Inaugurée plusieurs décennies avant, la Prison centrale de Makala, avec sa capacité d’accueil de 1.500 détenus, compte à ces jours plus de 9.000 pensionnaires. «Elle est donc exagérément surpeuplée», a dit jeudi le cabinet du ministre des Droits humains. Albert-Fabrice Puela a visité le plus grand centre pénitentiaire et de rééducation de la capitale en vue d’évaluer les conditions carcérales. Il a inspecté plusieurs pavillons sur les 11 que comptent cette Prison. 7
Du Pavillon 3/A en passant par le terrain de foot, le Pavillon 9 en réhabilitation, 10 pour filles mineures, 11/B pour garçons mineurs, le ministre s’est imprégné des conditions carcérales et l’état des cellules, ont rapporté les journalistes conviés à cette ronde. Puela a plutôt fait un constat alarmant demandant une urgence à agir. À l’infirmerie pour femmes et au centre hospitalier pour hommes, il a reçu les doléances se rapportant au manque de médicaments, à l’insuffisance du personnel soignant, du reste privé des primes de motivation. «La plupart des médecins qui y travaillent, font du bénévolat», a appris le ministre.
Puela a également rencontré des détenus ayant passé 5 ou 12 ans sans êtrejugés ni condamnés, des vendeurs dans des cellules de prison. Il a vu de ses yeux les toits de certaines cellules qui menacent de s’effondrer et des conditions hygiéniques d’une précarité rare. «Nous avons trouvé plus de 220 personnes entassées dans une pièce avec seulement une capacité d’accueil de 40, c’est inhumain. Et plus de 500 personnes dans un pavillon avec capacité d’accueil de 200 personnes, c’est inadmissible…
À la Prison centrale de Makala, il y a un grand problème de pénurie d’eau, malgré l’alimentation par les véhicules de la Regideso, ce n’est pas normal. Il faut améliorer cette situation», s’est indigné l’avocat de profession. Le ministre a avoué avoir fait «un constat amer» avant d’insister sur l’urgence de solution. Celle-ci passe entre autres par le désengorgement. «Les conditions de détention sont les plus déplorables. Il faut désengorger la prison de Makala et celle de Ndolo», a plaidé le ministre des Droits humains, évoquant la troisième vague de Covid-19, estimant inhumain le surpeuplement des prisons.
«Être prisonnier ne veut pas dire qu’on perd ses droits à la vie, à la santé…», a-t-il martelé. Comme Makala, la Prison militaire de Ndolo a aussi dépassé sa capacité d’accueil initiale. Construite pour accueillir 540 pensionnaires, elle en compte actuellement plus 2060. Civils, militaires et femmes s’y côtoient. C’est inacceptable, inadmissible, de l’avis de Fabrice Puela, visiblement décidé de bouger les lignes.
Tino MABADA