécialiste. 

Propos recueillis par Flora KAPATA

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