
L’Union sacrée de la nation, la méga-plateforme du Président Tshisekedi, s’enfonce de plus en plus dans la crise. Depuis quelques jours, l’Union pour la démocratie et le progrès social -UDPS-, son parti phare, est en proie à des querelles intestines entre le SG Kabuya et des frondeurs qui exigent son départ.
Dans l’Est du pays, Modeste Bahati, autre membre du présidium de la plateforme, est sous pression de sa base avec les fédérations du Maniema et du Sud-Kivu qui réclament un congrès extraordinaire pour clarifier leur «situation et place» au sein de l’Union sacrée, se disant frustrées par la répartition des portefeuilles ministériels qui, selon elles, ne correspond nullement au poids politique de leur regroupement. A ce tableau sombre, s’ajoute désormais un nouveau caillou dans la chaussure du Président, au Nord-Ouest du pays, dans l’espace Équateur, où le ministre d’État Guy Loando mène la vie dure à Floribert Loola, cadre de l’UNC et ancien député national.
Écroué depuis quelques semaines à la Prison centrale de Makala, Floribert Loola, arrivé 3ème aux législatives à Bokungu, dans la province de la Tshuapa, une circonscription à deux sièges, était en première ligne pour dénoncer une «tricherie» et un «bourrage massif d’urnes» de Loando. Des accusations étayées par des séquences filmées, diffusées dans les réseaux sociaux au lendemain des scrutins combinés de décembre 2023.
Pour ses soutiens, Floribert Loola, qui détiendrait des «preuves éloquentes de l’industrie de la tricherie mise en place par Loando», a été arrêté dans le but de le réduire au silence et même sans indice sérieux de culpabilité, comme le veut la Loi. Frères devenus ennemis, Loola et Loando étaient pourtant inséparables jusqu’avant les élections de décembre 2023, indiquent certains responsables à Bokungu, craignant désormais que cette affaire vienne nourrir des tensions entre communautés. Des inquiétudes renforcées depuis quelques jours avec la démarche téméraire du Procureur général près Tripaix de Bokungu, qui a procédé aux arrestations et auditions de certaines personnes. Sur place, des voix se sont levées pour dénoncer des intimidations du Parquet afin de charger Floribert Loola.
A Kinshasa, des prétendues victimes de Loola, venues de Bokungu pour le charger et logées dans un hôtel sur l’avenue Nyangwe dans la commune de Lingwala à Kinshasa, n’ont pu apporter des preuves de l’implication de l’ancien député dans les violences qu’elles auraient subies. Selon des sources judiciaires, les déposants ont même tenu des propos contradictoires, laissant exhaler le parfum d’un complot ourdi contre un adversaire politique et sa formation politique.
«Dans les salons privés, tel un roi qui ne craint rien et se croit tout permis, le tireur de ficelles n’hésite pas de d’affirmer avoir mis la justice dans sa poche. Cette même justice dont la maladie a été diagnostiquée par le magistrat suprême en personne», charge un avocat de l’accusé, appelant le Président de la République, le ministre d’État en charge de la Justice et le président du Conseil supérieur de la magistrature à ouvrir l’œil dans ce dossier qui en rajoute à la crise qui mine la justice du pays.