Le ciel s’est assombri à la Chambre des sages du Parlement RD-congolais depuis que de graves accusations de détournement de fonds pèsent sur l’ancien bureau du Sénat. Face à ces soupçons, le ministre d’État en charge de la Justice et garde des Sceaux, Constant Mutamba, a ordonné l’ouverture d’une enquête «en urgence».
L’urgence s’impose véritablement. Le ministre d’Etat Mutamba a confié cette mission à l’Inspecteur général de la Police judiciaire des Parquets, qui devra mener l’enquête en collaboration avec l’Inspection générale des Finances -IGF- en vue de faire la lumière sur ces allégations de malversation financière et d’établir les responsabilités des personnes impliquées. De quoi s’agit-il exactement ? La réponse est claire comme l’eau de roche parce que les soupçons portent essentiellement sur le détournement des émoluments du mois de mai 2024 de tous les sénateurs et membres du bureau sortant.
Selon une correspondance du deuxième vice-président du bureau sortant qui a fait l’intérim de président du Sénat, Sanguma Mossai, adressée à l’IGF, le montant détourné s’élèverait à 8 092 000 000 francs congolais, soit environ 2 839 298 USD.
Que des versions contradictoires
Le bureau du Sénat, dirigé par Sanguma Mossai après le départ de Bahati Lukwebo et avant l’installation du bureau définitif, avait saisi l’IGF pour dénoncer cette malversation. Cependant, le bureau d’âge du Sénat conteste ces accusations, affirmant que le bureau sortant n’avait laissé que 0 dollar en trésorerie au 16 mai 2024.
Les informations obtenues mercredi ses services financiers de la Chambre haute font constater que Sanguma Mossaï, le président ai honoraire du Sénat a menti de sang froid à l’égard du bureau provisoire conduit par Pascal Kinduelo, accusé d’avoir détourné 3 millions de dollars américains. Les documents fuités accablent, au contraire, Sanguma Mossai et toute sa gestion. D’une part, le président ad intérim honoraire de la Chambre des sages, n’a rien laissé dans les caisses et dans les comptes comme l’atteste si bien une page du PV de remise et reprise avec solde 0,00 en dollars, euros et francs congolais.
Et d’autre part, il a légué au bureau d’âge du Sénat une série de dettes : 1. 500.200, 68 dollars pour les formations médicales, 3,308 milliards de francs congolais, 2,761 millions de dollars et 98.978 euros pour les agences de voyage. Ce n’est pas tout. Il a encore 4,219 milliards de francs congolais pour le compte des retraités de l’administration du Sénat.
Surpris de lire dans les réseaux sociaux un courrier du vice-président honoraire du Sénat Sanguma adressé à l’IGF, le bureau d’âge de la Chambre haute avait vite réagi. Dans une mise au point, le bureau de Pascal Kinduelo avait fait savoir qu’à son arrivée à la tête du Sénat, il a trouvé que les membres du bureau sortant avaient déjà perçu leurs indemnités de sortie depuis le mois de décembre 2023. Pour des raisons inavouées, tous continuaient à percevoir indûment leurs émoluments des mois de janvier, février, mars et avril 2024. Le bureau provisoire a hérité de 2 mois d’arriérés et d’une dette de plus de USD 3 millions au tire de voyage, soins médicaux et autres factures laissées par le président ai honoraire du Sénat.
Face à ces versions contradictoires, il revient désormais à la justice et aux services compétents, à l’instar de l’IGF, de mener une enquête sérieuse pour établir les faits et identifier les responsables de ce détournement présumé de fonds publics. Bon nombre de rd-congolais estiment que l’ouverture de cette enquête est un signal fort de la volonté du gouvernement de lutter contre la corruption et de sanctionner les auteurs. Et tout état de cause, le ministre d’Etat en charge de la Justice a déjà donné le go pour faire la lumière sur ce dossier qui défraye la chronique. Un dossier qui va servir d’exemple aux prédateurs dans le cadre de la gestion de la res publica, une fois les responsabilités établies.