Le territoire de Gungu, dans la province du Kwilu, a été en ébullition le mardi 28 février avec l’arrivée d’un fils du terroir, Adolphe Muzito. Là même où il naissait il y a 50 ans, l’ancien Premier ministre a été porté en triomphe, un «accueil digne d’un fils du terroir». La marée humaine venue à la rencontre du leader du parti politique Nouvel Elan a entonné des chansons en son honneur, lui rappelant entre autres ses prouesses durant son passage à la Primature. «Muzito, banda okenda, dollar emata. -Traduisez: Muzito, depuis ton départ, le franc congolais a perdu sa valeur», ont scandé les quelques milliers de sympathisants venus de quatre coins du territoire, en référence à la spéculation autour de la parité franc congolais – dollar américain.
Entre 2008 et 2012, le gouvernement Muzito avait réussi à imposer une stabilité monétaire jamais atteinte. Sur Twitter, l’accueil réservé à Muzito a fait parler plus d’un observateur. Alain Shukuru a évoqué un «accueil digne d’un fils du terroir sur qui tous ces concitoyens fondent leur espoir pour l’amélioration de leurs conditions de vie».
En dépit de plusieurs couacs sur le parcours, Muzito continue sans désemparer sa tournée «sur les terres de Mulele, Gizenga et Kibangu» pour consulter la base «dans le cadre de l’élaboration de l’offre politique de Nouvel Elan pour les échéances électorales futures et pour la sensibilisation». L’objectif poursuivi par Muzito est l’éradication des conflits terriens. Cela passe, selon lui, par la titrisation des terres des communautés locales. Point de lancement de cette tournée dans le Bandundu, l’étape de Kikwit a été avortée suite au déploiement d’un «important dispositif sécuritaire» dans plusieurs endroits de la ville le 17 février, jour du rassemblement.
Dans un communiqué, Amnesty International a regretté cet acte et tenu le Premier ministre Sama Lukonde pour «responsable des violations des droits humains et libertés politiques dans la ville de Kikwit» après l’interdiction de la conférence d’Adolphe Muzito prévue à l’Université de Kikwit le 22 février. Pour Amnesty International, cela est clairement un acte «visant à museler» Muzito. «Si les meetings des opposants sont empêchés, ce qu’il y a un sérieux problème de la mise en application de l’État des droits», a déploré l’organisation tout en annonçant l’ouverture d’un dossier pour déterminer les responsabilités.