«…On finance avec l’argent des contribuables des projets budgétivores sans impacts sur le développement de l’économie nationale. C’est le cas de Bukanga Lonzo qui consomme des millions de devises sans aucun impact sur la production agricole… C’est aussi le cas des fonds dépensés inutilement pour le bâtiment du gouvernement, qui auraient pu servir à relancer l’économie productive en payant notamment la dette extérieure déjà certifiée», dénonce synthétiquement le Conseil d’administration de la FEC à son assemblée générale ordinaire tenue en mai 2016
Tout le monde attend Matata Ponyo mais toujours avec les mêmes desseins. Profitant, sans nul doute, des flottements qui semblent régner au sein de la Majorité et du gouvernement, la Fédération des entreprises du Congo -FEC- et son président, Albert Yuma, ne manquent pas, à leur tour, une occasion de créer des difficultés au Premier ministre. Réunis en assemblée générale ordinaire la semaine passée, les opérateurs économiques de la RD-Congo ont fait une analyse méticuleuse de la situation économique et sociale au plan national qu’international. A cette fin, Albert Yuma a présenté une synthèse de rapport de 200 pages axé sur les activités réalisées en 2015 avec des perspectives pour 2016. Ce rapport n’est pas tendre avec le Premier ministre Matata tant ses auteurs lui savonne la planche et le rendent responsable de la misère dans laquelle croupissent les millions de RD-Congolais et les difficultés qui freinent l’épanouissement des opérateurs économiques nationaux. Pour la FEC, l’économie de la RD-Congo, dépendant encore du comportement du marché international, a subi un impact négatif de la baisse des cours de principaux produits à l’exportation. «Si le gouvernement continue, comme il le fait actuellement de gérer seulement la pauvreté, il n’y a aucune chance que notre pays devienne émergent», note Albert Yuma. Il invite le gouvernement à payer la dette intérieure en vue de la relance des activités des entreprises créancières de l’Etat et accuse le Premier ministre Matata d’avoir suspendu par une simple décision la Commission ad hoc qui a été mise en place sur le paiement de la dette intérieure. «Il n’est pas normal que le non-paiement de la dette intérieure soit utilisé comme un élément stabilisateur du cadre macroéconomique mais
au détriment du monde des affaires et de la vraie croissance inclusive», précise-t-on avant de dénoncer: «Pendant ce temps, on finance avec l’argent des contribuables des projets budgétivores sans impacts sur le développement de l’économie nationale». Il cite en exemple les cas du parc agro-industriel de Bukanga Lonzo dans le Kwango dans l’ex-Bandundu et la construction de l’immeuble intelligent du gouvernement à Kinshasa, réalisation jugées sans impact social. La FEC formule une demande très claire: «L’utilisation de ses ressources -celles de l’INSS- à des fins autres que celles liées à son objet social devrait obligatoirement obtenir l’accord de ses bailleurs de fonds que nous sommes». Le Premier ministre est mis à nu. Toutes ses réalisations sont sévèrement critiquées par la FEC, puisque jugées antisociales et budgétivores. Quitte au concerné d’en tirer toutes les conséquences.
