Martin Fayulu va finalement se placer sur les starting-blocks de la présidentielle du 20 décembre prochain. Le leader du parti politique Engagement citoyen pour le développement -ECIDÉ- l’a annoncé samedi au cours d’un point de presse. Pourtant, l’homme a, pendant un temps, boycotté le processus, conditionnant sa participation à un audit, désormais hypothétique, du fichier électoral par une structure indépendante.
Preuve de l’intransigeance supposée du rescapé de la coalition Lamuka, son parti n’a aligné aucun candidat aux législatives et aux communales, prévues le même jour que la présidentielle. Martin Fayulu, qui aura passé l’essentiel du quinquennat à réclamer la «vérité des urnes» qu’à préparer les joutes électorales prochaines, va donc se présenter aux scrutins en cavalier solitaire, sans candidat député. De quoi craindre sur une future cohabitation? Non, selon le «président élu» qui brandit «le régime présidentiel» qui serait, selon lui le régime en vigueur en RD-Congo.
Faux, rétorque sur X -anciennement Twitter-, Billy Kambale. Ce cadre de l’Union sacrée de la nation et président intérimaire de l’Union pour la nation congolaise -UNC- va jusqu’à rappeler le feuilleton Ilunkamba pour faire mentir Fayulu. «La RDC a un régime semi-présidentiel et non présidentiel. Ça s’est vérifié lors de ce mandat. Nous étions bloqués quand Ilunkamba résistait pour présenter sa démission. Dans notre pays, le Premier ministre et sa majorité ont des pouvoirs réels», a-t-il posté.
Suffisant pour lancer les débats alors que plusieurs voix se sont également élevées pour s’interroger sur les vraies raisons de la volte-face de Fayulu qui «n’a pourtant pas obtenu des garanties sur ses revendications».
Sur le réseau social X, des analystes ont surtout critiqué «l’irresponsabilité politique, l’immaturité, l’inexpérience et la maladresse qui caractérisent Martin Fayulu». Ils ont rappelé l’épisode de 2018 quand Fayulu est demeuré le seul à boycotter la machine à voter, appelant à voter avec «un stylo et un papier», avant de revendiquer une victoire sur base des résultats issus… des machines à voter. «Il est le seul à blâmer pour sa situation malheureuse, car après avoir remporté les élections en 2018, contre l’avis de tous, il a préféré faire cavalier seul et se précipiter tête baissée devant la Cour Constitutionnelle, manipulé nous le savions tous, par Joseph Kabila», a rappelé Stavros Papaioannou qui a relevé le «caractère conflictuel» de Fayulu qui a «déçu ceux-là mêmes qui l’avaient sorti de l’anonymat politique».
Comme lui, Linda Endundo ne comprend pas ce qui «justifie» le retour de Fayulu dans le processus alors que ses conditions n’ont pas été «satisfaites». Pour Constant Mutamba, également candidat à la présidentielle, Fayulu a surtout prouvé son «incohérence» et son «égocentrisme», comme «toute la classe politique» RD-congolaise. Le leader de l’«Opposition républicaine» qui promeut la «rupture» n’a pu trouver de mot pour qualifier celui qui «a interdit à ses cadres de postuler au moment où lui-même postule». En réponse à son analyse, un internaute a regretté de voir «les ambitions de tout un groupe» être «sacrifiées».
La tempête issue de la volte-face de Fayulu a même atteint les méandres des reliques de Lamuka, cette plateforme née de la rencontre de Genève et dont Fayulu est resté le seul cofondateur dans la barque, et provoqué le départ du parti ADN de Civava.
Au sein même de l’Ecidé, des violons peinent également à s’accorder après l’annonce de la candidature de Fayulu. La section Washington a, selon le journaliste Yves Buya, mis les clés sous le paillasson malgré ses plus de 120 membres.
Natine K.