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Réponse ferme de Kabila à Obama

Face aux multiples pressions injonctions répétées à organiser les élections dans les délais ou à partir le 20 décembre, le Président de la République dénonce les ingérences intempestives et illicites; il fait valoir la souveraineté de la RD-Congo ainsi que le respect du droit de son peuple à s’autodéterminer
Le Président américain Barack Obama a dit soutenir «le premier passage pacifique et démocratique imminent du pouvoir» en RD-Congo dans un message de vœux adressé à son homologue RD-congolais mardi 28 juin à l’occasion du 56ème anniversaire d’indépendance de la RD-Congo, célébré à Kindu, quelques jours après l’annonce par Washington des sanctions ciblées contre le général Célestin Kanyama, patron de la Police provinciale de Kinshasa, et l’appel du Parlement européen à l’adresse du Président RD-congolais invité à démissionner le 20 décembre 2016, suscitant une vive réaction de Joseph Kabila, qui a fustigé «les ingérences étrangères intempestives et illicites» dans son discours du 30 juin.
«Votre pays est sorti des ravages de la guerre et a atteint une stabilité et une prospérité accrues… Nous sommes aux côtés du peuple de la RD-Congo et nous soutenons le premier passage pacifique et démocratique imminent du pouvoir.
Nous attendons avec impatience nos relations futures avec une République Démocratique du Congo stable, démocratique et prospère», a écrit Barack Obama à Joseph Kabila dans un message de vœux dont Jeune Afrique a affirmé avoir consulté une copie.
Référence sans doute à la fin du deuxième et dernier mandat constitutionnel du Président Kabila, interdit d’en briguer un troisième, donnant au pays la possibilité de connaitre la toute première alternance politique de son histoire, s’accordent à dire plusieurs analystes.
Daté du 28 juin 2016, le message de Barack Obama est arrivé quelques jours après l’annonce par Washington des sanctions ciblées contre le général Célestin Kanyama, commissaire provincial de la Police de Kinshasa, et l’appel du Parlement européen à l’adresse du Président Kabila, invité à démissionner le 20 décembre 2016.
Kabila a réagi de manière ferme à tous ces messages dans son discours à la nation le 29 juin.
Un discours jugé radical vis-à-vis «des ingérences intempestives et illicites dans les affaires intérieures» du pays, rappelant que la RD-Congo est un pays souverain disposé «à nouer des partenariats constructifs et mutuellement avantageux avec tous les autres Etats, dans le respect de leurs peuples respectifs». Allusion incontestable aux injonctions répétées de la Communauté internationale à organiser les élections dans les délais constitutionnels et à dicter la marche du pays.
Rappelant les martyrs qui ont payé un lourd tribut pour que «vive la patrie toujours et perpétuellement en danger», Kabila a également lâché: «le credo de notre lutte demeure le respect du droit de notre peuple à s’autodéterminer».
«A tous ceux qui pensent que l’histoire de ce pays devrait toujours s’écrire en lettres de sang et par d’autres», Kabila a fait savoir: «Notre peuple est mûr, il connait parfaitement où se trouvent ses intérêts et comment en assurer la défense».
Kabila joue la fibre nationaliste et invite les étrangers -comprendre les capitales occidentales- à ne pas se mêler des affaires intérieures. Une manière d’indiquer qu’au nom de sa souveraineté, la RD-Congo a liberté d’action et sa priorité actuelle demeure le dialogue, «une option irréversible».
Reste à savoir l’ultime position de la frange de l’Opposition réunie au sein du Rassemblement né à Genval, qui perçoit le dialogue convoqué par le Président comme une manœuvre stratégique pour rester au pouvoir. Dans cette partie de billard à multiples bandes, difficile de savoir qui sortira vainqueur.
Tino MABADA
Discours de son Excellence Monsieur le Président de la République à l’occasion du 56ème anniversaire de l’indépendance de la République Démocratique du Congo
Mes chers compatriotes,
30 juin 1960, 30 juin 2016, cela fait exactement 56 ans depuis que nos Pères de l’Indépendance nous ont légué un bel héritage, celui d’un Congo affranchi de toute servitude et domination étrangère, avec un peuple libre, digne et fier d’être Congolais ; un grand peuple au cœur du continent.
Aujourd’hui, 56 ans après, ensemble, nous avons engagé un long processus de construction d’une nation forte qui a pu résister, avec courage et détermination, à toutes les tentatives des forces centrifuges dont l’objectif était, naturellement, de nous diviser.
Que nos forces de défense et de sécurité, qui travaillent nuit et jour, dans des conditions extrêmement difficiles, à la défense de la partie, trouvent ici l’expression renouvelée de la reconnaissance de notre peuple.
