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RDC : Sele Yalaghuli lamine Alingete

Dans un contexte de récession et de crise économique mondiale, pourquoi le patron de l’IGF alterne affirmations et accusations, avance des chiffres qu’il ne saurait jamais prouver, confirmant l’imbroglio dont a récemment parlé l’opérateur économique Leni Ilondo?

Porte-voix des opérateurs économiques membres de la Fédération des entreprises du Congo -FEC-, Leni Ilondo a récemment adressé une lettre ouverte au Président de la République accusant l’Inspection générale des finances -IGF- d’entretenir l’imbroglio dont les conséquences réduiront la capacité de l’État à financer ses dépenses publiques.

Ces accusations n’y ont rien fait apparemment parce que l’Inspecteur général des Finances chef de service, Jules Alingete Key, a confirmé le mal qu’on dit de lui en saisissant le Chef de l’État pour affirmer que «suivant divers rapports établis par les inspecteurs généraux des finances chargés du suivi du Compte général du Trésor à la Banque centrale du Congo, il se dégage, au 05 novembre 2020, un non-paiement des rémunérations du personnel pris en charge par le Budget de l’État de CDF 185.252.167,057 sur une enveloppe totale de CDF 421.220.880.894 et ce, en dépit des recettes de 576.187.234.508,83 réalisées au mois d’octobre 2020».

Pour Jules Alingete, «il se dégage donc une augmentation inquiétante des dépenses hors rémunérations alors que depuis trois mois les recettes publiques sont constantes» et «les mesures de suppression des exonérations illégales décrétées par le Conseil des ministres ne sont toujours pas d’application à la Direction générale des impôts -DGI- ainsi qu’à celle des recettes administratives, domaniales, judiciaires et de participation -DGRAD».

Une manière de charger et de faire délibérément porter le chapeau le ministre des Finances, aussitôt attaqué via les réseaux sociaux par certaines figures de l’UDPS, prompte à transposer sur le terrain des finances publiques la crise entre le FCC et le CACH. Un coup fourré! Rien d’autre!

La cinglante riposte de l’argentier national

Sele Yalaghuli y a réservé une cinglante riposte. Dans un courrier destiné au Président Félix Tshisekedi, l’argentier national a surtout laminé l’Inspecteur général des finances, chef de service, évoquant, comme l’homme d’affaires Leni Ilondo, la confusion et les contrevérités dans laquelle baigne l’Inspection générale des finances, démontrant que Jules Alingete a tout faux et qu’il entreprend d’induire en erreur le Président de la République.

«D’entrée de jeu, qu’il me soit permis de relever plusieurs déficiences et contrevérités découlant de cette correspondance. En effet, contrairement à ce qui a été affirmé dans cette lettre, l’analyse de la situation des finances publiques relève, depuis avril 2020 à ce jour, que le financement monétaire du déficit est nul. Ce qui explique d’ailleurs la stabilité relative du taux de change établie entre 2010 et 2017 FC le dollar américain au marché parallèle, depuis début juillet 2020, en raison des effets décalés», a fait comprendre le ministre des Finances, relevant, selon ses propres termes, «une confusion entretenue entre le Compte général du Trésor qui constitue un stock et l’exécution du Plan de Trésorerie de l’Etat qui renvoie à un flux».

Sele Yalaghuli a précisé que la paie des agents et fonctionnaires de l’Etat est couverte chaque mois à raison de trois quarts et le reste, le mois suivant. «Ainsi, à fin septembre 2020, toutes les paies des agents et fonctionnaires de l’Etat ont été effectuées. La paie du mois d’octobre, notamment la queue de CDF 185 milliards, sera complètement exécutée au plus tard le 15 novembre courant», a indiqué l’argentier national. Il a ajouté que ce chevauchement de la paie entre deux mois résulte, d’une part, de la modicité des recettes -en moyenne mensuelle CDF 544 milliards- et, d’autre part, de l’importance des dépenses contraignantes et non discrétionnaires -en moyenne mensuelle 640 milliards-, sans prise en compte d’autres dépenses d’environ CDF 100 milliards. Les dépenses contraignantes comprennent les dépenses des rémunérations chiffrées à 420 milliards ainsi que les dépenses de souveraineté, humanitaires et du service de la dette arrêtées à 220 milliards.

Contrevérités, les écarts et dérives d’interprétation émanant du courrier de Jules Alingete

Sele Yalaghuli a aussi abordé les questions des exonérations soulevées par le courrier de l’Inspecteur général des finances, regrettant qu’elles soient devenues, «à tort, une sorte de panacée à l’amélioration des recettes», dans un contexte de récession et de crise économique mondiale.

Le ministre des Finances a fustigé le fait que «le rapport tant vanté par l’IGF n’a jamais été porté à la connaissance du ministère des Finances pour permettre à ce dernier d’apporter la réaction contradictoire et statuer en connaissance de cause». Il a tenu à faire constater que, lors du Conseil des ministres du 25 septembre 2020, il a été recommandé que le rapport exhaustif présenté par le ministre des Finances soit versé à la Commission ECOFIN en vue d’en dégager des éléments pouvant être en phase avec celui intérimaire de l’IGF. Il a dit attendre, à ce jour, cette réunion de l’ECOFIN pour statuer sur les cas dits illégaux, sur la base des preuves documentées. Sele Yalaghuli est convaincu que, dans ce contexte, il est illogique d’instruire des services sur des exonérations qualifiées d’illégales, et dont la teneur n’a pas été portée à la connaissance du ministère. Surtout qu’à ce jour, aucun rapport n’est soumis aux délibérations du Conseil des ministres pour s’ériger en décision d’Etat et crédibiliser les affirmations jusque-là non prouvées de Jules Alingete, qui fonctionne comme si les contrôles effectués par ses services donnent lieu à des décisions à priori.

Alors que les contrevérités, les écarts et dérives d’interprétation émanant du courrier de l’Inspecteur général des finances sont connus du public, des questions fusent. L’IGF est-elle devenue le bras armé de certains milieux de l’UDPS, prompts à présenter certaines évidences financières comme des attitudes tendant à bloquer l’action du Président de la République? L’IGF oublie que le FMI a interdit de toucher aux réserves internationales dans le cadre du programme de référence? L’IGF peut-elle à ce sujet enquêter et présenter un rapport objectif sur l’effritement de ces réserves de change passées aujourd’hui à moins de 700 millions de dollars, ces réserves où le gouvernement ponctionner pour compenser le déficit des dépenses des rémunérations quitte à régulariser la situation au fur et à mesure que les caisses de l’Etat sont renflouées? Pourquoi le patron de l’IGF alterne affirmations et accusations, avance des chiffres qu’il ne saurait jamais prouver, confirmant l’imbroglio dont a récemment parlé l’opérateur économique Leni Ilondo?

Au demeurant, la mobilisation des recettes ne saurait être un slogan dans un environnement où l’économie mondiale fait face à la récession. «Le ministre des Finances ne saurait être attaqué quand il parle des évidences, de la rationalité économiqueet applaudi après avoir dénoncé les irrégularités constatées dans l’exécution du programme des 100 jours du Président de la République ou lorsqu’il paie à temps les dépenses des services qui pullulent à la Présidence de la République», a commenté de son côté un cadre de l’administration du Budget, où les dépenses de l’Etat sont ordonnancées.

Tino MABADA

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