
Moïse Katumbi a été officiellement investi candidat d’Ensemble pour la République à la présidentielle de 2023, à l’issue de la session extraordinaire de la Convention de son parti politique tenue du 19 au 22 décembre à Lubumbashi. Cette investiture obtenue après le désistement de cinq autres challengers dont l’avocat Laurent Onyemba -qui a salué la pratique de la démocratie au sein du groupe- intervient après plusieurs mois de signaux pour y habituer les compatriotes de la République démocratique du Congo. Entre décembre 2018, l’année où il a suivi la présidentielle depuis son exil entamé en 2015, et décembre 2022, l’attente a été longue. Mais l’heure est enfin arrivée.
Dans un discours prononcé devant des chefs et délégués des partis amis, publiés par plusieurs médias et titres de presse, le candidat d’Ensemble pour la République est allé droit au but: «Avec moi, un autre Congo est possible». Il a dévoilé un ambitieux programme anti-insécurité et anti-pauvreté, promettant de bâtir une armée forte, bien équipée et bien encadrée, gage d’une diplomatie forte et des rapports inspirant respect chez les voisins, prenant l’engagement de reconstruire les infrastructures sociales ainsi que routières et de relancer le tissus socio-économique. Faisant de la réforme de l’armée un des axes prioritaires de son programme, Katumbi a asséné: «Il faut éviter de sous-traiter l’intégrité, la défense et la sécurité de notre pays par des armées étrangères».
Recette pour éradiquer la pauvreté
Après l’insécurité, la deuxième grande préoccupation de l’ancien gouverneur de l’ancien Katanga, c’est la pauvreté. «Toutes nos forces, toutes nos intelligences, toutes nos ressources, nous devons les mobiliser pour chasser la pauvreté de notre pays. Je n’ai pas besoin de vous parler de pauvreté, nous la vivons chaque jour. Elle est dans la maman bloquée dans une maternité faute d’avoir payé ses frais d’accouchement. Elle est dans l’enfant chassé de l’école faute de moyens», a-t-il compté au milieu des champs de ses partisans.

Puis: «Elle est dans le désarroi de notre jeunesse qui malgré tous les sacrifices pour obtenir un diplôme se retrouve sans emploi. Elle est dans la confiscation de la toute petite épargne que RAM extorque même aux plus démunis d’entre nous. Elle est dans l’impuissance de ces papas impayés qui voient leurs enfants s’endormir sans manger. Elle est dans les pleurs des orphelins de ces mamans électrocutées en plein marché. Elle est dans la détresse des familles victimes des inondations à répétition. Elle est dans l’immense détresse des veuves et des orphelins de nos militaires qui ne sont pas ramenés auprès de leurs familles. Elle est dans l’impuissance des gens démunis pour enterrer leur mort».
Puis de jurer: «Ça suffit! Tolembi! Tunachoka! Kwajiki! Yo me lunga! Il faut en finir avec cette tragédie! La seule guerre qu’il faille livrer est celle contre la pauvreté et la misère. Ces deux maux constituent un terreau fertile sur lequel prospèrent le recrutement des jeunes au sein des milices ainsi que les kulunas».
La réponse pour éradiquer la pauvreté réside dans la reconstruction des infrastructures sociales et routières, la création des emplois, la relance de l’économie et la lutte contre la corruption, a assuré l’homme d’affaires et président du TP Mazembe, cinq étoiles supplémentaires au palmarès depuis qu’il en a pris les commandes, expliquant comment il est capable de passer de cette réussite privée à un succès collectif, revenant sur son bilan de gouverneur marqué entre autres par la scolarisation de 800.000 enfants dont 47% des filles.
«Je mettrai fin à l’enrichissement illicite et sans cause d’une petite poignée de compatriotes indignes qui exploitent l’État au moment où la population vit elle dans la misère et le désespoir», a-t-il promis, invitant à l’unisson tous les RD-Congolais qui croient au vrai changement. «À tous ceux qui croient au vrai changement, je leur dis: «Unissons nos forces».
L’occasion d’appeler toute l’Opposition ainsi que toutes les filles et tous les fils du pays à se rassembler pour l’intérêt du peuple, surtout que la Convention lui a donné mandat de tisser des alliances avec tous les partenaires engagés pour le renouveau.
Appel à la vigilance contre la fraude électorale
Engagé dans un combat qu’il veut démocratique, Katumbi a réaffirmé son engagement pour la paix, la dignité et l’unité nationale. Sa candidature comme président de la République, a-t-il précisé, c’est aussi pour le rétablissement de la légitimité, de la valeur du travail et du respect de la souveraineté du peuple par les urnes.
«Un peuple souverain produit des dirigeants légitimes. Des dirigeants légitimes bâtissent un grand État. Un Grand État fait la fierté de ses citoyens et inspire le respect de ses voisins», a-t-il expliqué. Le candidat d’Ensemble pour la République a dit tenir aux élections qui devront être libres, démocratiques, inclusives et transparentes. Tout en lui exigeant de respecter le délai fixé par la Constitution, il a adressé un message clair à la CENI.

«Nous ne donnons pas un chèque en blanc à la CENI et à son président», a-t-il lancé, non sans menacer ceux qui voudraient truquer les élections. «Si certains veulent organiser la fraude, ils nous trouveront sur leur chemin. C’est pourquoi je demande à tous les Congolais de se mobiliser d’abord pour aller s’enrôler et, ensuite, voter, faire le bon choix, le jour des élections, rester maîtres de leurs bulletins de vote. Plus personne ne doit truquer impunément une élection en RD-Congo», a tapé Katumbi.
Et pour éviter la fraude, il a demandé à tous ceux qui iront voter en décembre 2023 de rester devant les bureaux de vote, d’assister au dépouillement des suffrages et à l’affichage des résultats devant ces bureaux. «S’il faut y passer toute la nuit, nous passerons toute la nuit. Il a le sentiment que ce ‘’sacrifice minime est le prix à payer si nous voulons sauver notre pays et notre démocratie’’».
AKM
DK