Alors que le pays court encore les mêmes risques et reste exposé aux mêmes menaces comme au lendemain de notre indépendance, aujourd’hui encore, hélas! certains parmi nous et autour de nous, pensent que le 30 juin 1960 n’aura été qu’une date comme toutes les autres, une date sans signification particulière, un vieux et un lointain souvenir rapidement effacé de la mémoire collective ou à effacer à tout prix.
En témoignent les ingérences étrangères intempestives et illicites, dans les affaires de politique intérieure de notre pays.
Célébrer l’anniversaire de notre fête nationale, c’est rappeler donc, une fois de plus, que le Congo est un Etat souverain, disposé à nouer, sans nul doute, des partenariats constructifs et mutuellement avantageux avec tous les autres Etats, dans le respect de leurs peuples respectifs.
C’est de haute lutte en effet, que ce statut a été conquis. Nos héros et martyrs en ont payé le lourd tribut, pour que vive la patrie, toujours et perpétuellement en danger. Voilà qui explique que le crédo de notre lutte demeure le respect du droit de notre peuple à s’autodéterminer, conformément à l’intérêt national.
Chers compatriotes,
C’est interpelé par l’héritage de nos héros et de nos pères de l’indépendance, que nous nous employons, à travers le processus de décentralisation, à doter notre pays d’une nouvelle organisation territoriale. Celle-ci vient, en effet, d’être consacrée à travers l’installation des vingt et une nouvelles provinces, dotées démocratiquement de leurs animateurs, faisant passer ainsi le nombre total de nos entités provinciales de 11 à 26.
Notre objectif, c’est bien de parvenir à une meilleure administration de l’ensemble de notre territoire national et à une bonne prise en charge des besoins fondamentaux de nos concitoyens de l’arrière-pays.
Oui, au contact avec nos populations du Congo profond, j’ai vu renaitre l’espoir du redécollage du développement de nos territoires et de nos campagnes.
Notre engagement, ensemble avec les dirigeants de ces nouvelles provinces et ceux des entités de base qui seront rapidement désignés, c’est de ne pas trahir cet immense espoir.
Chers compatriotes,
En ce moment où nous célébrons notre fête nationale, j’ai conscience de la situation économique préoccupante que traverse notre pays, suite principalement au choc exogène découlant de la baisse continue des cours des matières premières d’exportation qui affectent plusieurs pays producteurs, à travers l’Afrique et dans le monde.
Après avoir résisté vaillamment pendant plusieurs mois, la stabilité et la croissance économique de notre pays, amorcées au prix de beaucoup de sacrifice, depuis 2001, sont aujourd’hui, mises à rude épreuve.
ET je comprends la perplexité qui est la vôtre, au regard de la baisse du pouvoir d’achat de chacun de vous, surtout celui des plus démunis, avec des conséquences prévisibles sur le panier de la ménagère. J’aime autant vous assurer que l’amélioration des nos conditions de vie demeure au centre de nos préoccupations quotidiennes.
Nous allons accentuer nos efforts de stabilisation économique et monétaire, à travers la mise en œuvre des 28 mesures économiques à caractère prioritaire et celle de la loi des finances rectificative de l’exercice 2016 que je viens de promulguer.
C’est dans ce sens que des instructions particulières ont été données au Gouvernement en vue de limiter au maximum, les effets néfastes de cette crise, et j’en assurerai un suivi particulier.
Dans le même contexte, notre jeunesse devrait être assurée, que ses préoccupations, ses doutes et ses ambitions, demeurent au centre de notre action. Voilà pourquoi, en plus de l’initiative du financement des meilleurs projets des jeunes entrepreneurs, dont l’appel a été lancé début juin dernier, sur toute l’étendue du territoire national, j’ai instruit le Gouvernement à œuvrer à la mise en place rapide d’un fonds spécial de promotion de l’entreprenariat et de l’emploi des jeunes de toutes les catégories socioprofessionnelles, en vue d’un traitement plus structurel des problèmes de chômage des jeunes.
Chers compatriotes,
La date du 30 juin, c’est aussi une occasion pour un rappel constant à la vigilance car, aujourd’hui comme hier, des menaces à l’intégrité de notre territoire, à la stabilité de nos institutions ainsi qu’à la cohésion nationale, demeurent persistantes et pressantes.
Il nous faut, envers et contre tout, œuvrer, de manière inlassable, en faveur de la paix et de la sécurité de notre pays, et faire face aux actes terroristes qui nous sont imposés.
