Dossier à la UneEcofinJusticeMédiasNation

Retransmission des matchs de la CAN: François Kabulo et Georges Kabongo visés par une patrouille des flics pour factures douteuses

Un gros flou règne sur les paiements faits par l’Etat RD-congolais depuis 2017 à l’Agence animée par le journaliste sportif et son homme lige pour les retransmissions des matches des Léopards. L’Inspecteur général des Finances Jules Alingete a obtenu de la hiérarchie l’autorisation de tout retracer et s’assurer auprès de l’UAR au Sénégal de l’effectivité de tous ces paiements. Face au duo, ce que le pays compte de plus performant en matière d’investigations financières…

Des supers pros, des chiens de chasse sont déployés. Georges Kabongo Kanda, le patron apparent de Goka International, et le célèbre journaliste sportif François Kabulo mwana Kabulo, le vrai boss de cette agence, à en croire les sources proches de la Police judiciaire, risquent gros. Ils n’ont qu’à bien se tenir face au feu roulant des questions des flics mis à leurs trousses. Jules Alingete Key, Inspecteur général chef de service de l’Inspection générale des finances -IGF-, a obtenu de la hiérarchie la permission d’investiguer sur les décaissements des fonds publics pour une série de retransmissions des matches de l’équipe nationale de football, les Léopards, entre 2017 et 2021.

Face à la paire visée se dresse ce que le pays compte de plus performant en matière d’investigations financières. Une équipe costaud composée de l’IGF, de l’Agence de prévention et de lutte contre la corruption -APLC-, la Brigade criminelle et du Parquet général, selon un SMS de Jules Alingete qu’un bon vent a conduit à AfricaNews dimanche. Cette patrouille a la mission de retracer tous les paiements faits par l’Etat depuis 2017 à Goka International, présentée comme une Agence de vente des droits télé et de commercialisation des événements sportifs, et s’assurer auprès de l’Union africaine de radiodiffusion -UAR- au Sénégal.

Jules Alingete a piqué une colère noire le 27 mars quand il a appris les nouvelles d’une nouvelle facture estampillée UAR, adressée au responsable de Goka International, avec copies au gouvernement et au Directeur de cabinet du Président de la République, indiquant que cet organisme panafricain «n’est plus en mesure de livrer le signal TV pour les prochains matchs que livrera l’équipe nationale des Léopards», notamment la rencontre de ce lundi 29 mars contre la Gambie comptant pour la sixième et dernière journée des éliminatoires CAN 2021, faute pour la République démocratique du Congo d’avoir honoré ses factures malgré «les différentes relances et les mises en demeure de la CAF et de l’UAR».

Vieilles pratiques

Le 25 mars dernier, le public sportif n’a effectivement pas eu droit au direct de l’explication de la cinquième journée entre les Léopards et les Panthères du Gabon. Devant les confrères de l’émission «Equipe nationale» reçus quelques heures après cette retransmission interdite, Jules Alingete a expliqué avoir bloqué le paiement d’une mise à disposition de fonds -MAD- d’une valeur de 320.000 euros, soit 400.000 dollars, émise en faveur de Goka International, relative au droit de retransmission du match des éliminatoires de la CAN.

La MAD à l’origine de l’enquête IGF-APLC-Brigade criminelle-Parquet général

Selon les informations d’AfricaNews, ces fonds devaient être virés dans le compte 05101-00514330901-52 logé chez Raw Bank. Raison du blocage: non seulement la somme requise est exorbitante pour une seule retransmission et la MAD concernée a été éditée au nom d’un individu, le fournisseur Georges Kabongo mais, aussi et surtout, le décaissement sollicité l’a été seulement deux heures avant le coup d’envoi alors que le gouvernement avait déjà payé toutes les factures de droit de diffusion couvrant toutes les rencontres des  éliminatoires CAN 2021, soit 780.000 euros, pièces comptables et financières faisant foi, a expliqué Jules Alingete aux journalistes.

Aux yeux de l’Inspecteur général des finances, les menaces contenues dans le courrier du 27 mars de l’UAR font passer les affirmations de l’IGF pour une imposture et lui, Jules Alingete, pour un incompétent alors qu’il est sûr d’être sur la piste d’une arnaque consistant à faire payer des fausses factures au gouvernement ou à lui facturer deux fois un même service. Comment une note réclamée par une institution sérieuse comme l’UAR doit être payée à des compatriotes congolais? Pourquoi laisser passer tout le temps pour venir présenter la douloureuse à deux heures du match? Pourquoi ne pas donner le code de retransmission à la RTNC et négocier le paiement après? Comment expliquer cette pression à obtenir coûte que coûte ce paiement pendant le cours du match? Pourquoi 400.000 dollars pour le direct d’une seule rencontre de football? Autant de questions qui fondent les soupçons de Jules Alingete, convaincu de l’existence d’une maffia entretenue par les animateurs de Goka International.

Selon des indiscrétions à la RTNC où preste encore Kabulo muana Kabulo, 65 ans d’âge en septembre 2017 et plus de 35 ans de service, Goka International est réputée pour ses pratiques visant à faire payer au gouvernement des relevés déjà honorés par d’autres partenaires généreuses. C’est le cas des matches du championnat de football professionnel anglais pourtant offerts gratuitement au public sportif des pays de l’Afrique subsaharienne par «Kwese sports TV» du groupe Econet Wireless mais dont la République démocratique du Congo a dû payer l’addition à l’Agence de Kabongo et Kabulo, apparemment peu satisfaite du bonus des recettes générées par la publicité de deux sociétés de téléphonie cellulaire locales, d’une agence des voyages bien connue sur le Boulevard du 30 juin, d’une banque commerciale cliente et d’une compagnie d’aviation.

Des sources concordantes rapportent que des responsables de la télévision publique et des membres de cabinet de la Communication et Médias ont aussi joué leur partition à l’époque dans cet autre dossier sale comme dans le dossier des matches de la Ligue des champions de l’UEFA, autre chasse gardée de Goka International. En attendant, les deux K -Kabongo et Kabulo- jouissent de leur présomption d’innocence. Même si un membre de la doublette est entré en contact avec des activistes des droits de l’homme dans l’espoir de négocier un communiqué destiné à dénoncer un prétendu acharnement de l’IGF.  

KISUNGU KAS

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page