Depuis des lustres, le dialogue reste le seul moyen ultime pour résoudre les problèmes entre les hommes en Afrique noire. C’est ce qui explique le déplacement de la délégation des institutions de la République, mardi 23 novembre aux environs de 18 heures, vers le Centre Lindonge, dans la commune de Limete, puis jeudi 25 novembre, pour rencontrer, tour à tour, l’Archevêque métropolitain de Kinshasa et le chef spirituel de l’Église du Christ au Congo en vue d’échanger autour d’une table sur un certain nombre des questions qui semblent diviser ces deux Eglises et le Pouvoir.
Chez les catholiques comme chez les protestants, les délégués institutionnels, à savoir: les présidents de l’Assemblée nationale, Christophe Mboso; du Sénat, Modeste Bahati; le premier ministre, Jean-Michel Sama et le Conseiller spécial du Président de la République en matière de sécurité, François Beya, étaient porteurs d’un message: «taire les armes entre l’Église et l’État et particulièrement avec le Cardinal Fridolin Ambongo pour continuer à servir le peuple». Trêve de guerre. Il reste à savoir si les militants de certains partis politiques et autres zélés vont suivre la voie de la sagesse des autorités de la République en évitant des attaques verbales contre les princes de l’Église en ce moment précis où le pouvoir a négocié la paix avec l’Eglise universelle. En réalité, depuis la désignation de Denis Kadima à la tête de la Commission électorale nationale indépendante -CENI-, les rapports ne sont pas bons entre les Eglises catholique et protestante et les gouvernants.
En témoigne non seulement le refus par le Chef de l’État de recevoir la délégation de la CENCO et de l’ECC qui avaient sollicité une audience pour parler de vives voix avec le Président de la République sur le problème rencontré dans la désignation du candidat des Confessions religieuses à la tête de la CENI mais encore les marches et sit-in organisés par les structures des deux Églises, à savoir: le CALCC et MILAPRO. La tension est vive entre cette branche de la Société civile et les institutions de la République. Soucieux de faire régner la paix, le président de la République Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo a dépêché une forte délégation de haut niveau pour échanger avec les patrons de l’Eglise catholique et de l’ECC à Kinshasa. Les envoyés de Fatshi ont, à ce stade, réussi à négocier l’apaisement avec leurs hôtes.
Les propos de chaque groupe à l’issue des entretiens à Lindonge peuvent en dire un peu plus. Le président de l’Assemblée nationale, Christophe Mboso, qui a conduit la délégation, a rappelé le caractère régulier et familier de ces genres de visites auprès de celui que tout le monde considère comme un père spirituel. «Nous avons l’habitude de venir ici auprès de notre père spirituel, notre archevêque. Mais, aujourd’hui, nous sommes venus à cause des rumeurs véhiculées dans les réseaux sociaux. Nous sommes venus pour échanger avec son éminence pour clarifier certaines choses car il y a des gens qui veulent profiter du nom de l’Église pour faire n’importe quoi», a-t-il expliqué. Et de préciser: «il n’y a aucun problème entre l’État et l’Église catholique en particulier avec le Cardinal Ambongo. Il y a plutôt un grand intérêt à continuer la collaboration avec l’Église pour le bien-être des populations et pour le progrès de l’Église catholique au monde».
Le Cardinal Fridolin Ambongo n’a pas caché son sentiment de dire que tout a été passé au peigne fin. Une manière de reconnaitre qu’il y avait effectivement les nuages sombres entre sa confession religieuse et l’État RD-congolais. «Nous avons échangé sur tout ce qui peut prêter à des interprétations comme vous avez l’habitude de lire sur les réseaux sociaux où on écrit n’importe quoi sur le Cardinal. C’était pour nous l’occasion de clarifier les choses et repartir sur des bases nouvelles», a souligné l’Archevêque métropolitain de Kinshasa. Et de conclure: «l’Église comme l’État, nous sommes au service du même peuple. Nous avons intérêt à travailler ensemble pour aller de l’avant afin que notre peuple vive dignement. Nous espérons qu’à partir de maintenant, nous repartons sur des bases nouvelles».
Quoi que l’on dise, la crise entre les Églises traditionnelles -catholique et protestante- et les institutions du pays avait atteint le niveau le plus inquiétant. Il était donc temps que le président de la République saisisse cette occasion pour chercher la paix.