L’affaire ne peut qu’intriguer si l’on considère la tournure qu’elle prend. En fait, au départ, c’est trois affaires concernant trois autorités de différentes provinces, déchues par leurs assemblées provinciales, mais réhabilitées par la Cour constitutionnelle, la plus haute cour. Cependant, empêchés de quitter Kinshasa par un ordre exécuté par les services de sécurité. De qui vient-il? Mystère. Difficile donc de comprendre ce qui se passe réellement. Une chose reste pourtant vraie: il y a une éminence grise qui tire les ficelles dans un but encore inconnu.
D’un côté, le PPRD Cyprien Lomboto, gouverneur de la Tshuapa. Il a été destitué depuis octobre 2016 par motion de défiance à l’Assemblée provinciale, lui reprochant notamment le fait d’être en conflit ouvert avec ses collaborateurs, le détournement des deniers publics et l’outrage à l’Assemblée provinciale. Le 10 mars, il a été réhabilité par la Cour constitutionnelle. Mais lorsqu’il tentera de regagner Boende, chef-lieu de sa province le 7 juin, via Mbandaka, Lomboto sera débarqué de l’avion à l’aéroport international de N’Djili par les agents de la Direction générale des migrations -DGM.
Ces derniers lui ont simplement signifié qu’ils avaient pour «instructions de ne pas le laisser voyager». Au stade actuel, ce gouverneur ne sait pas dire d’où serait venu l’ordre. «Je n’avais pas un problème administratif. Je suis venu ici pour introduire ma requête à la Cour constitutionnelle parce que j’étais frappé par une motion de défiance de l’Assemblée provinciale», a-t-il déclaré dans un média.
Lomboto et Bokungu notifiés par la Cour constitutionnelle
Il partage cette galère avec deux vice-gouverneurs: le MSR/MP Aimé Bokungu et l’indépendant Jeannine Ntombi, également réhabilités par la plus haute cour du pays. A en croire Aimé Bokungu, lavé depuis le 17 mars, le gouverneur de la Tshuapa et lui ont déjà été notifiés par la Cour constitutionnelle, qui a aussi informé la Présidence de la République et le ministère de l’Intérieur. Il a relevé qu’il reste les notifications du ministère de l’Intérieur qu’ils attendent depuis trois mois.
A ce jour, une seule question taraude les esprits: que cache cette chienlit? Certains craignent déjà que cette situation favorise une tension dans la population de ce coin comme cela a été le cas il y a des années. L’appel au calme lancé par Lomboto, il y a quelques temps donne à penser: «les administrés de la Tshuapa, ce n’est pas le moment d’aller en guerre. Nous devons nous mettre ensemble parce que nous avons un défi à relever: le développement de cette province. Les fils de la Tshuapa doivent se mettre ensemble pour se donner au travail. Nous avons la même culture, c’est un atout majeur pour que nous puissions regarder tous dans la même direction au lieu de créer des foyers des tensions inutilement».
Ya KAKESA
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