Aux affaires depuis 2019, Félix Tshisekedi a nommé, pour la première fois, une fidèle issue des rangs de l’UDPS, Judith Suminwa Tuluka, après avoir gouverné durant son premier quinquennat avec Sylvestre Ilunga Ilunkamba puis Jean-Michel Sama Lukonde, tous deux venus d’autres partis politiques. Tshisekedi a aussi surpris en appelant à cette fonction, pour la première fois depuis l’indépendance du pays, une femme. Une autre surprise à laquelle a tenu, cette fois, Tshisekedi: c’est celui d’être le premier Président de la République démocratique du Congo à caser au poste de chef de gouvernement une personnalité originaire du Kongo Central.
Mais la nouvelle locataire de la Primature, Avenue ex-3Z, possède d’autres atouts intéressants: elle a la maîtrise du secteur de développement pour avoir évolué pendant 15 ans au PNUD, elle s’y connaît en matière de sécurité pour avoir piloté la réforme de l’Armée et de la Police aux Comores, en plus d’avoir œuvré dans le secteur bancaire, l’humanitaire et la réforme des finances publiques. Alors que le pays est confronté à plusieurs défis, notamment ceux de la sécurité, de la tenue de ses finances publiques, de développement et l’humanitaire, le Président semble donc tenir un profil plus ou moins idéal pour les commandes du prochain gouvernement.
Pour avoir accumulé une solide expérience dans les domaines précités, Judith Suminwa, classée parmi les primaturables sérieux dans un précédent article d’«AfricaNews» -lire remake-, titulaire d’une Licence en Sciences économiques appliquées, option Gestion financière, des Facultés universitaires catholiques de Mons en Belgique et diplômée en Comptabilité de l’Ecole de promotion et de formation continue -EPFC- à Bruxelles, va sans doute avoir à cœur de donner une tonalité nouvelle au deuxième et dernier mandat constitutionnel de Tshisekedi.
Interrogée dernièrement sur le succès récolté dans sa vie professionnelle et personnelle, l’ex-ministre d’Etat, mariée à Monsieur Roger Tuluka et mère de deux enfants, elle assurait que «c’est beaucoup de volonté, le désir d’apprendre et de surpasser; de toujours être orientée vers le résultat». Pour ce qui est de la paix et l’entente entre les communautés, Judith Suminwa a déjà eu à diriger, avec le concours du PNUD, un projet d’appui à la Société civile à l’Est du pays, notamment un projet de développement pacifique de paix, un projet de réconciliation en Ituri entre 2003 et 2004, à l’époque des tueries entre peuples Ema et Lendu.
Réforme des forces de défense et de sécurité aux Comores!
Le fait qu’elle soit associée à la réforme de l’Armée et la Police aux Comores rassure aussi une partie des populations de la partie orientale du pays, en proie aux forces négatives depuis trois décennies déjà, contentes d’avoir enfin une cheffe de l’Exécutif national capable de traiter directement et sans complexe les dossiers sécuritaires. Aux Comores, la réforme des forces de défense et de sécurité visait à appuyer la restructuration, la modernisation du cadre légal, l’organisation et le déploiement de ces forces nationales sur toute l’étendue du territoire.
Le travail a aussi consisté à moderniser l’équipement, fournir les forces de sécurité de qualité aux Comoriens, protéger les droits humains, sécuriser et améliorer le cadre de vie dans des forces de défense et de sécurité dans les casernes d’Ongoni et dans l’Ecole de la Police à Anjouan. Côté projet de développement, Madame Tuluka a reçu, dans ses habits de ministre d’Etat en charge du Plan sous Sama Lukonde, la lourde mission de conduire un programme concret de gestion axé sur les résultats de développement, notamment dans la mise en œuvre de suivi du Programme de développement local des 145 territoires -PDL 145T-, pour lequel elle a été sur terrain en vue de l’exécution de la partie physique ayant contribué au bilan du candidat 20 à la Présidentielle de décembre 2023, et la finalisation du Plan national stratégique de développement, PNSD 2024-2028.
Le ministère du Plan assure en effet trois fonctions stratégiques au sein du gouvernement. Il s’agit de la fonction d’études et de production de statistiques, la fonction de planification, programmation et budgétisation et la fonction de suivi et d’évaluation des programmes et projets dans tous les secteurs de la vie nationale. Véritable gouvernement en miniature au sein du gouvernement, c’est ce portefeuille qui élabore le plan de développement national et en programme l’exécution tout en assurant le suivi de sa mise en œuvre. Quiconque y passe est promis à être un parfait animateur de l’Exécutif, se convainc la Presse nationale.
Au Budget, expliquait Suminwa, elle a travaillé sur la réforme des finances publiques avec focus sur la réforme budgétaire. «Ça m’a permis d’avoir une meilleure connaissance de toutes les politiques publiques pour le développement du pays. Parce que le budget doit aligner les chiffres qui permettent à ses politiques d’entrer en exécution», disait-elle. Reste la plus grande épreuve à franchir: traduire en résultats palpables les politiques publiques qu’elle va devoir initiées, axées sur la réduction de la pauvreté, la construction des besoins sociaux de base, la réduction du train de vie des institutions, l’amélioration des salaires des fonctionnaires et agents de l’Etat, le retour de la paix à l’Est du pays ainsi que la réforme de la Justice et de toute l’Administration publique. Prenant la parole lundi peu après sa nomination, la Première ministre a dit connaître ce qui l’attend: «Je sais que la tâche est grande et que les défis sont immenses, mais ensemble on y arrivera».
