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Révision de la Constitution: Kabila en proie à la défiance!

Le Président de la RD-Congo, Joseph Kabila
Le Président de la RD-Congo, Joseph Kabila
Foi d’un analyste politique: même si l’UDPS s’efface lentement, Kengo est issu d’une opposition contestée et Kamerhe balbutie, Kabila et la MP devraient se méfier de la résistance de la population dans leur projet de remanier la Constitution. Signal fort: Likasi, au Katanga, se prépare à gronder  
Kingakati passé, le temps  aux analyses. Analystes et chercheurs rivalisent de lecture sur les suites du projet de la Majorité présidentielle de retoucher la Constitution en vue d’organiser les élections provinciales au scrutin indirect. D’aucuns y voient une démarche inavouée de contourner les dispositifs verrouillés de la constitution de 2006 déjà révisée en 2010.
Dans ce cas, ils prédisent déjà des joutes Kabila vs population, évoquant la faiblesse et la démission collective de l’Opposition. Ils basent leur postulat sur le signal émis depuis le Katanga, le même, où la Société civile de Likasi a récemment initié une pétition contre tout changement ou toute modification de la Constitution. Choc en perspective.  
Tout le monde en parle et l’affirme: la Majorité présidentielle est avancée dans son projet de révision de la Constitution. Jeune Afrique en ligne a récemment évoqué les hypothèses de prolongation ou d’un troisième mandat pour Kabila. Pareille théorie a une contrainte: celle de contourner impérativement l’article 220 de la Constitution, qui interdit de modifier le nombre et la durée des mandats présidentiels.
Réunie autour de son Autorité morale, Joseph Kabila, le jeudi 20 mars à Kingakati, la Majorité s’est refusée à tout débat de cette nature. «Les sujets relatifs aux candidatures pour le prochain cycle électoral de 2016 ont été déclarés purement et simplement hors contexte étant donné que le Président et sa Majorité ont reçu en 2011 le pouvoir de vouloir et de faire sur l’arène institutionnel de la RDC pendant cinq ans. En 2014, ils sont encore pleinement occupés à assumer les tâches relatives à ce mandat qui leur a été confié par le peuple souverain et qui court encore.
Toute insistance à ce sujet relève de la distraction», a précisé Aubin Minaku, secrétaire général de la MP. Au point 7 de cette déclaration, Minaku a cependant reconnu ce qui se chuchotait quand il a déclaré: «… La MP envisage sérieusement l’idée de faire initier le cas échéant par qui de droit une consultation référendaire sur des questions fondamentales portant notamment sur la parité homme-femme et le mode de scrutin pour les élections des députés provinciaux et ce, conformément aux dispositions de l’article 218 de la Constitution».
Voilà pour la version officielle, a nuancé un opposant sous le couvert de l’anonymat, affirmant que le projet s’étend aussi sur le mandat du chef de l’Etat, notamment son élection au scrutin indirect et le passage de la durée de son mandat de 5 à 7 ans! Vrai ou faux, officiel ou officieux, le projet fait polémique et des questions fusent. La principale: «Qui pourrait empêcher Kabila de passer à l’acte? La Communauté internationale? L’Opposition? Ou le peuple?». Franchement, il s’agit d’un débat essentiellement interne, a répondu un analyste, rappelant tous ces Régimes qui ont révisé les Constitutions de leurs pays sans une quelconque réaction de la Communauté internationale.
Attention, ça gronde à Likasi
Voici qu’un autre analyste politique vient à se montrer sceptique sur la capacité de l’Opposition à faire échec au dessein de la MP.  Raisons: «A voir la façon dont évolue l’Opposition dans notre pays actuellement, elle sera incapable de dissuader Kabila et sa troupe. L’UDPS parle d’exercer le pouvoir mais ne fait rien du tout. Ce parti endort le peuple. La direction vient déjà de se déclarer non partant pour les prochaines élections provinciales et locales alors que les jeunes du parti s’impatientent.
Léon Kengo wa Dondo fait partie d’une opposition qui est contestée par ceux qui se disent de l’opposition et ceux de la société civile. Vital Kamerhe balbutie et affiche des prétentions au dessus de ses capacités réelles. Tout ce monde au sein de cette Opposition posent des actes qui ouvrent la voie royale à Kabila face aux RD-Congolais». De l’avis de l’analyste, «l’opposition RD-congolaise semble inexistante dans toutes ses branches. Il y a  un camp qui accompagne le pouvoir et est perdu dans la guerre de leadership. L’UDPS, qui incarnait la vraie Opposition, a un point de vue anachronique».
Il a le sentiment que face à l’immobilisme de l’Opposition, la Société civile va devoir prendre ses responsabilités. Dans ce cas, le peuple va affronter directement le chef de l’Etat, ce qui risquerait de mettre en mal la démocratie et la stabilité qu’on prétend préserver. Pour corroborer sa thèse, l’interlocuteur d’AfricaNews a cité la pétition de la Société civile de Likasi, opposée au changement de la Constitution et à l’élection des députés provinciaux au scrutin indirect.
«Cette pétition demande à la population de dire non au changement de notre Constitution. Et même de ses articles. Nous ne voulons pas que ça puisse subir une certaine révision. Surtout l’article 167 en rapport avec les élections provinciales», a tapé Paul Kisimba au micro de Radio Okapi.
Et de poursuivre: «Nous voulons que les élections à la base se tiennent réellement parce que c’est ce qui doit impulser le développement. Voilà pourquoi nous lançons maintenant cette pétition afin que la population de Likasi, territoire de Kambove, signe afin qu’on ne puisse pas toucher à notre Constitution».
L’analyste entrevoit des doutes sérieux de la part de la population et un effet contagion à travers toutes les villes et tous les territoires du pays. Son argument: «Les RD-Congolais sont aujourd’hui tellement éveillés politiquement qu’ils n’accepteront pas de se faire leur démocratie sous n’importe quel prétexte». Son mot de la fin: on peut réussir à modérer toute l’Opposition mais pas tout un peuple.    
YA KAKESA         

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