Franck Diongo Shamba envisage une transition sans Félix Tshisekedi, si les élections générales prévues en décembre prochains ne sont pas organisées à cette date. Candidat à la présidentielle et président du Mouvement lumumbiste progressiste -MLP-, Diongo le dit dans un mémo choc qu’il a adressé à la Communauté de développement de l’Afrique australe -SADC- à travers sa mission d’observation électorale en séjour à Kinshasa. Il y a autant des préalables pour l’organisation des élections en RD-Congo. Franck Diongo a choisi de les dire, à travers un mémo, à la mission d’observation électorale de la SADC. Par exemple, au plan sécuritaire, l’opposant note que la RD-Congo est confrontée à une insécurité sans précédent. La cause: «le régime est incapable de défendre l’intégrité territoriale de notre pays, de protéger nos frontières, sécuriser les hommes et leurs biens».
Diongo souligne que «les deux facteurs ci-haut combinés démontrent qu’une telle gouvernance n’est que la conséquence de l’absence de la volonté politique pour le régime de créer les conditions favorables à l’apaisement du climat politique, à la transparence électorale, à la gouvernance intègre pouvant aboutir, bien entendu, à l’organisation d’une élection crédible, honnête, sincère, inclusive et transparente dans le respect strict du délai constitutionnel».
A ce niveau, celui qui se fait appeler «héros vivant» tient à l’organisation des scrutins de cette fin d’année dans le délai imparti. «Pour nous, le MLP, si les élections ne sont pas organisées au plus tard le 20 décembre 2023, nous prendrons acte de la fin du mandat de monsieur Tshilombo. Dans ce cas, le peuple souverain reprendra son pouvoir et s’organisera à sa manière, c’est-à-dire il organisera une transition sans Monsieur Tshilombo comme chef de l’état. De la sorte, nous n’accepterons ni glissement ni dialogue, car telle est la volonté de notre peuple», prévient-t-il.
Diongo évoque aussi le cadre juridique et constitutionnel qui organise le processus électoral. «Nous tenons à préciser quant à ce que, bien que toutes les lois aient été votées et ficelées selon le goût du régime avec toutes les insuffisances qu’elles comportent, et que la Commission électorale nationale Indépendante soit contestée, il n’y a pas des raisons pour que les élections ne soient pas organisées dans le délai constitutionnel. En définitive, en ma qualité du président du MLP et Candidat à l’élection présidentielle de décembre 2023, je déclare solennellement que moi et le peuple congolais, n’accepterons aucun résultat octroyé et non mérité qui sera proclamé par la CENI, et ne reflétant pas la volonté du souverain primaire telle qu’exprimer par lui dans les urnes», menace-t-il dans son mémo daté du 14/10/2023.
Des comptes réclamés à la SADC
Dans le même document, le candidat Président de la République interroge l’histoire électorale de la RD-Congo et fait observer que, comme en 2018, l’histoire se répète encore une fois dans le même contexte, avec la même configuration, le même décor où vous avez d’une part, les délégués de la SADC et, d’autre part, les acteurs politiques RD-congolais, toutes tendances confondues. «La seule différence réside dans la composition des acteurs politiques qui ne sont plus les mêmes», écrit-il.
Selon lui, en 2018, la SADC a accompagné la RD-Congo tout au long de son processus électoral, exprimant par là sa volonté de vouloir en faire un processus crédible, transparent, honnête, sincère, démocratique, inclusif et libre. «En écoutant attentivement Corneille Nangaa, ancien président de la CENI, qui s’exprimait sur les péripéties qui ont entouré la proclamation des résultats des
élections de 2018, on se rend compte que la RD-Congo est encore loin de sortir de l’auberge de la fraude l’illégitimité du pouvoir politique», déclare Diongo, notant qu’en «son temps président de la CENI, il a déclaré être co-auteur de l’accord politique signé à Kingakati, le 08 janvier 2019 entre Monsieur Joseph Kabila, président sortant et Monsieur Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, candidat à l’élection Présidentielle de 2018 qui devrait, pour être déclaré Président de la République, après avoir échoué aux élections, accepter les conditions décrites dans ledit accord qui a été parrainé par trois Chefs d’Etat dont deux de la SADC».
A ses yeux, comme on peut le constater, «l’alternance ou la passation du pouvoir de 2019 est le produit d’un accord politique. Elle n’est nullement le résultat de l’expression du choix de ce dernier tel qu’exprimer lors de l’élection présidentielle de décembre 2018». Il précise que «ce qui est surprenant dans ces propos de Corneille Naanga, est que celui-ci martèle qu’il y aurait eu deux de plusieurs chefs de l’Etat de la SADC qui avaient parrainé ledit accord politique, autrement appelé compromis à l’africaine ayant conduit à la proclamation des résultats octroyés et non mérités».
Et de demander des comptes à l’organisation sous-régionale: «Nous voulons que la délégation de la SADC ici présente, nous éclaire sur ces gravissimes déclarations, en confirmant ou en affirmant les dires de Nangaa. Il est paradoxal et incompréhensible que la SADC qui a accepté de nous accompagner dans ce processus de 2018 puisse en même temps s’associer à certaines de parties prenantes aux élections pour procéder à la désignation de la personne qui devrait présider à la destinée de notre pays pendant 5 ans». Diongo accuse donc la SADC d’avoir concouru à ce mode de désignation qui a «pris en otage l’avenir de toute une nation et a fait basculer le Congo dans le chaos».
Cela étant, il exige la transparence et la clarté dans l’approche de la Mission d’observation électorale de la SADC avant d’envisager toute autre perspective. «Car, venir tenter de rééditer le même travers de 2018, votre présence dans notre pays en ce moment crucial serait sans objet, et donc non-sens», revendique-t-il.