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RDC : Matata signe sa rentrée politique

Le parti Leadership et gouvernance pour le développement -LGD- cher à Augustin Matata Ponyo a clôturé son conclave, samedi 1er juin à Kinshasa, après trois jours des travaux ayant réunis plusieurs membres et cadres du parti, venus de tous les coins du pays. Ces travaux consacrés à l’évaluation du parti après deux ans s’existence, marquent en même temps la rentrée politique de Matata Ponyo après les élections générales de décembre 2023 en RD-Congo.

Dans son discours de circonstance, le président national de LGD a d’abord salué le travail abattu par les participants au conclave qui ont mené des réflexions ayant permis de faire le point non seulement sur les deux ans de lutte du parti à contre-courant, mais aussi de tirer les leçons des erreurs commises et de tracer un chemin pour le futur.

«En deux ans, notre parti, le LGD, a rayonné sur l’ensemble du territoire national et a convaincu de millions de jeunes et vieux. Il compte désormais parmi les grandes forces politiques du microcosme politique national. Nous devons nous en féliciter», a-t-il souligné. Ensuite, déterminé à révolutionner la gestion de la RD-Congo par un leadership et une gouvernance de qualité, Augustin Matata Ponyo est revenu sur certains faits qui font cruellement défaut aujourd’hui au pays.

«La RD-Congo, notre pays, se trouve malheureusement rangée dans la catégorie de pays qui ont choisi de se sous-développer et qui cherchent à justifier leur malheur par la mauvaise foi ou la non-assistance d’autres pays du monde. Cela est fondamentalement faux, voire ridicule. La situation dans laquelle nous sommes est la résultante de nos propres politiques, de notre propre vouloir. Nous devons l’assumer, mais aussi œuvrer avec détermination pour inverser cette tendance», a indiqué Augustin Matata Ponyo, soulignant qu’avec un leadership déficitaire, la RD-Congo ne saura jamais garantir la paix et la sécurité dans l’ensemble du pays.

«Nous sommes parmi les rares pays au monde, si pas le seul, qui pensent que la sécurité d’un pays relève de la Communauté internationale ou régionale. Voilà pourquoi depuis bientôt deux ans, la partie Est du pays est occupée et administrée de nouveau par le M23. C’est ici l’occasion de partager notre sollicitude avec nos frères et sœurs meurtris du Nord-Kivu par cette guerre injuste qui découle fondamentalement de l’incapacité de notre gouvernement à assumer l’une de ses fonctions régaliennes et constitutionnelles, à savoir la protection de l’ensemble de la population à l’intérieur
des frontières nationales. Notre sollicitude s’adresse aussi à nos frères et sœurs affectés par les tueries perpétrées par des groupes armés installés dans d’autres parties du pays, que ce soit à l’Est ou à l’Ouest», a-t-il indiqué.

L’ancien Premier ministre sous Joseph Kabila a déploré aussi un déficit chronique de leadership et de gouvernance qui s’est illustré lors des élections présidentielle et législatives du 20 décembre 2023 tant au niveau national que provincial. De son avis, ces élections qu’il qualifie de «scandale du siècle» ont couté inutilement au peuple RD-congolais plus d’un milliard de dollars américains. A l’en croire, ce sont les élections les plus coûteuses que le pays n’ait jamais connues.

Pour lui, ce milliard de dollars pouvait servir à la construction des routes, des hôpitaux, des centres de santé, des universités, des écoles, des centrales hydro-électriques, des centres de distribution d’eau potable, au progrès et au bonheur de l’ensemble des RD-congolais. Pour Matata Ponyo, c’est dans ce contexte de désordre indescriptible et de tricherie à ciel ouvert organisés par le pouvoir que presque tous les députés du LGD élus au niveau national et provincial ont été remplacés par des candidats non élus de la majorité au pouvoir.

«Cela s’est fait avec la complicité et participation actives de la CENI. Je suis le seul rescapé de tous les élus nationaux du LGD, non pas parce que la CENI ne voulait pas m’éliminer, mais parce que le pouvoir avait eu peur de la population de Kindu qui m’a élu. Cette dernière avait promis de réagir en conséquence si son unique député élu que je suis n’était pas proclamé. Merci beaucoup à cette courageuse population de Kindu qui, malgré tous les stratagèmes inimaginables du pouvoir, a fait de moi l’un de meilleurs élus de l’ensemble de la République», a révélé le président de LGD qui a accusé la Commission électorale nationale indépendante -CENI- d’avoir participé à ce hold up électoral.

«Le LGD suggère la suppression pure et simple de la CENI, car elle ne répond plus ni à l’essence de son existence, ni aux objectifs qui lui ont été assignés. Elle n’est plus crédible car la population ne lui fait plus confiance. Elle a perdu son âme et son esprit», a-t-il indiqué.

En outre, le boss de LGD a relevé le déficit de leadership et de gouvernance constaté au cours de cinq dernières années qui, selon lui, est à la base d’un système de gestion économique calamiteux caractérisé notamment par des détournements massifs des fonds et l’absence d’investissements publics. Il a décrié les déficits budgétaires très élevés de l’État, essentiellement financés par la planche à billets; l’accumulation des arriérés de salaires dans certains secteurs publics jusque parfois à dix mois; l’accroissement de la pauvreté; les taux d’inflation et de dépréciation monétaire très élevés, ce qui diminue le pouvoir d’achat de la population.

Selon Augustin Matata Ponyo, le déficit de leadership et de gouvernance est à la base d’une justice déficiente qualifiée de «malade» par le Président de la République Félix Tshisekedi. «Je suis moi-même victime de ce disfonctionnement dans le traitement des dossiers Bukangalonzo et biens zaïrianisés. Dans les deux cas, la Constitution et les lois organisant le fonctionnement des institutions judiciaires ont été systématiquement violées pour obtenir coûte que coûte ma condamnation.

L’objectif principal était de m’exclure de la course présidentielle de décembre 2023. Plusieurs fois, les responsables politiques de la majorité au pouvoir m’ont clairement indiqué qu’il n’y avait pas d’infraction judiciaire, mais qu’il s’agit plutôt d’une infraction politique», a-t-il témoigné. Concernant l’éventuelle révision de la Constitution par le régime en place en vue de favoriser l’actuel Chef de l’Etat, le LGD de Matata Ponyo a promis de s’opposer à ce projet. «Il serait inacceptable de réviser la Constitution actuelle, quelles que soient ses imperfections, si elles existent réellement. Pourquoi doit-on réviser une Constitution qui n’est nullement respectée par le pouvoir actuel? Est-ce que le leadership et la gouvernance de qualité dont les RD-congolais ont besoin sont conditionnés par la révision constitutionnelle?», s’est-il interrogé.

Tout en remerciant les organisateurs de ces assises pour le temps consacré à cette activité, Augustin Matata Ponyo a invité ses camarades du parti à faire preuve du courage de bien digérer les échecs pour empêcher qu’ils se répètent; de se recharger en énergie pour continuer à se battre pour l’instauration d’un État de droit qui a totalement disparu; d’affronter de nouveaux obstacles avec plus d’intelligence, de dextérité et de sagesse. Par ailleurs, il a sensibilisé la Communauté internationale, l’ensemble des églises du pays ainsi que les organisations non gouvernementales de défense des droits civiques de ne pas rester inactives comme c’est le cas depuis près de trois ans.

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