Dossier à la UnePolitique

Utembi au Conseil de sécurité: le coup d’Etat des évêques

En rire ou en pleurer, un individu, évêque soit-il, jamais répertorié
comme sujet de droit international, invité à la tribune des
Nations-Unies pour parler des affaires intérieures d’un Etat membre,
la République Démocratique du Congo. Et sur place, devant des
représentants des pays médusés, Mgr Marcel Utembi, président de la
CENCO, a déclaré sans sourciller que les Institutions du pays, y
compris le Président de la République, le même qui lui a donné mandat
pour faire la médiation entre les forces politiques, sont illégitimes!
Il y a urgence à le faire. Un rappel à l’ordre ou un rejet pur et
simple de bons offices de la Conférence épiscopale nationale du Congo
-CENCO- s’impose. Attendre serait prendre le risque de cautionner le
coup d’Etat déjà perpétré par les évêques catholiques. Ce qui s’est
passé le 21 mars au Conseil de sécurité des Nations Unies est bel et
bien un coup d’Etat.
Un individu, évêque soit-il, jamais répertorié comme sujet de droit
international, invité à la tribune des Nations-Unies pour parler des
affaires intérieures d’un Etat membre, la République Démocratique du
Congo. Et sur place, devant des représentants des pays médusés, Mgr
Marcel Utembi, président de la CENCO, a déclaré sans sourciller que
les Institutions du pays, y compris le Président de la République, le
même qui lui a donné mandat pour faire la médiation entre les forces
politiques, sont illégitimes. En rire ou en pleurer? Est-ce la mise en
oeuvre du fameux plan B?
De passage à Paris et Bruxelles, l’archevêque de Kisangani remet ça!
L’objet de son plaidoyer est sans équivoque: il vise à engager le
Conseil de sécurité et les capitales visitées à faire pression sur
Kinshasa, à prendre des mesures coercitives pour imposer l’application
de l’Accord du 31 décembre 2016 à l’ensemble de la classe politique.
Sans blague. On est passé sans transition de bons offices à la
politique active et, de ce fait, Messeigneurs doivent ôter la soutane.
Pour Mgr Utembi, «l’Accord global et inclusif du Centre Interdiocésain
s’avère la seule feuille de route réaliste pouvant sortir le pays de
la crise institutionnelle. Malheureusement, l’arrangement particulier
destiné à assurer la mise en œuvre dudit accord peine à se conclure
alors que la population attend impatiemment les élections».
La ville haute est émoi. Pour certains esprits lucides, le prélat a
entrepris de faire une publicité utopique sur un texte pourtant appelé
à enrichir l’Accord du 18 octobre 2016 jamais abrogé et dont le pays a
débuté la mise en œuvre avec la réouverture des médias de
l’Opposition, la libération des prisonniers politiques et d’opinion,
la nomination d’un Premier ministre, l’investiture du gouvernement et
le lancement des opérations d’enrôlement des électeurs.
Des dispositions de l’accord du 31 décembre violées par la médiation
«Utembi a entrepris de nier les évidences», disent certains.
Explications: en évoquant l’illégitimité des institutions, il a omis
de dire que le préambule de l’accord de la CENCO stipule que la
«recherche de l’inclusivité doit se faire en harmonie avec la
Constitution de la RDC, les résolutions pertinentes du Conseil de
sécurité des Nations Unies, notamment la Résolution 2277,
l’Accord-Cadre d’Addis-Abeba ainsi que d’autres instruments juridiques
nationaux et internationaux pertinents». Il a refusé certainement de
dire que l’accord qu’il défend, dispose également en son point II.
1.: «les parties prenantes s’engagent à respecter la Constitution du
18 février  telle que modifiée en 2011 et les lois de la République…».
Il n’a pas dit qu’à son point II.3., «les parties s’engagent
solennellement à respecter les Institutions et les lois de la
République, l’Etat de droit, les droits de l’homme, les libertés
fondamentales collectives et individuelles, la séparation des pouvoirs
garanties par la Constitution et le droit d’existence des partis de
l’opposition et d’exercice de leurs activités politiques».
En face de deux accords
On affirme que l’archevêque n’a pas eu l’élégance de dire à ses
interlocuteurs que, contrairement aux discussions conflictuel et flou
du 31 décembre, le dialogue tenu à la Cité de l’Union Africaine,
couvert par une ordonnance présidentielle et assuré du soutien de la
Communauté internationale avec des résolutions entérinées par le
Parlement réuni en Congrès, a produit l’Accord du 18 octobre dans
lequel se trouvent toutes les garanties réalistes d’organisation des
élections en vue de l’alternance civilisée.
Loin de faire les prophètes des malheurs, certains analystes estiment
que même si on arrivait à la signature de l’arrangement particulier,
la République Démocratique du Condo sera en face de deux accords et
qu’il faudra logiquement un nouveau forum politique pour dégager un
nouveau compromis. Ils estiment que le fait d’avoir soutenu la thèse
de l’illégitimité des institutions, la CENCO, incapable d’accorder les
parties prenantes depuis 78 jours, entreprend de plonger le pays dans
une nouvelle série de pourparlers interminables avec le risque
d’éloigner davantage les élections. La preuve avancée est que depuis
la reprise des discussions directes, les parties prenantes, le
Rassemblement particulièrement, ne parlent plus des élections et
consacrent leur temps et leur énergie à discuter du partage des postes
et avantages politiques, au détriment du peuple.
Dimanche sur Twitter, l’opposant et prisonnier Firmin Yangambi s’en
émeut: «plus aucun préalable, plus aucune exigence de décrispation,
plus d’intérêt pour le calendrier électoral. Le partage du pouvoir
point trait!»
Ces analystes sont également d’avis que même si l’arrangement
particulier était signé ce lundi 27 mars, sa mise en œuvre devrait
prendre encore beaucoup plus de temps. Arguments: «Il faudrait plus ou
moins un mois des consultations avant la formation du gouvernement,
deux à trois semaines avant son investiture à l’Assemblée nationale et
environ trois mois et une session extraordinaire pour élaborer un
nouveau budget. Un tel scenario renverrait les élections de décembre
2017 ou avril 2018 au calendre grecque».  Un piège sans issue qui ne
cadre pas avec la logique pragmatique.
A croire que l’Opposition et la CENCO n’ont pas besoin des élections.
A croire qu’elles sont dans une séquence dédiée à déboucher sur
’éviction par la rue de Joseph Kabila avant d’envisager d’autres
échéances pour la tenue des élections.
KISUNGU KAS

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page