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RDC : les dessous des cartes de l’ordre de mission signé par Kamerhe

Président de l’Assemblée nationale, Vital Kamerhe fait l’objet d’un lynchage dans les réseaux sociaux, provoqué après qu’un ordre de mission, signé par son autorité, a fuité. Cet ordre de mission reprend les noms de 22 personnes qui doivent «accompagner le président de l’Assemblée nationale à la 49ème session de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie -APF». La taille de la mission a provoqué un tollé sur la toile. D’aucuns ont accusé Vital Kamerhe de «gloutonnerie exagérée» et d’être «fossoyeur des caisses du Trésor public».

Ces accusations ont été balayées d’un revers de la main par le premier vice-président de l’Assemblée nationale, Jean-Claude Tshilumbayi, qui n’a pas boudé son plaisir de révéler, devant les caméras, les dessous des cartes de cette mission de dix jours que doit conduire Kamerhe à Montréal au Canada.

Trois missions fondues en une

«Il ne s’agit pas d’une seule mission, mais de trois missions que nous avons préféré mettre ensemble», a précisé Tshilumbayi, tout en faisant savoir que la mission a été «activée» sous l’ère Mboso, actuellement deuxième vice-président de la Chambre basse. L’invitation adressée au Parlement RD-congolais pour participer à cette session de l’APF, a-t-il dévoilé, date du 1er janvier 2023.

«A l’approche de la manifestation, il -Mboso- est devenu président du bureau provisoire après les élections -de décembre 2023. Comme l’on sait que les visas du Canada prennent énormément du temps pour les obtenir, il a dû, comme président du bureau provisoire, organiser ce voyage. Les ordres de mission avaient été signés pour presque l’ensemble de la délégation qui devait partir. Trois ordres de mission avaient été signés», a rapporté Tshilumbayi, martelant sur la volonté de l’ex-speaker Mboso «d’éclater cette mission en trois ordres de mission». L’un a été signé au bénéfice de 8 personnes, l’autre pour 4 personne et l’autre encore pour 6 personnes, a révélé le 1er vice-président de l’Assemblée nationale, document à l’appui. Il a signalé en même temps qu’il y a eu un autre ordre de mission pour les «chefs de délégation avec deux personnes».

«Nous avons pensé que ça faisait un peu désordre et qu’il fallait mettre ça sur un seul ordre de mission surtout que le président lui-même devait accompagner la délégation. C’est ainsi que le service administratif de l’Assemblée nationale nous a présenté une note technique pour nous conseiller sur la manière de faire les choses et nous avons suivi la note technique. Et, nous avons dû recentrer les ordres de mission sur un seul qui a été proposé comme projet par le service», a détaillé Tshilumbayi.

Et d’enchaîner: «la nouveauté a été de soustraire certaines personnes qui n’avaient pas encore obtenu des visas. Sur les 22 personnes proposées avant, il y a des gens qui n’avaient pas eu de visa. On devrait soustraire ces personnes pour remplacer le président qui voyageait avec la délégation».

Vital Kamerhe, selon son premier vice, va se rendre à Montréal avec «six» membres de ses services. De l’avis de Tshilumbayi, cette taille «n’est pas assez». «On ne va pas quand-même pas s’imaginer le président de l’Assemblée nationale en train de tirer des bagages dans des aéroports. Ce n’est pas commode», a-t-il expliqué, avant de soutenir «qu’il n’y a pas eu abus des finances publiques» ni d’«extravagance», moins encore d’«exagération».

Passeports diplomatiques pour les enfants Kamerhe

Par ailleurs, Vital Kamerhe est également pris à partie par les internautes pour avoir demandé à la ministre d’Etat aux Affaires étrangères, Thérèse Wamba, de «délivrer des passeports diplomatiques» au bénéfice de ses «enfants: Daida Mpiana et Kinuani Diam’s».

Alors que des voix se sont levées pour méconnaitre au président de l’Assemblée nationale le droit de faire une telle demande, un juriste a fait mentir ces voix, puisant dans des dispositions règlementaires en vigueur pour démontrer tout le contraire de ce qui est raconté dans l’opinion.

Il a affirmé, sur base de l’article 4 du Décret n°04/091 du 16 octobre 2004 portant réglementation de l’octroi des passeports nationaux en RD-Congo, que le président de l’Assemblée nationale figure parmi les personnalités du pays dont «les conjoints et les enfants» sont en droit de détenir un «passeport diplomatique pour leur déplacement à l’étranger». Dans la même logique, il a mis en exergue l’article 114 du Règlement intérieur de la Chambre basse qui, lui, dispose: «Le député a droit à une carte de légitimation, un passeport diplomatique pour lui-même, son conjoint et ses enfants à sa charge…».

Vital Kamerhe, étant d’abord député national avant d’être président de l’Assemblée nationale, jouit aussi de ce droit, a soutenu ce spécialiste des questions de droit. «Nulle part ces deux textes légaux imposent que les enfants des autorités du pays autorisés à détenir un passeport diplomatique doivent être mineurs ou biologiques», a-t-il enchainé.

Des sanctions exemplaires

En dépit de cette «solide argumentation» pour défendre la cause de Kamerhe et des révélations faites par son premier vice-président, Tshilumbayi, le bureau de l’Assemblée nationale entend sévir contre les auteurs de la fuite des documents officiels. En moins de 48 heures, trois documents signés par le président de l’Assemblée nationale, Vital Kamerhe, ont débarqué sur les réseaux sociaux. L’un se rapporte à l’ordre de mission pour la participation à la session de l’APF, l’autre à deux correspondances du speaker adressées à la ministre d’Etat aux Affaires étrangères pour solliciter les passeports diplomatiques pour les députés nationaux et pour ses deux enfants.

«Ce fléau n’est pas normal là où on traite les affaires de l’Etat», a déploré Jean-Claude Tshilumbayi, premier vice-président de la Chambre basse. Il a annoncé des «sanctions» contre toutes «les personnes qui s’y sont livrées». Ces sanctions tomberont une fois que les auteurs de cette fuite de documents «seront identifiés».

En attendant, Tshilumbayi s’est voulu rassurant pour qu’à l’avenir des documents officiels n’atterrissent plus dans les réseaux sociaux. «Sur instruction du président, le bureau est en train de prendre des mesures sérieuses pour voir comment endiguer ce fléau», a-t-il dit.

LOI

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