Voilà pourquoi, nos forces de défense et sécurité poursuivent, avec détermination, leur croisade contre les mouvements terroristes actuellement en cavale dans deux groupements du secteur Beni-Mbau, territoire de Beni. Cette traque gagnera chaque jour en intensité, jusqu’à leur éradication totale.
Mes chers compatriotes,
Avant de terminer mon propos, j’aimerais rappeler qu’il y a une année, jour pour jour, j’avais annoncé l’option d’organiser le dialogue en vue de garantir un processus électoral inclusif, crédible et surtout, apaisé.
Avec l’implication de l’Union Africaine, un processus de facilitation international avait permis d’engager des contacts avec toutes les parties prenantes en vue de l’ouverture de ces pourparlers de grand intérêt national.
J’ai eu à l’esprit, l’impérieuse nécessité d’engager la classe politique à conjurer les contestations intempestives des calendriers publiés généralement sous des pressions diverses et celles, prévisibles, d’un fichier électoral qualifié, à juste titre, de peu fiable et de non inclusif, en raison de l’exclusion de plusieurs millions d’électeurs, au nombre desquels, des jeunes majeurs et des congolais vivant à l’étranger.
J’ai eu enfin à l’esprit le souci de doter la classe politique d’un cadre pouvant lui permettre de se donner des gages d’un engagement citoyen à respecter les règle de jeu, en amont et en aval du processus électoral, afin d’éviter la réitération des contestations des listes et des résultats électoraux, base matricielle des violences pré et post-électorales.
Malgré des signaux contrastés envoyés par certains opérateurs politiques, Je me réjouis cependant de constater que cette initiative est à ce jour, portée à bout de bras par l’ ensemble de notre peuple, à travers la Société Civile et même la majorité de la classe politique.
Cette option étant pour Moi irréversible, J’encourage le Facilitateur désigné par l’Union Africaine, à finaliser ses consultations, en vue de l’ouverture rapide de ce Forum et l’assure du soutien de la nation congolaise, dans ses efforts visant à parvenir à un consensus politique sur les questions précitées.
Mes chers compatriotes,
Le dialogue n’étant pas cependant, une fin en soi, Je félicite notre centrale électorale, la CENI, pour les efforts fournis à ce jour, en rapport avec les préparatifs des futures élections, à travers notamment, la révision du fichier électoral.
Le processus étant déjà lancé depuis le 10 février 2016 par le lancement de l’appel d’offre en vue de l’acquisition du matériel électoral et, après le test pilote des kits d’enrôlement, l’attribution des marchés aux entreprises jugées compétitives depuis le 05 juin 2016, et la signature effective des contrats y relatifs, plus rien ne pourra arrêter le train des futures élections.
Voilà pourquoi, Je lance, à cet effet, un appel solennel à notre peuple, comme Je l’avais fait en 2005 et en 2011,de participer massivement aux opérations proprement dites d’enrôlement des électeurs qui débutent dans quelques semaines, au cours du mois de juillet de cette année, par la province du Nord-Ubangi, en vue de l’établissement des listes électorales.
Je tiens à vous rassurer que toutes les dispositions ont été prises en vue du financement dudit processus, dans toutes ses séquences, tels que prescrits par la loi, mais également en vue des sa sécurisation.
Et comme en 2006 et en 2011, tous les moyens logistiques de l’Armée seront mobilisés et mis à la disposition de la CENI à cette même fin.
Notre engagement en faveur de la démocratie, à travers l’expression régulière de la souveraineté populaire prescrite à l’article 5 de la Constitution est à ce prix.
Mes chers compatriotes,
A tous ceux qui pensent que l’histoire de ce pays devrait toujours s’écrire en lettres de sang et par les autres, nous rappelons que c’est par le peuple congolais, et en République Démocratique du Congo que, dans la paix, les nouvelles pages de l’histoire de notre pays restent à écrire et le seront. Car, comme n’avons jamais cessé de le répéter, notre peuple est aujourd’hui mûr. Il connait parfaitement où se trouvent ses intérêts et comment en assurer la défense.
Ces derniers le seront, non plus par la violence, mais plutôt à travers la recherche permanente d’un consensus  responsable, susceptible de nous aider à préserver les acquis de la lutte de nos Pères de l’indépendance et ceux de nos efforts communs, à savoir la paix, la stabilité politique et économique retrouvée ainsi que le vaste patrimoine des infrastructures bâties, en peu de temps, au prix de plusieurs sacrifices, et des chantiers en cours d’exécution.
Que vive la République Démocratique du Congo!
Que Dieu bénisse notre pays!
Bonne et heureuse fête de l’indépendance!»

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