véritable mythe dans la région, a été contraint de s’arrêter une dizaine de fois pour recevoir le bain de foule. Des masses humaines en liesse agglutinées au bord de la route et ce, bien des longues heures avant l’arrivée du crabe
Kinkwe, plus de 450 km de Kinshasa, secteur de Kitoyi, province du Kwilu. Ici, Tryphon Kin-kiey, un fils du terroir, a fait pousser en pleine forêt-galerie, une école moderne de 324 places, œuvre du génie chinois aidé par la main d’œuvre locale.
Jamais une telle école, même du temps de la très célèbre CKAE, n’avait été construite sur ces terres. Un bâtiment moderne avec bancs pupitres et tableaux modernes pour remplacer la toute petite bâtisse en chaumes qui n’a pas pu résister au feu de brousse allumé par un chasseur à la recherche du gibier. Face à cette mutation, les bénéficiaires n’ont eu que larmes, chants et mercis à adresser à leur bienfaiteur.
Jeudi 14 janvier 2015, peu avant 12 heures, le cortège de Tryphon Kin-kiey, ministre des Relations avec le Parlement, après avoir broyé des tonnes de poussière, arpentant toute cette colline verte qui sépare Kitoyi la verte de la cité de Masimanimba, arrive à Kinkwe.
Ça ressemble à l’entrée de Jésus à Jérusalem. Le village et tous ses environs sont mobilisés pour recevoir celui qu’ils ont élu en 2006 et réélu en 2011 haut-la-main! Le Mayumbu bouge. Chants traditionnels et danses pour les uns, larmes pour les autres, une émotion vécue de façons différentes. Raison: juste devant la chapelle traditionnelle sous laquelle se tient la cérémonie d’inauguration, se dresse le nouveau bâtiment de l’institut Kigangu, 6 salles de classe, 18 bancs pupitres chacune, 524 places assises au total. Difficile pour Kin-kiey de se retenir.
Au départ, le devis qui m’a été fait pour cette école était d’USD 5.000. Aujourd’hui, on en est à 20 fois plus. Avais-je le choix? Comment est-ce possible alors que ces enfants ont les visages comme les miens, comme les vôtres…et méritent aussi d’étudier dans des très bonnes conditions?», s’interroge KKM sous des applaudissements frénétiques de la foule. Juste après des petits discours, l’heure est au plus grand moment de la journée, l’inauguration de la nouvelle bâtisse. Classe par classe, «Ya Khala» et toute sa suite découvrent la merveille du génie chinois. Juste après, une visite sur les cendres de l’ancienne école, sur un sol tout noir calciné, où poussent désormais tomates et autres plantes à l’état sauvage.
En attendant la construction, les élèves de l’institut Kigangu étudiaient dans des hangars construits avec rameaux, avec pour bancs des troncs d’arbre, utilisant morceaux des bois comme tableaux. Une désolation déjà décriée dans le discours du préfet de l’école rendu sous forme d’un poème en prose qui a ébloui toute l’assistance. Cérémonie terminée, KKM et sa suite se mettent en route, cap sur Masimanimba.
Des solutions pratiques aux problèmes des enfants de Masi
Au nombre des problèmes figurent le prix assez élevé de l’eau potable, le manque d’électricité, l’inefficacité de la Coopération technique belge -CTB- dont les travaux n’ont aucun impact visible, la polémique autour du comité de gestion de l’ISP Masimanimba arrivé en fin mandat, le remplacement du médecin directeur de l’hôpital général de référence de Masimanimba, etc.
D’entrée de jeu, Kin-kiey fixe les choses: nous ne sommes pas à une réunion politique, mais plutôt à une réunion purement technique pour aborder les problèmes quotidiens des enfants de Masimanimba. KKM vise avant tout le rétablissement de la paix sociale dans sa contrée. «2016 est une année des grands défis. Nous devons être prêts à les affronter. Et Masimanimba, qui a déjà prêché par l’exemple dans le passé, doit maintenir le cap. Cela exige qu’il y ait tout d’abord la paix sociale à l’interne», commente le notable Kin-kiey.
Et sur l’épineux problème d’eau, «Ya Khala» comme on l’appelle ici, ne s’est pas fait prier: «Comme annoncé par le Chef de l’Etat, Masimanimba aura cette année une meilleure fourniture en eau potable. Mais dans l’entretemps, les habitants d’ici doivent aussi bénéficier de l’eau potable au même prix que ceux de Kikwit, Bulungu, Kenge… Rien ne justifie les inégalités des prix car les enfants de Masi ne sont pas plus riches que ceux des territoires ci-haut cités». Message capté 5 sur 5 par la foule qui a tout de suite réclamé le départ du responsable de la REGIDESO accusé de majorer le prix d’eau avec la bénédiction de l’administrateur du territoire.
Dès le lendemain matin, la population a elle-même appliqué le prix de CDF 100 par bidon de 25 litres comme c’est le cas partout ailleurs. Si le ministre a tenu à faire rapport au ministre de l’Enseignement supérieur, il a quand même tenu à visiter l’ISP Masimanimba dont il a largement participé à la construction. Une satisfaction au regard de l’évolution des travaux. Déjà, lors de la rencontre, une majorité s’était prononcée en faveur de la continuité de l’actuel comité de gestion.
Samedi soir, avant son retour sur Kinshasa le lendemain, le crabe est allé visiter Pelukumbi, village situé à plus de 30 km de Masimanimba, sur la route de Kitoyi, où il avait fait près de 100% de voix alors qu’il n’y avait jamais été. Comme partout ailleurs, un accueil chaleureux, tout le village mobilisé à l’accueillir. Que des doléances! Manque d’infrastructures devant abriter l’école, manque des centres de santé viables… En réaction rapide, le ministre leur a demandé un mémo reprenant tous les besoins, répartis selon leur importance. Ce fut un retour fracassant.
HMK

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