La vigilance des inspecteurs de l’Inspection générale des Finances -IGF-, déployés dans différentes entreprises, structures et établissements publics pour encadrer les fonds publics, a sauvé la RD-Congo d’une nouvelle prédation. Un coup fourré, soigneusement préparé à l’Office national des transports -ONATRA- ainsi qu’à la Société nationale de chemin de fer du Congo -SNCC- pour détourner USD 5 millions de la redevance logistique terrestre -RLT-, a été déjoué grâce à la patrouille financière instaurée par Jules Alingete, chef de service à l’IGF. En effet, à l’ONATRA et à la SNCC, un groupe de responsables a voulu se faire payer des avantages indus en dépassant ces USD 5 millions au titre.
Par une correspondance adressée le 27 novembre 2023 aussi bien aux banques commerciales qu’aux ministres des Finances et des Transports, l’IGF demande que cette dépense ne soit pas exécutée. L’Inspecteur général – chef de service, Jules Alingete, justifie sa décision en ces termes: «Les missions d’encadrement de l’Inspection générale des Finances auprès de la Société commerciale des transports et des ports -SCTP- ‘’ex-ONATRA’’ et de la Société nationale des chemins de fer du Congo -SNCC-, viennent de m’informer de la résolution prise par ces deux entreprises du portefeuille de l’Etat de payer la prime dite de performance sur la Redevance logistique terrestre encaissée».
Alingete n’est pas allé par le dos de la cuillère pour soutenir que cette prime est «illégale» et «impertinente», expliquant que «le recouvrement de cette redevance ne dépend nullement de ces entreprises». D’un ton ferme, le flic financier en chef a, dans sa missive, déploré «le non-respect de la destination donnée à la Redevance logistique terrestre». Il a soutenu que la RLT a été instaurée pour «favoriser l’investissement de ces deux entreprises dans la réhabilitation et la maintenance de leurs voies ferrées».
«L’objectif premier de cette Redevance logistique terrestre est très loin d’avoir été atteint», a regretté Alingete à qui revient ainsi tout le mérite pour avoir initié la patrouille financière qui reste vigilante pendant cette période où l’attention est focalisée sur la campagne électorale. Pendant cette même période, le gardien des finances publiques en RD-Congo a également fait parler de lui en publiant, fin novembre, un rapport accablant sur les détournements des fonds publics à l’Université pédagogique nationale -UPN- et à la Haute école de commerce de Kinshasa -ex ISC- des millions de dollars.
Selon ce rapport de l’IGF, fruit d’une mission de contrôle couvrant la période allant de 2015 à mai 2023, 25% des recettes mobilisées durant l’année académique 2021-2022 ont été consommées à la source pour un montant total de CDF 7.470.724.245. Le même rapport a en outre révélé des «sorties des fonds du compte n°2042086876093 de la FBN Bank non justifiées pour un montant total de CDF 5.156.396.114 CDF» ainsi que «plusieurs sorties de fonds non appuyées par des pièces justificatives pour un montant total de CDF 510.998.182 et USD 1.211.260». «Paiements des avantages indus en faveur des membres du Comité de gestion pour un montant total de CDF 537.353.180, comprenant, notamment, les frais d’installation et les frais du troisième cycle; la négligence coupable des différents Comités de gestion de l’UPN dans le suivi du prêt d’USD 1.000.000 contracté auprès d’Afriland First Bank et destiné à la construction des bâtiments en définitive démolis pour malfaçons; la gestion opaque de ce prêt a conduit l’UPN à signer un acte transactionnel d’USD 1.600.523 USD dont 800.000 USD ont déjà été payés; la signature d’un contrat de construction entre l’UPN et J.SEL Matériaux d’un montant d’USD 5.058.707,69 pour la construction des auditoires en violation flagrante de la loi relative aux marchés publics et en marge de l’article 6 de l’Ordonnance n°16/071 du 29 septembre 2016 portant organisation et fonctionnement des organes d’administration de I’ESU exigeant l’autorisation préalable de la tutelle pour ce qui concerne les emprunts à plus d’un an de terme», a relevé l’IGF dans son rapport, accusant en outre le ministre de l’ESU, en tant qu’autorité de tutelle, d’avoir manqué à son devoir de suivi et de contrôle des universités et instituts supérieurs. Ce qui a, selon l’IGF, favorisé la «perception des frais illégaux non prévus ni dans la loi et ni dans les textes réglementaires pour un montant total de CDF 2.418.867.673».