Fissure au sein de l’Union sacrée de la nation -USN-, famille politique du Président de la République Félix Tshisekedi. La sénatrice Bijoux Goya a claqué la porte tout en exprimant son ras-le-bol et en lâchant ses 4 vérités qui éclaboussent l’USN. «D’aucuns croyaient qu’après la rupture de la coalition FCC-CACH ainsi que la mise en place de l’Union sacrée de la nation, la situation du pays allait sortir de l’ornière. Bien au contraire, elle évolue de mal en pis et je me demande si la démarche entreprise pour créer la fameuse Union sacrée de la nation visait vraisemblablement la refondation de l’action gouvernementale autour des principes de participation à la gestion du pays ou le basculement de la majorité au Parlement pour instaurer, par la suite, une dictature au pays», a lâché Bijoux Goya dans sa déclaration rendue le samedi 28 janvier 2023 et par laquelle elle a annoncé son départ de la famille politique de Tshisekedi pour «s’inscrire désormais sur la liste des sénateurs non-inscrits».
Dans cette déclaration, cette sénatrice élue du Haut-Katanga a étalé une liste des espoirs déçus du régime tshisekediste. Notamment, l’instrumentalisation de la justice et les détournements à répétition des deniers publics, l’imposition illégale et momentanée de la taxe du RAM au détriment de la population, l’affairisme, le clientélisme et l’amateurisme au sommet de l’Etat, la signature des accords internationaux non soumis à la ratification sans en informer le Parlement considéré comme une caisse de résonnance. La sénatrice a aussi épinglé l’occupation d’une partie de l’Est du pays -par les rebelles du M23- et la recrudescence de l’insécurité dans cette partie du territoire malgré l’état de siège, la partialité dans la nomination des hauts magistrats, des mandataires publics et la désignation des membres de la CENI, la réforme subjective de la loi électorale, les violations des droits de l’Homme et l’accroissement du tribalisme dans le pays, le dépassement budgétaire pour des intérêts égoïstes.
Toutes ces «déceptions», selon Bijoux Goya, poussent à conclure que «la plupart des erreurs décriées par le passé sont commises aujourd’hui sans vergogne et sont devenues comme un mode de gestion de la Res publica». Elle est convaincue que la gestion du régime Tshisekedi est «sombre et chaotique».
Ce régime, a-t-elle affirmé, a «suffisamment démontré ses limites et son incapacité à relever les défis tant attendus par la population en dépit de tous les efforts fournis par le gouvernement pour redresser la situation socio-économique du pays». Suffisant, voire assez, pour cette élue des élus afin de «retirer mon soutien au Président de la République» pour voler de ses propres ailes politiquement.
Dans sa déclaration, Bijoux Goya a rappelé le soutien témoigné au candidat Félix Tshisekedi dans l’espoir qu’il allait impulser l’érection d’un État de droit et une nation puissante et prospère, basée sur une véritable démocratie politique, économique, sociale et culturelle. «C’est dans cette perspective que j’avais décidé de soutenir la candidature de Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo à la magistrature suprême avant les élections de décembre 2018. A son ascension au pouvoir, le peuple RD-congolais vivait pour sa première fois l’alternance pacifique et démocratique du pouvoir, aspiration d’un réel changement pour l’avenir du pays», a-t-elle relevé.
Et d’ajouter: «en mars 2019, réélue sénatrice dans la province du Haut-Katanga, je faisais partie du noyau de 13 sénateurs qui, dès le début de la législature et bien avant-même les consultations nationales d’octobre et novembre 2020, avait réitéré l’engagement de soutenir et d’accompagner, contre vents et marées, le nouveau Président de la République dans sa vision caractérisée par des objectifs bien précis de son programme d’action durant l’exercice de son mandat au sommet de l’Etat».
Face à l’évidence des «échecs» qui caractérisent tous les objectifs du quinquennat de Tshisekedi, Goya a estimé que la voie de la raison a été de quitter la famille politique du Chef de l’État en cette année très décisive et au cours de laquelle les RD-Congolais seront appelés à se choisir leur nouveau Président de la République.
Ya KAKESA