Candidat déclaré à la présidentielle de décembre 2023, Moïse Katumbi mène la danse dans les sondages. Il a été plébiscité porte flambeau de l’opposition aux joutes électorales à venir par un sondage mené en ligne à l’initiative des «Jeunes patriotes congolais». Plus de 4.000 internautes ont répondu à la question «Quel candidat -parmi les acteurs de l’Opposition, NDLR- pourrait battre Félix Tshisekedi en 2023?». Leur réponse est sans équivoque: Moïse Katumbi. L’homme a recueilli 51,3% des suffrages exprimés.
Si, pour d’aucuns, le score réalisé par le leader d’Ensemble pour la République ne semble pas extraordinaire, bien que le seuil de la majorité absolue soit franchi, Katumbi peut se flatter du grand écart creusé avec son poursuivant direct: Dr. Dénis Mukwege. Le Prix Nobel de la paix s’est adjugé 20,4% des suffrages alors que sa présence sur ce sondage relève d’une pure spéculation des organisateurs. Ce médecin de Bukavu, célèbre pour son combat en faveur des femmes victimes des viols à l’Est de la RD-Congo à cause de l’insécurité criante qui règne dans cette zone, ne s’est jamais déclaré candidat à la présidentielle.
Dans l’opinion, on lui prête des intentions de candidater au vu de ses prises de position politique contre le régime de Félix Tshisekedi. Chose qu’il ne faisait pas ou presque il y a quelques années. Un récent communiqué conjoint que Dénis Mukwege a co-signé avec Martin Fayulu et Matata Ponyo, a poussé nombre de personnes à conclure sur l’entame de la carrière politique du médecin directeur général de l’hôpital de Panzi, au Sud-Kivu. Les deux autres signataires de ce communiqué conjoint, Fayulu et Matata, investis candidats président de la République par leurs formations politiques, ont respectivement glané 14,7% et 13,7% des votes.
Couper court aux rumeurs de nationalité étrangère par l’enrôlement
Les résultats de ce sondage en rajoutent à la dimension de «principal challenger» du Président Félix Tshisekedi à la présidentielle programmée par la Centrale électorale le 20 décembre 2023. De quoi donner des insomnies à certains acteurs politiques de la mouvance présidentielle qui, faute d’arguments convaincants, se livrent à la production et à la diffusion des propos séparatistes et d’incitation à la haine raciale, susceptibles d’embraser le pays. Ces propos, tenus entre autres par des ministres nationaux, ont vivement été condamnés de partout et ont visé Moïse Katumbi, à qui on nie de détenir la nationalité RD-congolaise. On lui attribue tantôt la nationalité zambienne, tantôt italienne. Des allégations rejetées en bloc par les Katumbistes. «Moïse Katumbi n’a jamais perdu la nationalité congolaise… Il n’a jamais acquis une autre nationalité… Il est né en RD-Congo, il a grandi ici, il était député national, provincial et gouverneur par une élection», avait déclaré en décembre dernier Francis Kalombo, son porte-parole adjoint, alors que certains partisans du Président Félix Tshiskedi ont, à la suite de l’annonce de la candidature du chairman d’Ensemble à la présidentielle, entrepris de remettre en cause sa nationalité. «En 2018, il a été écarté de la manière que nous connaissons. Personne n’a remis en cause sa nationalité à l’époque mais on l’a empêché d’entrer au pays… On l’a forcé à l’exil pour qu’il ne participe pas aux élections…», rappelait en mi-janvier 2023 Dieudonné Bolengetenge, secrétaire général d’Ensemble pour la République, lors d’un échange avec la presse. Et de brandir: «la Loi sur la nationalité stipule que la nationalité RD-congolaise est reconnue à l’enfant dont l’un des parents est RD-Congolais. Tout le monde sait que le président Moïse Katumbi Chapwe est né d’une mère RD-congolaise. Sa famille est connue, son village est connu. Les autres éléments sont dans les archives des écoles des missionnaires». A cette polémique incessante, fondée sur des rumeurs de la rue, Moïse Katumbi entend réserver la plus belle des réponses qui soient. Il va se faire enrôler ce jeudi 26 janvier 2023 à la Ruashi à Lubumbashi. La Loi reconnait aux seuls RD-Congolais le droit de s’enrôler. En remplissant ce devoir citoyen, l’ancien gouverneur de l’ex-Katanga va donc, depuis son fief de Lubumbashi, couper court aux rumeurs sur sa prétendue étrangère -du reste jamais précise- et s’offrir la carte d’électeur, clé pour pouvoir s’aligner sur le starting-block aux côtés des autres candidats déclarés.
LOI