
La Fédération de Mbuji-Mayi du parti présidentiel accuse l’Assemblée provinciale d’«indifférence» face aux appels répétés de démission ou déchéance du gouverneur, auteur d’une «gestion calamiteuse», caractérisée par des actes de «détournement des fonds publics»
La Fédération de Mbuji-Mayi de l’Union pour la démocratie et le progrès social -UDPS- est déterminée à obtenir le départ du gouverneur Patrick Mathias Kabeya Matshi Abidi de la tête de la province du Kasaï Oriental. Elle a redit cette détermination dans sa déclaration du mardi 4 juillet dernier, via laquelle elle a lancé un ultimatum au gouverneur avant d’enclencher des actions d’envergure sur le terrain.
«La Fédération de l’UDPS Mbuji-Mayi réaffirme sa position contenue dans sa lettre du 17 juin 2023 dont l’objet concerne la démission sans complaisance de Patrick Mathias Kabeya Matshi Abidi de la tête de la province et maintient sa grande marche déjà annoncée comme assaut final en cas d’entêtement de ce dernier», a prévenu la hiérarchie du parti présidentiel dans le Kasaï Oriental, non sans mettre en garde les députés provinciaux, accusés d’«indifférence au cri du peuple meurtrie» en protégeant le gouverneur.
«Aux honorables députés, la présente déclaration est notre dernier avertissement et une mise en garde sévère au bureau de l’Assemblée provinciale qu’il faut prendre au sérieux avant de subir les conséquences de votre indifférence au cri du peuple meurtrie». La Fédération Mbuji-Mayi de l’UDPS veille au grain alors que doit s’ouvrir incessamment une session extraordinaire de l’Assemblée provinciale, attendue avec «impatience».
A l’en croire, cette session extraordinaire est l’occasion ultime de faire partir Patrick Mathias Kabeya de l’exécutif du Kasaï Oriental au nom du «contrôle parlementaire -qui- occupe une place prépondérante dans toute société qui aspire à la transparence dans la gestion de la chose publique pour départager les responsabilités».
En amont du contrôle parlementaire réclamé par l’UDPS/Mbuji-Mayi, l’Inspection générale des finances -IGF- a audité la gestion des fonds publics par le gouverneur Patrick Mathias Kabeya. La conclusion de cet audit a éclaboussé le gouv’ du Kasaï Oriental après la «découverte de deux comptes bancaires ouverts par la province, non-déclarés par elle alors que des transferts en provenance du pouvoir central y ont été logés, soit d’un montant de CDF 1 000 000 000 dans le compte Solidarité Kasaï Oriental en décembre 2022 et un montant de CDF 200 000 000 dans le compte Agrippel en avril 2023».
«De ces deux comptes, des dépenses d’un total de CDF 360 351 807 ont été effectuées, en dehors de tout plan de décaissement et sans demande de régularisation introduite par les autorités provinciales. Celles-ci se sont donc installées dans une posture de fraude, visant à contourner les mesures d’encadrement mises en place», avait révélé un communiqué de presse de l’IGF du 5 mai dernier.
Consécutivement à cette découverte, l’IGF avait décidé du blocage de toutes les opérations de sortie des fonds de tous les comptes bancaires du gouvernement provincial du Kasaï Oriental. Ces révélations ont servi de soubassement au document intitulé «Etat des lieux sur la gestion de la province du Kasaï Oriental sous le gouverneur Patrick Matthias Kabeya Matshi Abidi».
Élaboré par l’UDPS/Mbuji-Mayi et déposé, le 18 mai 2023, au bureau de l’Assemblée provinciale, ce document «démontre la gestion calamiteuse de la province caractérisée par les antivaleurs telles que le détournement des fonds publics, l’impaiement des travailleurs anciens et nouveaux du gouvernement provincial, le détournement des fonds, don du Chef de l’Etat aux victimes de l’incendie du marché Bakwa Dianga, le dédoublement de toutes les structures du parti dans la fédération en application de sa politique de diviser pour bien régner, le détournement de carburant affecté aux services de sécurités aux entreprises ENERKA, REGIDESO et SNEL».
Partant de ce constat de «gestion calamiteuse», l’UDPS/Mbuji-Mayi avait, le 17 juin dernier, adressé une lettre au gouverneur Patrick Matthias Kabeya pour lui demander de «démissionner de son poste endéans 48 heures». Après expiration de ce délai, le gouv’ Kabeya est resté aux affaires au point d’amener l’UDPS/Mbuji-Mayi à «prendre à témoins les députés provinciaux et le public kasaïen pour toutes les conséquences à venir».
Au Kasaï oriental, les crises semblent avoir la peau dure. La démarche entamée contre Kabeya n’est pas sans rappeler l’épisode Maweja dont la tête a été servie sur un plat après ses différends avec la fédération de son parti. Déchu, Maweja a vu Kabeya lui succéder en mai 2022, porté en triomphe par l’UDPS. Une année plus tard, le parti UDPS veut bouffer du Kabeya après avoir bouffé du Maweja.
Ya KAKESA