
Arrestation et jugement des Mobondo, réparation des préjudices subis, rapatriements des chefs traditionnels… les notables du Maï-Ndombe se sont affichés intransigeants…
Le retour à la cohabitation pacifique entre les communautés Teke et Yaka dans les provinces du Kwilu, Kwamouth et Kinshasa fait l’objet d’un intérêt particulier alors que des représentants de deux communautés ont signé, samedi à Kinshasa, un document de «réconciliation», en présence du Président de la République. Une étape importante dans cette quête de paix. Bien avant cette signature, les notables de la communauté Teke avaient transmis au Président Félix Tshisekedi un «plan de sortie de crise» afin de «mettre fin aux massacres». Sans rejeter l’accord finalement signé samedi, les notables Teke, dans leur plan transmis la semaine dernière, avaient déploré un «raccourci qui ne permettra pas le retour de la paix et de la cohabitation souhaitées». Comme tout un symbole, le village Mbalibana dans le territoire de Kwamouth a été attaqué le 29 mars par les Mobondo, en pleine période des négociations. «En effet, après des massacres et des tueries horribles de membres de notre communauté, des incendies des maisons et des villages, la destruction des infrastructures scolaires, sanitaires et économiques, nous pensons que la réconciliation, bien que souhaitée par tous, des préalables», ont-ils dit à Félix Tshisekedi.
Leur plan, décliné en cinq points, prévoit dans un premier temps d’identifier clairement les «assassins» et «commanditaires -des- actes horribles» mais aussi leurs sources de ravitaillement en armes, rations alimentaires ainsi qu’en produits pharmaceutiques. Auprès du Chef de l’État, les notables Teke ont également sollicité «l’arrestation et l’évacuation par force de ceux qui occupent les villages tekes et ceux qui sont encore dans les forêts environnantes». En ce qui concerne les personnes arrêtés, les Teke conditionnent le retour de la paix par l’organisation des «procès réguliers et équitables». Ces procès, soutiennent les notables, «doivent avoir lieu dans les milieux ou ces crimes ont été commis pour faciliter les témoins et les victimes». Deux derniers préalables à une paix durables dans la région: la réparation des préjudices subis et le retour des chers traditionnels et des déplacés dans leurs milieux.
Chez les Teke, les avancées enregistrées grâce à l’implication du gouvernement dans la quête de «solutions définitives -et- durables au conflit» avec les Yaka sont appréciées à leur juste valeur. Toutefois, les notables Teke sont d’avis que cette situation fragile va bien au-delà d’un simple conflit Teke-Yaka. «II s’agit clairement de l’épuration de la population Teke par les Yakas, ce qui frise sans nul doute un génocide», dénoncent-ils.
Aussi, ces notables déplorent l’incorporation des Mobondo, «présumés assassins génocidaires» dans l’armée régulière. Une démarche qui s’apparente, selon eux, à une volonté de vouloir «dissimiler les forfaits par eux commis et les protéger contre d’éventuelles poursuites judiciaires».
Pour eux, ce sont là les prix à payer pour un «vrai dialogue qui débouchera sur une vraie réconciliation et une cohabitation durable». Toutefois, les notables Teke ont rejeté toute possibilité de concession avec les Mobondo qu’ils considèrent comme des «assassins -et- génocidaires dont la résidence conventionnelle et légale aujourd’hui doit être la prison». «En effet, un tel dialogue équivaudrait à une amnistie protectionnisme qui ne dit pas son nom», ont-ils argumenter. Le conflit dit «Teke-Yaka» a éclaté en août 2022 à Kwamouth à cause «d’un litige foncier». Elle a notamment donné naissance à une «milice» armée dite des Mobondo, véritable menace sécuritaire aux portes de Kinshasa. Cette situation a occasionné notamment la non-organisation des élections dans le territoire de Kwamouth.