Nécessité de la paie de la dette intérieure
Le Premier ministre a beau crier croissance économique à deux chiffres en RD-Congo, c’est le mirage. La synthèse du rapport exercice 2015 du Conseil d’administration de la FEC à l’assemblée générale ordinaire tenue à Kinshasa au cours du mois de mai 2016, accable Matata Ponyo et sa gestion. Ce rapport de plus de 200 pas est sans complaisance. Et sa synthèse de 25 pages est éloquente. Elle accuse le gouvernement de faire du gaspillage des ressources financières du pays. Rien d’autre. Le premier chapitre porte sur la conjoncture économique et fait de l’analyse de la situation socioéconomique de la RD-Congo en 2015, avec
un aperçu de la situation économique du monde. Le constat est clair: «L’économie de notre pays, dépendant encore du comportement du marché international, a subi un impact négatif de la baisse des cours de principaux produits que nous exportons. Comme vous vous en doutez, Mesdames et Messieurs, au niveau macro-économique, notre pays n’a pas échappé à cette tendance baissière internationale». Pour la FEC, la chute continue des cours mondiaux des produits de l’industrie extractive, dont dépend hélas principalement l’économie de la RD-Congo et à laquelle s’ajoutent les spéculations politiques liées à l’approche des échéances électorales, l’insécurité encore observée dans certaines parties du pays, l’insuffisance de l’offre de l’énergie électrique, la prolifération de taxes et la dégradation des infrastructures de communication ont contribué à l’aggravation des difficultés économiques des entreprises RD-congolaises. A cela s’ajoute l’inflation. Aujourd’hui la Franc congolais se déprécie. La FEC ne va pas par quatre chemins: «Si le gouvernement continue, comme il le fait actuellement de gérer seulement la pauvreté, il n’y a aucune chance que notre pays devienne émergent». Le patronat a profité de son assemblée générale ordinaire de la semaine passée pour rappeler
à l’Exécutif la nécessité de payer la dette intérieure en vue de la relance des activités des entreprises créancières de l’Etat, regrettant la suspension de la mise en place d’une commission ad hoc sur une simple décision du chef de gouvernement. C’est un précédent fâcheux pour la FEC! Pour Albert Yuma, il n’est pas normal que le non-paiement de la dette intérieure soit utilisé comme un élément stabilisateur du cadre macroéconomique mais au détriment du monde des affaires et de la vraie croissance inclusive. «Pendant ce temps, dénonce-t-il, on finance avec l’argent des contribuables des projets budgétivores sans impacts sur le développement de l’économie nationale. C’est la cas de Bukanga Lonzo qui consomme mensuellement des millions de devises sans aucun impact sur la production agricole». Ici la FEC estime que, comme elle l’a demandé lors des réunions sur l’évaluation des 28 mesures prioritaires, il faut arrêter ce projet pour en faire une évaluation objective par des experts indépendants. Autrement dit, le Parc agro-industriel de Bukanga Lonzo exige un audit indépendant pour tirer sa gestion au clair. Yuma évoque d’autres projets budgétivores. «C’est aussi le cas des fonds dépensés inutilement pour le bâtiment du gouvernement, qui auraient pu servir à relancer l’économie productive en payant notamment la dette extérieure déjà certifiée», note la FEC. Elle évalue toutes activités réalisées en 2015 et évoque également les impondérables qui ont ralenti l’activité économique du pays. Elle souligne aussi quelques faits marquants dans cet environnement économique. Il s’agit de la reconduction du contrat de vérification des marchandises importées vers la RD-Congo signé avec BIVAC de 9 mois soit du 15 février au 15 novembre 2015. Elle salue également la mise
en exploitation de la nouvelle société de transport aérien Congo Airways qui a conduit à la baisse du niveau des tarifs des services de transport aérien moyennant des avantages fiscaux très conséquents. «Je me réjouis de la volonté de doter la RDC d’une compagnie aérienne capable de faciliter le déplacement des personnes et de leurs biens à travers le pays. Qu’il me soit cependant permis de poser la question de savoir pourquoi le faire en prélevant dans les réserves constituées depuis des années par l’Institut national de sécurité sociale -INSS-,35 millions de USD à ce jour, se demande Albert Yuma. Selon lui, les ressources de l’INSS proviennent des cotisations versées par les employeurs et les travailleurs pour couvrir les prestations sociales liées à la pension de retraite des travailleurs et les risques professionnels dont la qualité est encore décriée. «L’utilisation de ses ressources -celles de l’INSS- à des fins autres que celles liées à son objet social devrait obligatoirement obtenir l’accord de ses bailleurs de fonds que nous sommes». Concernant les perspectives 2016, Yuma appelle le gouvernement Matata à appliquer sans faille les 28 mesures urgentes, pris sous l’impulsion du Président de la République pour la stabilisation et la relance économique de la RD-Congo suite à la chute des cours des matières premières. «Le grand défi, selon lui, est celui de faire sortir l’économie de son état de fragilité et de la propulser à un niveau de développement à la mesure des potentialités du pays et ce, bien entendu, pour le bien être de la population».
Octave MUKENDI
Olitho KAHUNGU
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